Jeudi 18 juin 2009, la Grèce a réitéré son appel pour
la restitution par la Grande-Bretagne des frises du Parthénon conservées au
British Museum depuis 1816 et ce, en inaugurant le nouveau Musée de l'Acropole
qui, situé en contrebas du célèbre temple dédié à Athéna, a été spécialement
construit pour recevoir les magnifiques reliefs en marbre.
Cela fait maintenant 27 ans que la Grèce a réclamé avec insistance la partie subsistante
de la frise de Phidias qui ornait ce temple mais pour l'instant, le 2e
étage du nouveau musée n'accueille pratiquement que des moulages de plâtre de ces
trésor de l'humanité.
Plus de la moitié du décor original, en marbre, long
à l'origine de 160 mètres et qui comprenait, dit-on, 612 figures divines,
humaines et animales, se trouve depuis 193 ans au British Museum.En investissant près de 130 millions d'euros
pour créer ce nouveau musée, les Grecs, pour qui ces vestiges devraient donc
revenir sur le site sacré de l'Acropole, ont ainsi tenté de prendre au mot le
gouvernement britannique qui avait signalé que ce trésor exceptionnel acquis
légalement en 1816, ne disposait sur place d'aucune infrastructure adéquate pour les abriter.
Néanmoins, céder à leurs exigences risquerait bel et bien d'ouvrir une boîte de Pandore
propre à mettre à mal plusieurs musées à travers le monde.
Il est vrai que ce ne furent pas eux mais l'occupant
turc de l'époque qui céda à la Grande-Bretagne ces fameuses frises qui par
conséquent furent préservées des multiples menaces de destruction qui pesèrent
sur l'Acropole entre 1816 et la 2e Guerre Mondiale. Si celles-ci
étaient restées en place, elles auraient été sûrement la proie de pillages et
exposées aux bombardements qui visèrent souvent Athènes durant des décennies ainsi qu'à l'usure du temps, aux intempéries et à la pollution. Elles font
aujourd'hui la gloire du British Museum et on ne voit pas décemment pas au nom
de quoi, elles auraient à être restituées à la Grèce, un pays qui n'a pris
conscience que sur le tard de la nécessité de sauvegarder son magnifique
patrimoine.
Si sous la pression d'Athènes la Grande-Bretagne
devait se résoudre de restituer ces frises, les exigences grecques ne
s'arrêteraient pas là et d'autres musées, comme le Louvre qui possède quelques
marbres du Parthénon, seraient forcés alors de s'y plier. On imagine mal un tel
scénario d'autant plus que d'autres pays pourraient alors suivre l'exemple des
Grecs, ce qui aurait pour conséquence de vider quasiment les collections d'antiques de ces musées.
On ne peut pas refaire l'Histoire en prenant le prétexte de
récupérer des trésors nationaux éparpillés dans d'autres pays depuis des
siècles quand bien même il paraît sans conteste malheureux que les régions où ils furent
créés aient eu à subir des pillages extrêmement dommageables pour leurs
cultures. A ce compte là, les Italiens pourraient demander réparation aux
descendants des Germains, des Wisigoths, des Huns ou des Vandales pour exiger
la reconstruction de la Rome antique et le retour des statues et autres pièces
romaines conservées à l'étranger. Les Egyptiens pourraient aussi exiger la
restitution de toutes les antiquités sorties de leur pays depuis deux siècles
et ainsi de suite. Assurément, il paraît plus qu'urgent d'établir au niveau
mondial une prescription dans le temps concernant les pièces archéologiques parties
à l'étranger pour éviter nombre d'imbroglios susceptibles d'affecter les
relations entre Etats.
Aujourd'hui plus qu'hier, il est possible de se
déplacer d'une capitale à l'autre en quelques heures pour admirer des
merveilles qui ont contribué à faire connaître l'histoire de l'humanité à
l'échelle planétaire. Le mieux serait donc que les frises du Parthénon
restassent au British Museum d'autant plus que les Grecs ont eu soi-dit en
passant la mémoire quelque peu sélective en réclamant à Londres leur restitution
pour oublier dans le même temps l'aide précieuse qui leur fut apportée par de
nombreux pays lors de leur lutte pour leur indépendance. Leur donner
satisfaction ouvrirait donc la porte à des problèmes sans fin pour de nombreux
musées étrangers.
En attendant, si les frises originales manquent à
Athènes, le nouveau musée qui y a été créé compte déjà350 gros objets de l'Acropole qui avaient
fini par être fragilisés par la fréquentation touristique et la pollution,
lesquels ont été nettoyés et complétés par 4 000 autres pièces provenant des réserves de
l'ancien musée, des dernières fouilles et de différents musées grecs qui toutes
témoignent d'une grande partie de l'histoire du temple et de ses
environs depuis la préhistoire jusqu'à l'époque romaine et l'Antiquité
tardive comme les vestiges des métopes (17 plaques sur 92 sculptées en haut
relief qui décoraient l'entablement du Parthénon) racontant les guerres des
dieux et des géants ainsi que les combats des Centaures et des Lapithes ou
entre autres les statues des frontons représentant la naissance d'Athéna et sa
dispute avec Poséidon pour la possession de l'Attique.
Pour le
reste, la mythique statue d'or et d'ivoire d'Athéna réalisée en 438 avant J.-C.
par le célèbre sculpteurPhidias qui
ornait le centre du temple ne fait plus partie que de la légende après avoir
disparu depuis belle lurette mais les responsables du nouveau musée peuvent
s'enorgueillir de présenter 4 des six magnifiques cariatides qui ornaient
l'Erechtion, un petit temple voisin du Parthénon, tout en se contentant de
montrer les moulages de la frise conservée au British Museum avec malgré tout l'espoir
de récupérer un jour les reliefs originaux.