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COURBET, UN ARTISTE HIPPIE, ANAR, GAUCHISTE ET MÊME COMMUNISTE AVANT L'HEURE par Adrian Darmon
30 Janvier 2018
Catégorie : FOCUS
Cet article se compose de 4 pages.
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Complètement ruiné, l'artiste tenta de se défendre en arguant qu'il s'était constamment préoccupé de questions sociales et des philosophies qui s'y rattachaient en suivant sa voie, parallèlement à celle de son camarade Proudhon et qu'il avait lutté contre toutes les formes de gouvernement autoritaire et de droit divin pour que l'homme se gouverne lui-même selon ses besoins et sa conception propre de l'existence, un beau programme utopique qu'en fait personne n'avait encore pu mettre en oeuvre avant l'émergence en 1917 de Lénine et de Staline qui imposèrent le communisme à leurs concitoyens russes au prix de privations accompagnées d'ignobles massacres. A sa décharge, on ne pouvait que le qualifier de gentil rêveur, d'anarchiste modéré comme le fut plus tard Georges Brassens ou de trublion d'opérette à l'image du Gérard Depardieu insolent du film "Les Valseuses" devenu au fil de l'âge ventripotent et peu amène envers la bourgeoisie bien pensante quitte à faire preuve d'incohérence en allant  lécher les pieds du dictateur Vladimir Poutine.

Tout ça parce que au départ, Courbet n'avait pas voulu mécontenter ses parents en menant vite des existences différentes, pour se comporter à Paris comme un assoiffé de la vie et du sexe, se voulant libertin, anticonformiste, anticlérical, antibourgeois et tutti quanti; et pour se montrer à Ornans comme un fils aimant hautement respectueux de son père et un homme profondément attaché à sa terre natale et ses coutumes qui n'aurait jamais osé avouer là-bas qu'il vivait en compagnie de modèles dont la réputation se situait au niveau de celle des prostituées.

Par peur de retourner en prison, Courbet passa clandestinement la frontière le 23 juillet 1873 en séjournant quelques semaines du côté de Le Locle et de la Chaux de Fonds puis à Neuchâtel, Genève et dans le Canton du Valais avant de jeter son dévolu sur le village de La Tour-de-Peilz, au bord du lac Léman, en s'installant en octobre 1873 à la Pension Bellevue en compagnie de Cherubino Pata, un de ses disciples. Au printemps de 1875, il se fixa finalement dans une maison appelée le Bon-Port qu'il quitta souvent pour se déplacer à Genève, Fribourg, Martigny, la Chaux de Fonds et d'autres localités suisses sous l'oeil vigilant des espions de la police française.

Entre-temps, il avait exposé 34 tableaux à Vienne, en marge de l'Exposition Universelle de 1873 et présenté à l'invitation de Whistler d'autres oeuvres à Londres et aux Etats-Unis en passant ses mois d'exil à organiser sa défense face aux attaques du gouvernement en cherchant à obtenir justice auprès des députés français, à participer à diverses fêtes et débats ou à des réunions de proscrits, à recevoir chez lui nombre de peintres comme Auguste Baud-Bovy, François Bocion ou Francis Furet et surtout à continuer à peindre et à commencer à sculpter.

Faisant preuve de générosité, Courbet offrit des tableaux pour des tombolas en faveur de sinistrés ou d'exilés tout en s'investissant personnellement pour des syndicats mais depuis son départ en exil sa production  fut très inégale et loin  de son  meilleur niveau. Le tribunal civil de la Seine ayant rendu sa condamnation effective le 26 juin 1874, il se crut obligé de produire sans cesse par crainte de devoir passer un jour à la caisse alors que nombre de faussaires se mirent de la partie en inondant le marché de plagiats.

Les événements de la Commune, les procès diligentés à son encontre, l'exil et l'étroitesse de l'espace culturel suisse l'absorbèrent trop pour être à même de produire les chefs d'oeuvre qui avaient fait sa gloire durant les années 1850 mais il parvint toutefois à réaliser des portraits de grande qualité comme "Régis Courbet, père de l'artiste" (aujourd'hui au Petit-Palais à Paris) et de beaux paysages tels "Léman au coucher de soleil" (Musée Jenisch à Vevey) et "Château de Chillon" (musée Gustave Courbet à Ornans) avant que son état de santé ne se dégrade en 1876. Continuant de grossir du ventre au point de ressembler à un tonneau, il se mit à peindre un grand panorama des Alpes resté partiellement inachevé (The Cleveland Museum of Art) tout en réalisant deux sculptures, " La Dame à la Mouette" et "Helvetia".

Solidaire des Communards exilés et refusant toujours de revenir en France avant une amnistie générale, Courbet mourut le 31 décembre 1877 et son corps fut inhumé à La Tour-de-Peilz 4 jours plus tard (sa dépouille ne fut transférée à Ornans qu'en juin 1919 à l'occasion du centenaire de sa naissance). Dans le journal "Le Réveil" du 6 janvier 1878, Jules Vallès rendit hommage au peintre et à l'homme de paix en écrivant: "Il a eu la vie plus belle que ceux qui sentent, dès la jeunesse et jusqu'à la mort, l'odeur des ministères, le moisi des commandes. Il a traversé les grands courants, il a plongé dans l'océan des foules, il a entendu battre comme des coups de canon le cœur d'un peuple, et il a fini en pleine nature, au milieu des arbres, en respirant les parfums qui avaient enivré sa jeunesse, sous un ciel que n'a pas terni la vapeur des grands massacres, mais, qui, ce soir peut-être, embrasé par le soleil couchant, s'étendra sur la maison du mort, comme un grand drapeau rouge».

Courbet fut en fait un des rares artistes à construire sa carrière sur le principe du scandale, comme avec l'exposition de "La Baigneuse" au Salon de 1853, l'édification de son pavillon du Réalisme en 1855, ses tableaux l'Enterrement à Ornans, l'Atelier, le Sommeil ou l'Origine du Monde et son engagement en 1871 dans la Commune de Paris après des années passées à éviter de monter sur une quelconque barricade.

Pour l'essentiel, les critiques avaient véhiculé l'image d'un peintre insoumis et frondeur, ses détracteurs, notamment Edmond About, Cham, Théophile Gautier et plus tard Baudelaire avaient pointé du doigt une peinture réaliste tandis que ses défenseurs (Bruyas, Proudhon et Zola) avaient jugé que son oeuvre portait en elle un esprit d'indépendance, de liberté et de progrès. Courbet avait réussi à étonner Delacroix avec ses Baigneuses en 1853 avec cependant un grand bémol puisque le maître lui avait reproché non seulement la vulgarité des formes mais aussi la vulgarité et l'inutilité de la pensée qui selon lui était abominable. Néanmoins, ce dernier avait admiré deux ans plus tard "L'Atelier" et un "Enterrement à Ornans". Après avoir vu en lui un puissant ouvrier doté d'une volonté patiente et sauvage, Baudelaire avait pour sa part dénoncé son manque d'imagination basée sur une philosophie de brutes aux idées pauvres. Edmond de Goncourt n'avait pas été plus tendre à son égard en estimant que chez ce maître du réalisme, il n'y avait rien de l'étude de la nature, que le tableau "Le Sommeil" n'inspirait que du dédain en montrant "deux corps terreux, sales, breneux, noués dans le mouvement le plus disgracieux et le plus calomniateur de la volupté de la femme au lit ; rien de la couleur, de la lumière, de la vie de sa peau, rien de la grâce amoureuse de ses membres, une ordure bête»

Il fallut attendre plus d'un siècle pour mieux comprendre l'oeuvre de ce peintre si décrié, notamment à travers l'ouvrage de Louis Aragon "L'Exemple de Courbet" (1952) et la rétrospective organisée en 2007-2008 au Grand Palais qui permit de rendre plus sensible la diversité de la production du peintre, mêlant les toiles destinées — en leur temps — à une réception publique et celles réservées aux intérieurs des collectionneurs. Bizarrement, ce furent les critiques étrangers, comme Timothy Clark, Michael Fried ou Klaus Herding qui apportèrent les meilleures analyses sur sa peinture qui fut comme un acte de résistance face à la société de son temps qu'il voulait voir plus juste.

Courbet aura intéressé également nombre de psychiatres et de psychanalystes à travers plusieurs tableaux, notamment des scènes où il s'était représenté, des nus érotiques ou sa sulfureuse et énigmatique toile "L'Origine du Monde" restée longtemps cachée aux yeux du public qui, avec les "Baigneuses" de 1853, montre à l'évidence qu'il ne dédaignait pas se servir de la photographie pour serrer ses cadrages. Pour le reste, ses oeuvres ont été jugées plus que fragiles car, à l'imitation des peintres flamands, il enduisait sa toile d'un fond sombre composé de goudron pour ensuite définir des zones de clarté et des détails sauf qu'avec le temps, le bitume remonte à travers la peinture pour venir la brunir irrémédiablement.

 

Adrian Darmon

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