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HISTOIRE DE LA SPOLIATION DES COLLECTIONS D'ART PAR LES NAZIS par Adrian Darmon

Cet article se compose de 24 pages.
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Le 17 décembre, les Allemands proposèrent d'établir un courant d'échanges entre les musées allemands et français. L'opération, soutenue par Goering, visait en fait à l'appropriation de quelques chefs-d'œuvre français. Mais faute d'accord final avec les musées allemands, les échanges ne furent jamais reconnus officiellement par les autorités françaises. Par ailleurs, le 5 janvier 1943, les Alliés signèrent à Londres une déclaration solennelle établissant comme nuls et sans effets tous les transferts de propriété effectués en territoires contrôlés par l'ennemi.

Le 7 janvier, suite à la préparation des négociations officielles sur les échanges d'œuvres d'art avec les Musées nationaux, au cours de laquelle Goering obtint le soutien de Laval, le secrétaire général des Beaux-Arts fit connaître la première liste d'œuvres d'art demandées par les dirigeants allemands. La liste fut ensuite réduite à dix œuvres, parmi lesquelles l'Antependium de Bâle et la Madeleine (dite la "Belle Allemande") de Gregor Erhardt, une statuette en bois du XVe siècle. Les autorités françaises acceptèrent en principe les échanges, sauf pour le chef-d'œuvre de Bâle.

En mars eut lieu l'évacuation des collections des musées du littoral méditerranéen et de la vallée du Rhône vers les dépôts de Laval, Javon, La Bastie d'Urfé, Saint-Guilhem et Saint-Félix. Le 15 mars, après la mort de Hans Posse, Hitler nomma Hermann Voss, directeur du musée de Wiesbaben, à la direction du projet de Linz.

Le 2 avril, une note du ministère de l'Education nationale sur l'échange d'œuvres d'art entre les collections nationales françaises et allemandes souligna que les deux pays ne traitaient pas sur un pied d'égalité et que, par conséquent, il était impossible de négocier sur des œuvres de l'importance de l'Antependium de Bâle.

Le 6 avril, Henry Schloss et son épouse furent enlevés par des agents marseillais du Commissariat général aux Questions juives. L'action était commandée par Laval, afin que de localiser la collection de la famille. Deux jours après, Lucien Schloss était arrêté par la police allemande. La collection, constituée d'environ trois cent trente tableaux de maîtres hollandais du XVIIe siècle, était cachée dans un dépôt de la banque Jordaan, au château de Chambon en zone sud. L'intérêt de Hitler et de Goering pour ces œuvres avait poussé Laval à envisager leur vente au profit des caisses de Vichy. L'affaire fut confiée à Darquier de Pellepoix. 


Ce fut avec l'aide du marchand Jean-François Lefranc, indicateur des Allemands, et dit-on sur les indications d'un galeriste juif qui cherchait à protéger ses intérêts parisiens vis-à-vis des Allemands, que la collection de la famille Schloss fut retrouvée plus tard.

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