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Un calamar qui se gratte le dos avec ses ventouses, c'est plutôt « Poulpe friction »…
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Peintures
Ces dossiers réalisés par nos spécialistes vous permettront de
découvrir, aussi bien au travers d'entretiens avec des peintres renommés
que par des rétrospectives sur un genre ou courant, les trésors de la
peinture au fil du temps.
PEINTURE BELGE par Adrian Darmon
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A LA DECOUVERTE DE LA PEINTURE BELGE La légende des Impressionnistes, puis la révolution engendrée par le Cubisme au tournant du XXe siècle, ont eu pour effet de dresser une sorte de paravent qui a masqué l'importance d'autres écoles et même failli les jeter dans l'oubli. Heureusement, les injustices ont été réparées et on a remis partout à l'honneur des mouvements dont le rôle dans l'histoire de la peinture est maintenant indéniable. L'école belge du XIXe et du début du XXe siècle en fait partie et sa redécouverte, accélérée grâce au travail de la galerie Berko, est un événement majeur de ces dernières années. Pour beaucoup, l'école flamande a connu ses dernières heures de gloire à la fin du XVIIIe siècle, à partir du moment où ses artistes se sont limités à n'imiter que les anciens en tombant ainsi dans une impasse. Ce jugement, trop facile, est heureusement balayé lorsqu'on s'attache à examiner de plus près l'ensemble de la production des peintres belges du XIXe et du début du XXe siècle. Patrick et Viviane Berko, qui ont ouvert des galeries à Knokke-Zoute, Bruxelles, Paris et New-York, ont effectué d'intenses recherches pour remettre l'école belge à la place qui lui revenait et c'est sans étonnement qu'on relève que ses artistes sont loin d'être ridicules face aux grands maîtres français. Paul Mathieu, "L'automne", huile sur panneau 39x54 cm Il suffit d'énumérer quelques noms pour s'en rendre compte : James Ensor, Fernand Khnopff, Georges Baltus, Emile Claus, Paul-Jean Clays, Joseph Coomans, Franz Courtens, Georges Crogaert, Ferdinand de Braekeleer, César de Cock, William Degouve de Nuncques, Gustave de Jonghe, Pierre-François de Noter, Valérius de Saedeleer, Pierre-Jacques Diercx, Henri Evenpoel, Emile Fabry, Léon Frédéric, Victor Gilsoul, Germain Hallez, André Hennebicq, Eugène Laermans, Charles Leickert, Georges Lemmen, Georges Lemmers, Ernest Marneffe, Constantin Meunier, Constant Montald, François Musin, David et Pierre Oyens, Armand Rassenfosse, Félicien Rops, Théo Van Rysselberghe, Jacob Smits, Alfred Stevens, Henri van de Velde, Frans van Leemputten, Fernand Toussaint, Petrus van Schendel, Charles-Louis et Eugène Verboeckhoven, Frans et Jan Verhas, Isidore Verheyden, Emile Vloors...
Lucien Franck, "Au verger", hst 106x76 cm (1889) Voilà une liste quelque peu impressionnante pour un si petit pays. Bien sûr, la Belgique ne peut pas s'enorgueillir d'un Manet, d'un Renoir, d'un Monet, d'un Pissarro ou d'un Degas mais ses peintres sont loin d'être secondaires comme on l'a si souvent fait croire. L'ombre des grands maîtres de cette époque a plané sur les années qui ont suivi et ce qui a manqué le plus aux artistes belges du XIXe siècle c'est de l'audace avant tout car la maestria était déjà sous leur pinceau. Quoiqu'il en soit, en France, les grands Impressionnistes sont tous dans des musées ou des collections prestigieuses et les peintres qui sont d'une moindre pointure ne sont pas supérieurs, loin s'en faut, aux artistes belges. Néanmoins, la longue ignorance dans laquelle ces derniers ont été parqués fait que leur cote est loin d'avoir atteint les sommets et ce, malgré les efforts de Viviane et Patrick Berko qui ont publié divers ouvrages important dont le « Dictionnaire des Peintres Belges nés entre 1750 et 1875 ». Les Berko qui ont misé sur ces peintres n'ont pas eu à le regretter parce que la spéculation dont ils ont fait l'objet a renforcé leur conviction d'avoir exercé le bon choix. Les toiles de ces maîtres belges sont encore très bon marché si on cherche à faire une comparaison de prix avec leurs alter ego français et cela est de nature à réjouir Patrick Berko dont la clientèle s'est étoffée d'année en année parce que sa politique a été de ne proposer, comme il dit, que de la «bonne peinture». Une affaire d'antiquaires Patrick Berko, 47 ans, fils et petit-fils d'antiquaires, a d'abord voulu se lancer dans la peinture avant de devenir marchand. Pour ce faire, il est allé étudier à l'Académie des Beaux-Arts de Tournai mais s'est vite rendu compte qu'il n'avait rien d'un nouveau Rubens. C'est donc vers le métier familial qu'il s'est tourné et avec un rare bonheur semble-t-il. C'est très vite qu'il s'est concentré sur la peinture et surtout celle concernant le XIXe siècle et notamment les oeuvres académiques et romantiques. A l'âge de 18 ans, il rencontre Viviane, une jeune compatriote dont l'enfance s'est déroulée au Zaïre. Tous deux alors se passionnent pour cette période restée longtemps ignorées après des années fastes. Leur enthousiasme va très loin puisqu'ils vont même jusqu'à étudier en détail les coups de pinceau de chaque artiste qu'ils découvrent.
Leur mariage débouche alors sur une étroite complicité qui conduit à publier plusieurs ouvrages de qualité, notamment trois livres intéressants sur Eugène Verboeckhoven, Georges Lemmers et Fernand Toussaint. C'est avec l'âme d'un collectionneur que Patrick Berko s'intéresse à la peinture et chacun de ses achats est une affaire de coup de cœur. Depuis plus de 25 ans, il traque les belles toiles tout en parvenant à trouver de quoi satisfaire une clientèle exigeante. En moins de dix ans, le couple Berko a accompli ce qui semble pour d'autres le travail de toute une vie. La première étape a été l'ouverture en 1977 d'une galerie dans la station balnéaire de Knokke puis autre galerie a été inaugurée à Paris un an plus tard. En 1983, Berko s'est installé à Bruxelles dans le quartier des «Sablons» puis a ouvert un point de vente à Anvers. New-York a ensuite suivi et le couple participe depuis plus de 15 ans à toutes les grandes manifestations organisées en Europe et aux Etats-Unis. En remettant les peintres belges au goût du jour, Patrick Berko a naturellement fait grimper leur cote et ce un peu à son détriment puisque lui-même est obligé de les payer bien plus cher qu'il y a vingt ans. Mais il admet que c'est là le jeu et qu'il n'aurait pas de plaisir à trouver des œuvres si toute était facile. Patrick Berko s'est aussi intéressé à la peinture orientaliste, élargissant ainsi son horizon avec autre ouvrage, «Peinture orientaliste au XIXème siècle» publié en 1982 puis sorti «Les Marines en Belgique» en 1985 avant de réaliser la monographie de Fernand Toussaint et de Georges Lemmers en 1986 et 1987. Avec toute ces publications à son actif, il peut se targuer d'avoir été un des principaux acteurs ayant œuvré pour la réhabilitation de la peinture classique du XIXème siècle. C'est avec passion qu'il s'est mis à acheter des œuvres de peintres dont la cote était tombée au plus bas et cela signifie qu'acheter au coup de cœur est encore une démarche payante alors que le marché de l'art est souvent en proie à des entreprises de spéculation de la part de gens qui ne voient que les signatures sur les toiles sans même juger de leur qualité. Inutile de préciser que ces peintres représentent un bon investissement parce qu'ils n'ont pas triché avec leur palette. Georges Lemmers, "Marcel en deuil", hst 57x46 cm (1911) Un nouvel élan Le renouveau de la peinture belge du XIXe siècle est intervenu dans la mouvance de la reconstruction d'après-guerre. Les gens se sont remis au travail et avec leur réussite, les belles maisons se sont construites. Après, il fallait les meubler et les tableaux ont fait partie des décors. Les Berko se sont trouvés idéalement placés pour vendre de la bonne peinture au bon moment. Toutefois, leur clientèle n'a pas tout a fait le même profil selon qu'elle se trouve en Belgique, à Paris ou à New York. En Belgique, les Flamands sont nés avec la peinture. A Paris, la clientèle est en majorité étrangère tandis qu'aux USA, elle est constituée de riches Texans, de banquiers ou de décorateurs.
En attendant, les Impressionnistes belges continuent à bien se vendre, notamment Paul Mathieu et Paul Leduc. Durant ces dernières années, la meilleure histoire du marché de l'art aura été probablement belge puisque les hausses les plus importantes ont concerné ces peintres wallons et flamands du XIXe siècle sortis du placard par un certain Berko. Voici une liste de cotes moyenne basée sur les derniers résultats en ventede certains des peintres précités qui confirme le propos de cet article: (format moyen 65 x 50 cm) Ferdinand de Braekeleer (1792-1883) entre 80 000 et plus de 250 000 FF. Aussi recherché en Belgique qu'à l'étranger, cet Anversois a su perpétuer la tradition flamande avec des scènes d'intérieur paysannes ou bourgeoises. Emile Claus (1849-1924) entre 100 000 et 500 000 FF. Les prix pour cet artiste sont restés assez solides mais en retrait par rapport à ceux enregistrées en 1989 (notamment 2 450 000 FF en novembre 89 ou 1 440 000 FF en avril 89). Peintre post-impressionniste, Claus, adepte du pointillisme, est une des plus grandes figures de la peinture belge. Paul Jean Clays (1819-1900) entre 16 000 et 45 000 FF. César de Cock (1823-1904) entre 35 000 et 170 000 FF. Représenté dans plusieurs musées européens, de Cock a été inspiré par Daubigny et Corot. Xavier de Cock (1818-1896) entre 30 000 et 75 000 FF Frère de César de Cock, il travailla longtemps à Barbizon et se détourna de l'enseignement méticuleux de son maître Ferdinand de Braekeleer. Joseph Coomans ( 1816-1899) entre 50 000 et 170 000 FF. Disciple du peintre d'histoire Nicaise de Keyser, de Coomans fut inspiré par l'Orient et la Rome antique à la manière d'Alma-Taddema. Franz Courtens (1850-1943) entre 30 000 et 50 000 FF. Un grand paysagiste du groupe de Tervuren, il utilisa une matière épaisse dans ses oeuvres. Georges Croegaert (1848-1923) entre 60 000 et plus de 450 000 FF. Peintre minutieux, Crogaert travailla à Paris et se spécialisa dans les tableaux montrant des ecclésiastiques confortablement installés dans des décors bourgeois. William Degouve de Nuncques (1874-1935) entre 15 000 et 200 000 FF. Adepte de la poésie et du symbolisme, il créa des oeuvres teintées de mélancolie. Pierre-Jacques Dierkx (1855-1947) entre 10 000 et plus de 50 000 FF. James Ensor (1860-1949) entre 200 000 et plus d'un million FF. L'un des peintres belges les plus extraordinaires, un génie qui peignit avec audace des scènes plutôt fantastiques avec un pinceau teinté d'humour et de dérision. Un Daumier moderne amoureux des carnavals et des kermesses. Henri Evenpoel (1872-1899) entre 35 000 et plus de 75 000 FF. Né en France, Evenpoel se rapprocha des Nabis et flirta avec le fauvisme. Il mourut prématurément à 27 ans. Emile Fabry (1865-1966) entre 30 000 et plus de 50 000 FF. Victor Gilsoul (1867-1939) entre 8 000 et plus de 45 000 FF. Ce grand coloriste travailla à Paris un certain temps. Gustave de Jonghe (1829-1893) entre 50 000 et 100 000 FF. Un maître de la peinture mondaine, il travailla à Paris dans les années 1850. Fernand Khnopff (1858-1921) entre 300 000 et plus de 600 000 FF. Spécialiste du pastel, il fut proche de Gustave Moreau et des préraphaélites anglais en produisant une œuvre très onirique. Eugène Laermans (1864-1940) entre 10 000 et plus de 80 000 FF. Frans van Leemputten (1850-1914) entre 15 000 et plus de 40 000 FF. Charles Leickert ( 1818-1907) entre 70 000 et 250 000 FF. Spécialiste des paysages d'hiver dans la tradition des peintres du XVIIe siècle Georges Lemmen (1865-1916) entre 50 000 et plus de 200 000 FF. Après avoir atteint des prix supérieurs à 600 000 FF en 1990, sa cote est retombée une fois passée la vague de spéculation sur le marché de l'art. Adepte du divisionnisme, Lemmen demeure quand même toujours aussi recherché des amateurs, surtout pour ses oeuvrs pointillistes. Georges Lemmers (1871-1944) entre 7000 et plus de 35 000 FF. Ernest Marneffe (1866-1921) entre 15 000 et plus de 40 000 FF. Spécialiste des nus très érotiques, de scènes de genre et de portraits. François de Marneffe (1793-1877) entre 30 000 et 60 000 FF. Constant Montald (1862-1944) entre 15 000 et 35 000 FF. Il peignit de beaux paysages, d'allégories et de magnifiques portraits. Auguste Musin (1852-1920) entre 10 000 et 50 000 FF. Spécialiste de marines, de tempêtes et de plages François Musin (1820-1888) entre 40 000 et plus de 90 000 FF. Paysagiste du Nord et des effets de ciels, il produisit des marines recherchées des collectionneurs. David de Noter (1825-vers 1875) entre 70 000 et plus de 500 000 FF. Peintre de genre toujours aussi séduisant pour les collectionneurs Pierre - François de Noter (1779-1843) entre 70 000 et plus de 200 000 FF David Oyens (1842-1902) entre 12 000 et 40 000 FF. Pierre Oyens (1842-1894) entre 12 000 et 35 000 FF. Armand Rassenfosse (1862-1934) entre 25 000 et plus de 70 000 FF. Il adopta un style impressionniste teinté de romantisme et de causticisme et sembla influencé par Rops. Félicien Rops (1833-1898) entre 80 000 et plus de 400 000 FF. Peintre satirique, il traita souvent de la luxure, l'érotisme et la mort avec une palette très sulfureuse. Très proche de Ensor au niveau de la dérision. Théo van Rysselberghe (1862-1926) entre 60 000 et plus de 1 450 000 FF. Influencé par la lumière de la Méditerranée et séduit par le divisionnisme, il créa des oeuvres de grande qualité. Sa cote devrait encore monter dans les années à venir. Valerius de Saedeleer (1867-1941) entre 35 000 et plus de 250 000 FF. Peintre de la campagne enneigée Petrus van Schendel (1806-1870) entre 40 000 et plus de 450 000 FF. Adepte du clair-obscur si cher à de la Tour ou au Caravage, il produisit des scènes nocturnes, opposant la nuit aux effets des chandelles. Il reste très recherché des amateurs. Gustave de Smet (1877-1943) entre 50 000 et 300 000 FF. Expressionniste cubisant, adepte de la nature, de Smet a fait l'objet d'une intense spéculation à la fin des années 1980 (plus de 5 millions pour une de ses oeuvres en juin 1989 à Londres). Depuis, sa cote est retombée à des altitudes plus réalistes. Léon de Smet (1881-1966) entre 50 000 et 300 000 FF. Cet artiste, qui se dirigea plus vers l'Impressionnisme et traita autant les paysages que les natures mortes, est maintenant presque au niveau de la cote de son frère Gustave. Jacob Smits (1855-1928) entre 50 000 et plus de 250 000 FF. Devenu belge à 41 ans, cet Hollandais d'origine s'intéressa au clair-obscur et traita souvent des thèmes bibliques et pastoraux. Alfred Stevens (1823-1906) entre 10 000 et plus de 1,5 million FF. Peintre inégal - à moins qu'il y ait eu un autre Alfred ou une confusion avec le peintre Agapit Stevens- Stevens fut influencé par Manet et peignit des scènes mondaines et des portraits de femmes aujourd'hui recherchés. Il a parfois atteint le génie d'un Boldini. Fernand Toussaint (1873-1956) entre 30 000 et plus de 100 000 FF. Un virtuose qui plait toujours à une clientèle exigeante. Charles-Louis Verboeckhoven (1802-1889) entre 25 000 et plus de 70 000 FF. De belles scènes de port sont à l'actif de cet artiste. Eugène Verboeckhoven (1799-1881) entre 25 000 et plus de 200 000 FF. Le peintre des moutons par excellence. Frans Verhas (1832-1894) entre 15 000 et plus de 70000 FF. Des intérieurs mondains dans un style proche d'Alfred Stevens et des scènes anecdotiques proche de celles produites par son frère Jan. Jan Verhas (1834-1896) entre 40 000 et plus de 75 000 FF. Isidor Verheyden (1846-1905) entre 20 000 et plus de 70 000 FF. Proche des Impressionnistes dans le traitement de ses paysages lumineux et vaporeux. Adrian Darmon http://www.antiques-world.com/homepage/berko/HomepBuk.htm
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