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Rien ne dit que Monet n'en eut pas marre de peindre tant et tant de nymphéas ….
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RESTITUTION PAR LA FRANCE D'ŒUVRES SPOLIEES PAR LES NAZIS
20 Mars 2013 Catégorie : News
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Cet article se compose de 7 pages.
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Entre-temps, contexte international a aussi continué d'évoluer. A la suite de la Conférence de Washington de 1998, 46 pays s'étaient réunis pour faire un point de la situation en juin 2009, dans le cadre d'une nouvelle conférence internationale organisée à Prague où fut adoptée la Déclaration de Terezin constituant un engagement moral, pris par ces Etats, dont la France, sur un certain nombre de bonnes pratiques, destinées notamment à poursuivre le processus de réparation des spoliations subies par les Juifs pendant le régime nazi. La Commission européenne et le gouvernement de la République tchèque avaient alors signé un mémorandum prévoyant la création d'un Institut à Terezin (« Shoah Legacy Institute ») ayant pour mission de pérenniser les travaux de cette Conférence et surtout de suivre les progrès attendus dans les différents pays en application des bonnes pratiques adoptées à Prague. Cet état des lieux établi au plan international en 2009 avait coïncidé avec un accès plus large à des fonds d'archives et à un meilleur repérage de ceux d'entre eux susceptibles d'apporter des éléments nouveaux en cette matière. C'est dans ce contexte que la France a décidé de développer ses efforts dans une nouvelle perspective. En complément du traitement des demandes de restitution reçues par l'administration, le Ministère de la culture et de la communication (MCC), le Ministère des affaires étrangères (MAE) et la Commission d'indemnisation des victimes de spoliations (CIVS) viennent de lancer un travail de recherche de la provenance d'environ 160 œuvres « MNR » considérées par la Mission Mattéoli comme ayant été spoliées de façon certaine ou quasi certaine. La restitution des MNR depuis 1951 Depuis 1951, date de la mise en dépôt des MNR dans les musées de France, le rythme des restitutions varie, en écho avec la façon dont, selon les périodes, est considéré le dossier des biens spoliés pendant la seconde guerre mondiale. De 1951 à 1955, 25 MNR furent restitués, ce qui représenta un nombre plutôt faible . Il s'agissait en réalité de la poursuite des opérations de restitutions liées à l'immédiate après-guerre en dépit de la fin d'activité des institutions qui en étaient chargées. De 1957 à 1979, seulement 4 MNR furent restitués, suggérant que le problème des restitutions d'œuvres d'art appartenait au passé alors qu'aucune restitution ne fut réalisée.entre 1979 et 1994. En 1994, la chute du mur de Berlin et la réunification de l'Allemagne marquèrent la réouverture du dossier avec notamment la remise par la République fédérale d'Allemagne à la France de 28 œuvres découvertes à Magdebourg, spoliées ou vendues sous la contrainte pendant la guerre. Sur cet ensemble, 6 toiles purent être restituées rapidement sans avoir été inscrites sur les inventaires des MNR. Les peintures qui ne purent pas être restituées à ce moment furent mises en dépôt dans les musées de France et inscrites parmi les MNR. De 1996 à 2000, ce ne furent pas moins de 33 MNR qui furent restitués. A ce moment là, les archives publiques devinrent consultables parallèlement, la conscience internationale et française conduisit à une réévaluation du dossier des réparations, matérielles et morales, avec le travail de la Commission Matteoli et l'instauration de la CIVS. De 2003 à 2006, cette période intense de réparations se poursuivit. Cependant, même si pour les MNR, il devint de plus en plus difficile de trouver des éléments de provenance susceptibles d'aboutir à des restitutions, 9 MNR furent restitués. De 2008 à aujourd'hui, le processus de restitutions a repris avec le recouvrement de 2 MNR et aujourd'hui, ce ne sont pas moins de 7 MNR qui ont été remis ; les bénéficiaires étant des ayants droit de personnes étrangères, originaires d'Europe centrale qui, ayant fui leurs pays après les annexions de territoires par le régime nazi, s'étaient réfugiées en France pendant la guerre. Sur ces 9 MNR restitués, deux d'entre eux sont des œuvres qui furent envoyées par erreur en France après la guerre. D'autres revendications concernant des MNR sont en cours d'étude au Service des musées de France et tout laisse penser que certaines d'entre elles seront satisfaites, sans doute dans le courant de 2013. La base internet sur les MNR : le site internet Rose-Valland En 1996, un premier répertoire des 2 000 MNR était diffusé à la presse. Transformé en véritable catalogue avec une notice illustrée pour chaque œuvre, il fut mis en ligne en janvier 1997. Cette base fit l'objet en six mois de plus de 20 000 interrogations, chiffre considérable à une époque où les internautes étaient encore peu nombreux. A partir de 2008,le site Internet a été complètement refondu et enrichi d'un environnement documentaire. Il a été rebaptisé « site Rose-Valland » afin de rendre hommage à cette attachée de conservation affectée, pendant l'Occupation à la galerie du Jeu de Paume (véritable gare de triage des œuvres spoliées avant leur départ en Allemagne), dont les notes qu'elle a prises en cachette des nazis ont permis de nombreuses restitutions après la guerre. Elle devait poursuivre son travail après la guerre en fournissant des informations aux Alliés sur les endroits possibles utilisés par les nazis pour cacher leur butin et surtout en participant, au sein des institutions de restitutions, activement à la recherche de provenance des œuvres spoliées. Son rôle avait déjà été souligné par le ministère de la culture et de la communication le 27 avril 2005, par la mise en place d'une plaque commémorative sur la façade du Jeu de Paume, rappelant son rôle pendant la guerre et après le conflit. Outre le répertoire complet des MNR, le site Rose-Valland offre des aperçus historiques sur les spoliations et les restitutions, les travaux de la commission Matteoli et le rapport général avec ses annexes publiés en 2000, une sélection de textes juridiques qui fondent le droit français sur ce thème, la procédure détaillée pour l'établissement d'une demande de restitution de MNR, le Répertoire des biens spoliés, importante publication en 8 tomes réalisée en 1947-1949 par le Bureau central des Restitutions. Destiné à faire connaître les réclamations présentées par les particuliers, il constitue un corpus d'œuvres revendiquées, restituées ou non, essentiel pour la recherche d'œuvres disparues et l'identification de leurs propriétaires, un ensemble de 14 négatifs anciens, pris par les nazis eux-mêmes au Jeu de Paume, qui a été numérisé et, pour la première fois, étudié systématiquement afin d'identifier les œuvres spoliées qui sont visibles. Cette documentation mise en ligne a vocation à s'enrichir de nouveaux documents d'archives inédits ou de publications anciennes aujourd'hui introuvables. Le site Rose-Valland constitue désormais un véritable site de référence et un outil de travail essentiel, salué par les partenaires étrangers. www.culture.gouv.fr/documentation/mnr/MnR-accueil.htm
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Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, a remis officiellement le 19 mars 2013 sept tableaux aux ayants-droit de deux familles spoliée durant la Deuxième Guerre mondiale lesquels avaient été depuis conservés par l'Etat et répertoriées « MNR » (Musées Nationaux Récupération) en l'absence de propriétaires identifiés. Ce sont six tableaux du XVIIIe siècle qui ont été restitués aux ayants droit du collectionneur viennois Richard Neumann et un du XVIIe aux héritiers du Praguois Josef Wiener. Ceux-ci faisaient partie des quelque 2 000 œuvres d'art récupérées par l'Etat après la guerre dans l'attente de l'identification de leurs propriétaires mais l'Etat n'avait jusque là pas fait preuve d'une extrême diligence dans cette affaire. La France avait récupéré à la fin de la Seconde Guerre Mondiale quelque 60 000 œuvres et objets d'art pillées par les nazis et envoyées en Allemagne, dont 45 000 furent restituées à leurs propriétaires avant 1950 alors qu'une bonne partie d'entre elles fut vendue par les Domaines. 2000 œuvres jugées importantes furent alors confiées à la garde des musées français sous le signe MNR. Il a fallu attendre jusqu'au 16 janvier 2013 pour qu'un rapport présenté par la sénatrice Corinne Bouchoux soit adopté par la commission de la culture du Sénat pour souligner le besoin de mettre en pratique une politique résolue de recherche des propriétaires spoliés. A la suite de quoi, Aurélie Filipetti a demandé à ses services et aux musées d'entreprendre une action déterminée pour retrouver ces derniers sans attendre de demandes formelles de la part de leurs ayants-droit. Des recherches ont donc d'abord été entamées au sujet de 163 oeuvres d'art MNR pour retrouver leurs propriétaires dans le but d'établir un rapport complet d'ici l'an prochain. En attendant, les demandes de restitution pourront intervenir par une saisine directe du service des musées de France concernant les MNR ou dans le cadre d'une requête présentée auprès de la Commission d'indemnisation des victimes de spoliation (CIVS). Le ministère de la Culture a d'autre part indiqué qu'au plan international, le processus de restitution des œuvres spoliées s'était accéléré progressivement dans les années 1990 avec la chute du mur de Berlin et les politiques de volontaristes de certains pays comme l'Allemagne, le Royaume-Uni ou les Etats-Unis et que cette nouvelle impulsion avait été confirmée en 1998 lors d'une rencontre internationale sur les avoirs juifs durant la période de l'holocauste, à savoir la Conférence de Washington à laquelle la France avait participé.
En France, la mobilisation a considérablement évolué depuis le milieu des années 1990 ainsi qu'en témoignent les actions menées à un rythme soutenu durant cette période avec notamment la mise en ligne du répertoire des MNR en 1996. En 1997, on a constaté un nouveau tournant avec des expositions thématiques sur les MNR conservés par les grands musées nationaux abritant des MNR, tels que le musée du Louvre, le Musée national d'art moderne au Centre d'art et de culture-Georges-Pompidou, le château de Versailles et certains musée territoriaux. A l'occasion de l'exposition A qui appartenaient ces tableaux ? qui a eu lieu en 2008 au musée d'Israël à Jérusalem avant d'être présentée à Paris, au musée d'art et d'histoire du Judaïsme, la France avait demandé à Israël de prendre une loi d'insaisissabilité sur les MNR exposés tandis que la même année, Alain Juppé, alors Premier Ministre, avait décidé de mettre en place une mission d'étude sur la spoliation des Juifs de France et d'en confier la présidence à Jean Mattéoli, ancien résistant et président du Conseil économique et social.0 La mission (dite Mission Mattéoli) était chargée d'étudier comment les biens mobiliers et immobiliers des Juifs de France avaient été saisis tant par l'occupant que par les autorités de Vichy entre 1940 et 1944, d'évaluer l'ampleur de la spoliation ainsi opérée, de localiser ces biens en identifiant leur statut juridique. En 1999, avait été créée la Commission d'indemnisation des victimes de spoliations intervenues du fait des législations antisémites en vigueur pendant l'Occupation (CIVS). Au printemps 2000, la Mission Mattéoli avait publié le résultat de ses travaux en 10 volumes dont un Rapport général, un recueil de textes officiels, un guide de recherches dans les archives et sept rapports sectoriels (spoliation financière, aryanisation économique, pillage des appartements, SACEM et droits d'auteurs, biens des internés, spoliation dans les camps de province et la situation des 2 000 œuvres confiées aux musées nationaux) avant la publication en 2004 d'un catalogue sur support papier des quelque 1 000 peintures anciennes MNR reprenant en grand partie les informations fournies par le répertoire en ligne et l'organisation quatre ans plus tard au Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme à Paris et au Musée d'Israël à Jérusalem de l'exposition. « A qui appartenaient ces tableaux ? La politique française de recherche de provenance, de garde et de restitution des œuvres d'art pillées durant le Seconde guerre mondiale »
Entre-temps, contexte international a aussi continué d'évoluer. A la suite de la Conférence de Washington de 1998, 46 pays s'étaient réunis pour faire un point de la situation en juin 2009, dans le cadre d'une nouvelle conférence internationale organisée à Prague où fut adoptée la Déclaration de Terezin constituant un engagement moral, pris par ces Etats, dont la France, sur un certain nombre de bonnes pratiques, destinées notamment à poursuivre le processus de réparation des spoliations subies par les Juifs pendant le régime nazi. La Commission européenne et le gouvernement de la République tchèque avaient alors signé un mémorandum prévoyant la création d'un Institut à Terezin (« Shoah Legacy Institute ») ayant pour mission de pérenniser les travaux de cette Conférence et surtout de suivre les progrès attendus dans les différents pays en application des bonnes pratiques adoptées à Prague. Cet état des lieux établi au plan international en 2009 avait coïncidé avec un accès plus large à des fonds d'archives et à un meilleur repérage de ceux d'entre eux susceptibles d'apporter des éléments nouveaux en cette matière. C'est dans ce contexte que la France a décidé de développer ses efforts dans une nouvelle perspective. En complément du traitement des demandes de restitution reçues par l'administration, le Ministère de la culture et de la communication (MCC), le Ministère des affaires étrangères (MAE) et la Commission d'indemnisation des victimes de spoliations (CIVS) viennent de lancer un travail de recherche de la provenance d'environ 160 œuvres « MNR » considérées par la Mission Mattéoli comme ayant été spoliées de façon certaine ou quasi certaine. La restitution des MNR depuis 1951 Depuis 1951, date de la mise en dépôt des MNR dans les musées de France, le rythme des restitutions varie, en écho avec la façon dont, selon les périodes, est considéré le dossier des biens spoliés pendant la seconde guerre mondiale. De 1951 à 1955, 25 MNR furent restitués, ce qui représenta un nombre plutôt faible . Il s'agissait en réalité de la poursuite des opérations de restitutions liées à l'immédiate après-guerre en dépit de la fin d'activité des institutions qui en étaient chargées. De 1957 à 1979, seulement 4 MNR furent restitués, suggérant que le problème des restitutions d'œuvres d'art appartenait au passé alors qu'aucune restitution ne fut réalisée.entre 1979 et 1994. En 1994, la chute du mur de Berlin et la réunification de l'Allemagne marquèrent la réouverture du dossier avec notamment la remise par la République fédérale d'Allemagne à la France de 28 œuvres découvertes à Magdebourg, spoliées ou vendues sous la contrainte pendant la guerre. Sur cet ensemble, 6 toiles purent être restituées rapidement sans avoir été inscrites sur les inventaires des MNR. Les peintures qui ne purent pas être restituées à ce moment furent mises en dépôt dans les musées de France et inscrites parmi les MNR. De 1996 à 2000, ce ne furent pas moins de 33 MNR qui furent restitués. A ce moment là, les archives publiques devinrent consultables parallèlement, la conscience internationale et française conduisit à une réévaluation du dossier des réparations, matérielles et morales, avec le travail de la Commission Matteoli et l'instauration de la CIVS. De 2003 à 2006, cette période intense de réparations se poursuivit. Cependant, même si pour les MNR, il devint de plus en plus difficile de trouver des éléments de provenance susceptibles d'aboutir à des restitutions, 9 MNR furent restitués. De 2008 à aujourd'hui, le processus de restitutions a repris avec le recouvrement de 2 MNR et aujourd'hui, ce ne sont pas moins de 7 MNR qui ont été remis ; les bénéficiaires étant des ayants droit de personnes étrangères, originaires d'Europe centrale qui, ayant fui leurs pays après les annexions de territoires par le régime nazi, s'étaient réfugiées en France pendant la guerre. Sur ces 9 MNR restitués, deux d'entre eux sont des œuvres qui furent envoyées par erreur en France après la guerre. D'autres revendications concernant des MNR sont en cours d'étude au Service des musées de France et tout laisse penser que certaines d'entre elles seront satisfaites, sans doute dans le courant de 2013. La base internet sur les MNR : le site internet Rose-Valland En 1996, un premier répertoire des 2 000 MNR était diffusé à la presse. Transformé en véritable catalogue avec une notice illustrée pour chaque œuvre, il fut mis en ligne en janvier 1997. Cette base fit l'objet en six mois de plus de 20 000 interrogations, chiffre considérable à une époque où les internautes étaient encore peu nombreux. A partir de 2008,le site Internet a été complètement refondu et enrichi d'un environnement documentaire. Il a été rebaptisé « site Rose-Valland » afin de rendre hommage à cette attachée de conservation affectée, pendant l'Occupation à la galerie du Jeu de Paume (véritable gare de triage des œuvres spoliées avant leur départ en Allemagne), dont les notes qu'elle a prises en cachette des nazis ont permis de nombreuses restitutions après la guerre. Elle devait poursuivre son travail après la guerre en fournissant des informations aux Alliés sur les endroits possibles utilisés par les nazis pour cacher leur butin et surtout en participant, au sein des institutions de restitutions, activement à la recherche de provenance des œuvres spoliées. Son rôle avait déjà été souligné par le ministère de la culture et de la communication le 27 avril 2005, par la mise en place d'une plaque commémorative sur la façade du Jeu de Paume, rappelant son rôle pendant la guerre et après le conflit. Outre le répertoire complet des MNR, le site Rose-Valland offre des aperçus historiques sur les spoliations et les restitutions, les travaux de la commission Matteoli et le rapport général avec ses annexes publiés en 2000, une sélection de textes juridiques qui fondent le droit français sur ce thème, la procédure détaillée pour l'établissement d'une demande de restitution de MNR, le Répertoire des biens spoliés, importante publication en 8 tomes réalisée en 1947-1949 par le Bureau central des Restitutions. Destiné à faire connaître les réclamations présentées par les particuliers, il constitue un corpus d'œuvres revendiquées, restituées ou non, essentiel pour la recherche d'œuvres disparues et l'identification de leurs propriétaires, un ensemble de 14 négatifs anciens, pris par les nazis eux-mêmes au Jeu de Paume, qui a été numérisé et, pour la première fois, étudié systématiquement afin d'identifier les œuvres spoliées qui sont visibles. Cette documentation mise en ligne a vocation à s'enrichir de nouveaux documents d'archives inédits ou de publications anciennes aujourd'hui introuvables. Le site Rose-Valland constitue désormais un véritable site de référence et un outil de travail essentiel, salué par les partenaires étrangers. www.culture.gouv.fr/documentation/mnr/MnR-accueil.htm
La Commission pour l'indemnisation des victimes de spoliations La Commission pour l'indemnisation des victimes de spoliations intervenues du fait des législations antisémites en vigueur pendant l'Occupation (CIVS), pour reprendre son appellation complète officielle, a été créée par décret du 10 septembre 1999 :« Il est institué auprès du Premier ministre une commission chargée d'examiner les demandes individuelles présentées par les victimes ou par leurs ayants droit pour la réparation des préjudices consécutifs aux spoliations de biens intervenues du fait des législations antisémites prises, pendant l'Occupation, tant par l'occupant que par les autorités de Vichy. La commission est chargée de rechercher et de proposer les mesures de réparation, de restitution ou d'indemnisation appropriées. » (article 1 ) Ces mesures s'appliquent dès lors que les spoliations d'ordre matériel, bancaire ou artistique sont invoquées par les victimes. La CIVS est une institution qui se distingue par plusieurs caractéristiques la durée de son activité n'est pas fixée, la part du budget de l'État consacrée aux indemnisations n'est pas plafonnée, les descendants des victimes de spoliation peuvent déposer leurs requêtes sans limitation du degré de parenté et, enfin, l'examen des dossiers s'effectue au cas par cas. L'instruction des dossiers est confiée aux rapporteurs, magistrats issus de l'ordre judiciaire et des juridictions administratives. Leur tâche consiste à rédiger un rapport qui présente la synthèse du dossier, à chiffrer les spoliations qui doivent être indemnisées et à définir la répartition de l'indemnisation. Une fois instruit, le dossier est présenté au Collège délibérant composé de dix membres , deux magistrats du siège de la Cour de Cassation, dont le Président de la Commission, deux conseillers d'État, deux conseillers maîtres à la Cour des Comptes, deux professeurs d'université et deux personnalités qualifiées – ou à une formation restreinte composée de trois membres du Collège. Le Président de la CIVS peut également statuer seul. Le secrétaire de séance rédige les recommandations. Ce document reconnaît aux requérants et aux différents ayants droit le statut de victimes ou d'ayants droit de victimes de spoliations, le principe du droit à l'indemnisation et indique le montant de celle-ci. Toutefois, la décision exécutoire appartient au Premier ministre. Depuis le début de ses travaux en 2000 jusqu'au 31 janvier 2013, la Commission a traité 28229 dossiers relatifs à des spoliations matérielles et bancaires, l'indemnisation de ces dernières relevant de l'Accord de Washington (décret du 30 mars 2001). Le montant global des indemnisations matérielles et bancaires s'élève à 481 000 000 s dont 50 000 000 s pour les seules spoliations bancaires. Président, M. Michel Jeannoutot. Contact 1, rue de la Manutention, 75116 Paris Tel. 01 56 52 85 62 / Fax. 01 56 52 85 73 www.civs.gouv.fr
1.5 Le groupe de travail sur les MNR réputés spoliés (2013-2014) Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, a décidé la création d'un groupe de travail chargé de rechercher la provenance d'environ 160 œuvres « MNR » considérées comme ayant été spoliées de façon certaine ou quasi certaine. Cette initiative, conçue depuis plusieurs mois, rejoint ainsi les recommandations de la mission d'information de la Commission de la culture, de l'éducation et de la communication du Sénat dans le rapport de Corinne Bouchoux « Œuvres culturelles spoliées ou au passé flou et musées publics :bilan et perspectives » (janvier 2013). Ce groupe de travail qui est constitué de conservateurs spécialisés des musées, des archives et des bibliothèques, assisté par des membres de la CIVS, entreprendra tout au long de l'année 2013 et du premier semestre 2014 des recherches spécifiques pour tenter de découvrir des éléments de provenance susceptibles d'aboutir à la restitution des œuvres concernées. Cette recherche proactive sera menée dans différents fonds d'archives français et étrangers. Le lancement de ce groupe de travail marque un changement de perspective dans l'approche de ces dossiers. En effet, depuis l'après-guerre, l'administration a assuré le traitement des demandes émanant des victimes de spoliations ou de leurs ayants droit, avec des résultats qu'elle n'a cessé de chercher à améliorer. Une nouvelle démarche complémentaire est donc entreprise, consistant à travailler sur les œuvres MNR elles-mêmes pour tenter d'en identifier leur propriétaire au moment de leur spoliation. Enfin, pour tenter d'identifier les propriétaires des MNR vendus aux enchères pendant la guerre, le Ministère de la culture et de la communication (Service des musées de France – Direction générale des patrimoines) a déjà mis en place en 2011 un programme de recherches consistant en un dépouillement systématique et à l'analyse des catalogues de ventes publiques opérées à Paris entre 1938 et 1950. Son objectif est d'essayer de parvenir à une meilleure connaissance du marché de l'art parisien à cette époque et de repérer des œuvres qui ont fait l'objet de transactions qui, bien que légales en apparence, ont pu être réalisées sous la contrainte et donc être assimilées à des spoliations déguisées. Ce dernier travail est mené au sein de l'Institut national d'histoire de l'art (INHA) grâce au soutien financier de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.
Les œuvres restituées le 19 mars 2013 Œuvres issues de la collection du Dr. Richard Neumann Historique de la collection Richard Neumann Après des études de philosophie, le Dr. Richard Neumann (1879-1961) reprit l'importante entreprise textile familiale. Avant la guerre, il résidait à Vienne en Autriche et était propriétaire d'une importante collection de tableaux, constituée à partir du début des années 1920 et riche de plus de deux cents œuvres. En raison de leur confession juive, le Dr. Neumann et son épouse Alice quittèrent l'Autriche pour Paris au moment de l'invasion de leur pays par l'Allemagne (Anschluss)en mars 1938. A cette occasion, le 11 juillet 1938, le Dr. Neumann fit réaliser une expertise des œuvres, par Otto Benesch (conservateur du cabinet des arts graphiques du musée de l'Albertina à Vienne, démis de ses fonctions par les Nazis après l'Anschluss). Ce document est essentiel comme preuve de propriété des six MNR restitués aujourd'hui. Moyennant finance, le couple Neumann obtint l'autorisation de faire sortir un certain nombre d'œuvres d'Autriche, le reliquat étant réquisitionné pour les collections publiques autrichiennes. Venu s'installer à Paris, le couple résida au 5, cité du Retiro dans le VIIIe arrondissement, puis au 11, rue Marguerite dans le XVIIe arrondissement. M. et Mme Neumann quittèrent Paris en 1941 sans rien pouvoir emporter avec eux. Leur appartement fut réquisitionné et vidé en mai 1942 dans le cadre de la Möbel-Aktion, service allemand chargé de récupérer le contenu des appartements laissés vacants par les juifs, qu'ils aient pu fuir ou qu'ils aient été déportés. Pour financer leur voyage, ils durent vendre dans l'urgence un certain nombre d'objets d'art et notamment des tableaux. M. et Mme Neumann furent arrêtés au passage de la ligne de démarcation, mais obtinrent finalement l'autorisation de quitter la France pour l'Espagne. De là, ils gagnèrent La Havane (Cuba). Il ne leur restait plus alors que 200 dollars en poche. Après la guerre, en septembre 1949, le Dr.Neumann déposa un dossier de réclamation auprès de l'Office des Biens et Intérêts Privés (OBIP) et certains biens lui furent restitués à ce moment-là. En janvier 1965, la famille reçut une indemnisation pour les biens disparus de leur appartement parisien dans le cadre de la loi dite BrüG du 19 juillet 1957 promulguée par le gouvernement fédéral allemand. Fiches sur les œuvres restituées Alessandro Longhi (Venise, 1733 – Venise, 1813) Portrait de Bartoloméo Ferracina, dit anciennement Portrait d'un architecte Huile sur toile ; 1,17 x 0,92 m MNR 89 Prêté à une exposition organisée par la galerie Sankt Lukas de Vienne en mai-juin 1937 et mentionné dans l'inventaire dressé le 11 juillet 1938 par Otto Benesch (conservateur du cabinet viennois des arts graphiques, musée de l'Albertina, démis par les nazis après l'Anschluss), le tableau a été emporté par le Dr. Neumann à Paris et acquis par Gustav Rochlitz, marchand allemand ayant collaboré avec les services mis en place pour effectuer les spoliations. Ce dernier le revendit au musée de Düsseldorf en avril 1941. Retrouvé en Allemagne en zone anglaise après la guerre, le tableau a été renvoyé en France. Le tableau a été attribué au musée du Louvre en 1950. Mis en dépôt au musée de Perpignan en 1954, il est revenu au musée du Louvre en 1983. Sebastiano Ricci (Belluno, 1659 – Venise, 1734) Abraham et les trois anges Huile sur toile ; 0,88 x 0,87 m MNR 315 Prêté à une exposition organisée par la galerie Sankt Lukas de Vienne en mai-juin 1937 et mentionné dans l'inventaire dressé le 11 juillet 1938 par Otto Benesch (conservateur du cabinet viennois des arts graphiques, musée de l'Albertina, démis par les nazis après l'Anschluss), le tableau a été emporté par le Dr. Neumann à Paris et acquis par le célèbre marchand Karl Haberstock le 20 novembre 1940. Celui-ci le revendit à Hitler le 6 janvier 1941 pour le musée prévu à Linz (n° 1605). Après la guerre, le tableau a figuré parmi les œuvres regroupées au Collecting Point de Munich(n° 8737), avant de revenir en France le 11 juillet 1946. Le tableau a été attribué au musée du Louvre en 1950 puis déposé au musée de Saint-Etienne en 1954. Gaspare Diziani (Belluno, 1689 – Venise, 1767) Allégorie de Venise Huile sur toile ; 0,33 x 0,51 m MNR 368 Sans doute mentionné dans l'inventaire dressé le 11 juillet 1938 par Otto Benesch, sous une attribution à Tiepolo, le tableau a été emporté par le Dr. Neumann à Paris et vendu le 26 novembre 1941 au marchand Hugo Engel avec trois autres œuvres parmi lesquelles celles de Fontebasso, Saint François de Paule représenté dans une niche (actuel MNR 945) et de Palko, Apothéose de saint Jean Népomucène (actuel MNR 677). Engel était un agent travaillant habituellement pour le compte du marchand Karl Haberstock qui revendit ce tableau à Hitler pour le musée prévu à Linz (n° 2154). Après la guerre, cette Allégorie de Venise a figuré parmi les œuvres regroupées au CollectingPoint de Munich (n° 9631) avant de revenir en France. Le tableau a été attribué au musée du Louvre en 1950 puis a été déposé au musée des Beaux-Arts d'Agen en 1977. Franz Xaver Karl Palko (Breslau, 1724 – Prague, 1770) L'apothéose de saint Jean NépomucèneHuile sur toile ; 0,42 x 0,49 m MNR 677 Sans doute mentionné dans l'inventaire dressé le 11 juillet 1938 par Otto Benesch, sous une attribution à Johann Christian Wink, le tableau a été emporté par le Dr. Neumann à Paris et vendu le 26 novembre 1941 au marchand Hugo Engel avec trois autres œuvres parmi lesquelles celles de Fontebasso, Saint François de Paule représenté dans une niche (actuel MNR 945) et de Diziani, Allégorie de Venise (actuel MNR 368). Engel était un agent travaillant habituellement pour le compte du marchand Karl Haberstock qui revendit ce tableau à Hitler pour le musée prévu à Linz (n° 2208) Après la guerre, cette Apothéose a figuré parmi les œuvres regroupées au Collecting Point de Munich (n° 9538) avant de revenir en France le 18 avril 1946. Le tableau a été attribué au musée du Louvre en 1951 puis déposé au musée des Beaux-Arts de Tours en 1965.
Gaetano Gandolfi (San Matteo della Decima, 1734 – Bologne, 1802) Le miracle de Saint Eloi Huile sur toile ; 0,53 x 0,36 m MNR 796 Ce tableau a été prêté à une exposition organisée la galerie Sankt Lukas de Vienne en mai-juin 1937 alors qu'il n'appartenait pas encore au Dr. Neumann. Le 13 juillet 1939, la galerie a avisé le département central pour la protection des monuments qu'elle avait ce jour procédé à un échange avec M. Richard Neumann, représenté par sa fille : en contrepartie d'un tableau de Cornelis Dusart, Le chat puni, elle lui remettait deux tableaux de Gaetano Gandolfi, Saint Antoine et Scène de la vie de Saint Eloi. Le tableau faisait donc désormais partie de la collection du Dr.Neumann. L'étape suivante de l'historique de l'œuvre n'est pas clairement établie car ce tableau ne figurait apparemment pas parmi les œuvres que le Dr. Neumann avait pu faire venir en France. Sans qu'il soit possible d'en préciser les circonstances, celle-ci semble néanmoins se retrouver à Paris où le marchand Karl Haberstock l'aurait acheté avant de la revendre à Hitler pour le musée de Linz (n° 2152). Le tableau ne figure toutefois pas dans son livre de compte. Après la guerre, le Miracle de Saint Eloi a fait partie des œuvres regroupées au Collecting Point de Munich (n° 8883) avant de revenir en France. Le tableau a été attribué au musée du Louvre en 1951. Salvator Francesco Fontebasso (Venise, 1907 – Venise, 1769) Saint François de Paule représenté dans une niche Huile sur toile ; 0,50 x 0,64 m MNR 945 Sans doute mentionné dans l'inventaire dressé le 11 juillet 1938 par Otto Benesch, sous une attribution à Sebastiano Ricci, le tableau a été emporté par le Dr. Neumann à Paris et vendu le 26 novembre 1941 au marchand Hugo Engel avec trois autres œuvres parmi lesquelles celles de Diziani, Allégorie de Venise (actuel MNR 368) et de Palko, Apothéose de saint Jean Népomucène (actuel MNR 677). Engel était un agent travaillant pour le compte du marchand Karl Haberstock, mais ce tableau n'est pas mentionné dans le livre de compte de ce dernier. Il a été acquis par Hitler pour le musée prévu à Linz (n° 2209).
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