| | Citation |
| | |
|
Les peintres fauves ne jouèrent avec les couleurs pures que durant à peine une décennie pour ensuite ne produire hélas que du dégriffé (AD)
|
|
|
|
Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
VIIIème Chapitre
«KOONSTERNANT»
01 Mai 2001 |
Cet article se compose de 2 pages.
1
2
|
Je ne pense guère exagérer en affirmant que la provocation est devenue un moteur extrêmement puissant pour mener l'art contemporain vers une nouvelle forme d'expression inquiétante pouvant atteindre un point de non-retour alors que les opérations de promotion sur le marché, conduites essentiellement aux Etats-Unis, ne profitent qu'à certains artistes et pénalisent ceux, plus nombreux, qui n'ont pas les faveurs des galeries new-yorkaises. C'est là faire quelque part injure à des pointures comme Combas, Raynaud, Raysse, Erro, Blais, Jacquet et tant d'autres créateurs talentueux qui n'ont vraiment rien à envier aux nouvelles stars de l'art contemporain outre-Atlantique. Jeff Koons, qui atteint sans cesse de nouvelles altitudes, notamment avec cette enchère de 5,6 millions de dollars (42 millions FF) obtenue chez Sotheby's pour sa sculpture en porcelaine blanche et or représentant Michael Jackson, ne fait qu'imiter d'autres artistes aujourd'hui présents dans les plus grands musées du monde et dont les œuvres en porcelaine créées il y a plus de trente ans étaient autrement plus significatives que les siennes. Koons n'a rien d'un précurseur mais cela n'a pas empêché non plus sa «Woman in Tub», édition de trois d'une sculpture en porcelaine de 1988, de se vendre à 2,86 millions de dollars le 17 mai, soit 1,15 million de dollars de plus que le même modèle vendu l'an dernier, également chez Christie's. Cela signifie quelque part que les Américains considèrent aujourd'hui presque tous les artistes français comme des cons et nullement pour des Koons alors que j'en viens moi-même à me croire être devenu le roi des imbéciles pour m'être acharné à vouloir défendre la notion du vrai dans l'art.
|
|
Je ne pense guère exagérer en affirmant que la provocation est devenue un moteur extrêmement puissant pour mener l'art contemporain vers une nouvelle forme d'expression inquiétante pouvant atteindre un point de non-retour alors que les opérations de promotion sur le marché, conduites essentiellement aux Etats-Unis, ne profitent qu'à certains artistes et pénalisent ceux, plus nombreux, qui n'ont pas les faveurs des galeries new-yorkaises. C'est là faire quelque part injure à des pointures comme Combas, Raynaud, Raysse, Erro, Blais, Jacquet et tant d'autres créateurs talentueux qui n'ont vraiment rien à envier aux nouvelles stars de l'art contemporain outre-Atlantique. Jeff Koons, qui atteint sans cesse de nouvelles altitudes, notamment avec cette enchère de 5,6 millions de dollars (42 millions FF) obtenue chez Sotheby's pour sa sculpture en porcelaine blanche et or représentant Michael Jackson, ne fait qu'imiter d'autres artistes aujourd'hui présents dans les plus grands musées du monde et dont les œuvres en porcelaine créées il y a plus de trente ans étaient autrement plus significatives que les siennes. Koons n'a rien d'un précurseur mais cela n'a pas empêché non plus sa «Woman in Tub», édition de trois d'une sculpture en porcelaine de 1988, de se vendre à 2,86 millions de dollars le 17 mai, soit 1,15 million de dollars de plus que le même modèle vendu l'an dernier, également chez Christie's. Cela signifie quelque part que les Américains considèrent aujourd'hui presque tous les artistes français comme des cons et nullement pour des Koons alors que j'en viens moi-même à me croire être devenu le roi des imbéciles pour m'être acharné à vouloir défendre la notion du vrai dans l'art.
Peut-être ai-je fait fausse route mais dans ce cas, je ne suis certainement pas le seul. Il y a quelque jours, j'admirais quelques œuvres très intéressantes à la Galerie du 51 rue de Seine tout en regrettant que Gilles Ouaki et d'autres professionnels de l'art ne soient pas parvenus pas à faire ajouter un zéro aux prix atteints dans les ventes aux enchères de l'Hexagone pour les créations de certains de leurs poulains, ce qui laisse croire que les galeristes européens sont voués à n'évoluer pour la plupart qu'en Deuxième Division. Pour l'instant, tout se fait et se décide à New York sous prétexte que l'argent se trouve en grande partie aux Etats-Unis, une réalité qui relègue d'emblée au second plan de nombreux artistes européens talentueux. Il suffit aussi de faire scandale pour attirer l'attention comme Catherine Millet, rédactrice en chef d'un magazine d'art et galeriste, qui dévoile ses penchants exhibitionnistes dans un livre devenu un best-seller ou encore comme cette ancienne «hardeuse» du cinéma porno qui fait actuellement un tabac avec son roman vérité dont la qualité littéraire est totalement nulle. On constate également qu'une émission de télévision comme «Loft Story» secoue toute la France avec son côté voyeuriste en faisant péter les scores de l'audimat et en transformant ses acteurs en véritables stars alors qu'ils ne sont en réalité que de tristes cobayes qui donnent une image plutôt débile de la jeunesse actuelle. Ou va le monde ? Voilà une sacrée question. Où va l'art contemporain ? En voilà une autre qui me laisse perplexe. Jeudi 24 mai, je suis allé faire un tour à «Art Contemporain 2000», une foire qui se tient porte d'Auteuil avec le but de faire découvrir de nouveaux talents. J'en suis ressorti quelque peu effaré par la médiocrité du cru proposé. De la «bibine» à perte de vue, des croûtes proposées à des prix délirants par des artistes qui pensent cependant que leur démarche est empreinte d'honnêteté. Je n'ai retenu que quatre noms susceptibles d'avoir un quelconque avenir, Michel Laroüe dont les œuvres aux tons pastels ont un côté séduisant, Renaud Delorme, un artiste influencé par Warhol pétri de bonnes idées, Didier Bécet, un imitateur talentueux de Raymond Mason avec ses tableaux-reliefs et Constant Fenec qui réinterprète les grands maîtres dans un style qui ne manque pas d'intérêt. C'est peu par rapport à plus de 300 exposants mais la faute incombe surtout aux organisateurs de cette manifestation qui semblent plus portés à faire du remplissage pour s'en mettre plein les poches qu'à sélectionner des artistes par le biais d'un jury de connaisseurs. Il serait peut-être louable de créer une association sérieuse avec le concours de professionnels et d'amateurs passionnés dont le but serait de dénicher les nouveaux talents de l'art contemporain. Cela permettrait au final de monter des foires intéressantes sous le sceau d'une certaine qualité. Je suis volontiers partant et j'attends l'aide de passionnés pour mettre sur les rails une initiative tangible (contacter artcult@wanadoo.fr).
|
|