Adjugée pour la somme dérisoire de 45 livres sterling lors d'une vente de succession en 1958 puis rachetée en 2005 par une association de marchands américains, une huile sur panneau représentant le Christ Salvateur s'est révélée être une œuvre perdue de Léonard de Vinci dont la valeur pourrait atteindre 150 millions d'euros, a indiqué le 5 juillet 2011 un spécialiste du Metropolitan Museum of Art de New York.

Il s'agit là à coup sûr d'une découverte stupéfiante concernant ce tableau intitulé « Salvator Mundi » représentant le Christ la main droite levée dans un signe de bénédiction, la main gauche tenant un globe de verre, une œuvre jusque là attribuée à Giovanni Antonio Boltraffio, un disciple de Léonard de Vinci.
Après son achat en 2005, l'œuvre dénaturée par diverses restaurations a été soumise à une série de tests au sodium monochromatique, aux rayons x et aux infrarouges et ultra-violets menés au laboratoire du MoMa qui ont permis de découvrir de superbes couleurs sous de vieilles couches de repeints et de vernis cachant un véritable chef d'œuvre oublié durant des siècles.
Commandé à Vinci en 1506 par le roi de France Louis XII, ce tableau avait été livré en 1513. Un siècle plus tard, il était devenu la propriété du roi Charles 1er d'Angleterre puis de son successeur Charles II avant d'être vendu en 1763 par le fils du duc de Buckingham et de disparaître jusqu'à son acquisition en 1900 par Sir Francis Cook qui pensait alors acheter une œuvre attribuée à Boltraffio. Les descendants de Cook le vendirent donc en 1958 avant qu'il ne devienne la propriété d'un consortium de marchands d'art américains.
Dûment authentifiée, cette œuvre identifiée comme la 15e huile originale de Vinci sera présentée lors de l'exposition « Leonardo da Vinci : Painter at the Court of Milan » organisée du 9 novembre 2011 au 5 février 2012 par la National Gallery de Londres.
C'est un panel de chercheurs comprenant des conservateurs et historiens d'art du Metropolitan Museum of Art, de l'Université d'Oxford et de celle de Leicester ainsi que du Politecnico de Milan qui ont authentifié l'oeuvre néanmoins contestée par l'expert allemand Frank Zollner qui l'a attribuée à un élève de Vinci. La National Gallery de Londres l'a incluse dans sa prochaine exposition consacrée à Vinci en exigeant de ses propriétaires qu'elle ne soit pas proposée à la vente à l'issue de cette manifestation comme ses règlements le stipulent.