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HISTOIRE DE LA SPOLIATION DES COLLECTIONS D'ART PAR LES NAZIS par Adrian Darmon

Cet article se compose de 24 pages.
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Le 11 août, suite à la demande des directeurs des Domaines et des Musées nationaux, l'amiral Darlan adressa une lettre, hors des circuits diplomatiques habituels, au commandant militaire en pays occupé, le général von Stulpnagel, pour faire cesser la prévarication des biens juifs. Ces demandes semblèrent faites plus pour se donner bonne conscience qu'autre chose.

Durant la deuxième quinzaine d'août, les saisies de collections juives confiées au Musées nationaux se poursuivirent. Les collections Kapferer, Erlanger, Raymond Hesse, Simon Lévy, Léonce Bernheim furent notamment enlevées du château de Brissac.Le 20 août, une deuxième rafle des Juifs étrangers eut lieu à Paris qui se solda par quatre mille arrestations.

Le 5 septembre, l'exposition «Le Juif et la France» s'ouvrit au Palais Berlitz à Paris avec le plein consentement des autorités de Vichy. Elle accueillit des milliers de visiteurs qui se laissèrent pour la plupart abuser par la vile propagande orchestrée par les nazis au sujet des Juifs et eut pour effet de préparer le terrain pour des rafles plus conséquentes.

Le 3 novembre, les Allemands affichèrent enfin leur position concernant la saisie des collections juives dans un texte adressé par l'adjoint de Rosenberg, Gerhardt Utikal, au général Reinecke, chef du service de l'Administration générale de l'Armée à Berlin. Selon ce texte, les Allemands, en conquérant la France, l'avaient libérée de l'influence de la "juiverie internationale". L'armistice avec le peuple français n'était pas valable pour les Juifs, considérés comme ennemis du Reich.

Et puisqu'en France, la plupart des Juifs étaient à l'origine venus d'Allemagne, il fallait considérer la "sauvegarde" de leurs oeuvres comme "une faible indemnité" pour les sacrifices consentis par le Reich dans la lutte contre "la juiverie" dont bénéficiait l'Europe. Cela signifiait entre les lignes que les Allemands entendaient éradiquer toute présence juive en France et ailleurs et que le sort de la communauté juive, forte de plus de 200 000 âmes, était scellé.

Dans un mémorandum adressé le 18 décembre 1941 à Hitler, Alfred Rosenberg demanda au Führer son approbation pour la saisie, dans les territoires occupés, de tout le mobilier appartenant à des Juifs émigrés ou en train d'émigrer, afin de fournir en mobilier l'administration de l'Est. Hitler accepta la proposition et confia à Rosenberg les pleins pouvoirs pour cette action. Cela signifiait encore que les Juifs français, dépouillés de tous leurs biens, allaient être privés des moyens normaux d'existence pour être pratiquement jetés à la rue et livrés en pâture aux nazis.

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