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COURBET, UN ARTISTE HIPPIE, ANAR, GAUCHISTE ET MÊME COMMUNISTE AVANT L'HEURE par Adrian Darmon
30 Janvier 2018
Catégorie : FOCUS
Cet article se compose de 4 pages.
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Jusqu'alors, Courbet avait joué à être une sorte de Dr Jekyll et Mister Hyde en se comportant à Paris comme un dandy libertin la nuit et un forcené du pinceau le jour pour redevenir à chaque passage à Ornans un provincial profondément attaché à ses racines.

En 1845,  encore à la recherche d'un style plus affirmé. Il proposa cinq toiles pour le Salon, mais le jury n'en retint qu'une, "Le Guitarrero" , une oeuvre imprégnée de romantisme médiéval- on était alors en pleine époque Viollet-Leduc-  tandis qu'il ne parvint pas à vendre pour 500 francs à un  amateur "Le Sculpteur " un  tableau peint dans la même veine. Déconfit  mais déterminé à atteindre le succès, il écrivit à ses parents qu'il fallait être connu pour vendre quoi que ce soit. "Tous ces petits tableaux ne font pas de réputation. C'est pourquoi il faut que l'an qui vient je fasse un grand tableau qui me fasse décidément connaître sous mon vrai jour, car je veux tout ou rien".

Son style changea au début de 1846, sa palette devenant plus sombre et le Salon accepta en mars le "Portrait de M. xxx", connu aujourd'hui sous le nom de "L'Homme à la ceinture de cuir ", mais certains jurés et critiques s'aperçurent qu'il s'agissait du  peintre en personne et le sanctionnèrent en plaçant sa toile loin des yeux du public. Courbet se sentit profondément blessé  sans comprendre que son côté narcissique l'avait plutôt desservi. Durant l'été, il partit explorer la Belgique et les Pays-Bas à l'invitation de H.J Wisselingh, un marchand néerlandais qui lui avait commandé son portrait, et se plut à visiter les musées d'Amsterdam et de la Haye où il admira les maitres flamands et hollandais.

Las, en 1847, le Salon refusa les trois toiles qu'il avait présentées, ce dont il se plaignit auprès de ses parents en signalant qu'à part Delacroix, Decamps et Diaz, les membres du jury avaient refusé tous ceux qui n 'étaient pas de leur école ou pas assez connus du public pour se lamenter de ne pas pouvoir être exposé. "Les années passées, lorsque j'avais moins une manière à moi, que je faisais encore un peu comme eux, ils me recevaient, mais aujourd'hui que je suis devenu moi-même, il ne faut plus que je l'espère. On se remue plus que jamais pour détruire ce pouvoir-là », poursuivit-il en laissant transparaître son ressentiment envers les défenseurs de la peinture académique.

Entre-temps, Courbet s'était mis en ménage avec Virginie Binet, une femme de onze ans son aînée qu'il avait embauchée comme modèle dans son atelier de la rue de la Harpe avant de peindre en 1844 les "Amants" en se montrant tendrement en sa compagnie mais, de peur de froisser ses parents et de perdre la pension qu'il recevait d'eux, il s'abstint d'évoquer cette liaison sulfureuse alors qu'en septembre 1847, Virginie accoucha d'un fils prénommé Désiré, Alfred, Emile qu'elle dut déclarer comme enfant naturel. Cette naissance fut vraisemblablement mal acceptée par Gustave qui continua à compartimenter sa vie avant qu'il ne se sépare de sa maîtresse qui vint avec son enfant vivre à Dieppe au début des années 1850.

A la fin de 1847, Courbet s'était installé dans un nouvel atelier situé au 32 rue Hautefeuille, près de la rue Saint-André des Arts et à deux pas de la brasserie Andler (au numéro 28) qu'il fréquentait déjà en compagnie de Daumier ou Corot. Il s'y était senti comme chez lui parmi de nouveaux amis, tels Charles Baudelaire, le sculpteur Auguste Clésinger, ses copains d'Ornans, dont le musicien Alphonse Promayet, et nombre de figures de la bohême parisienne à laquelle il avait adhéré par la mode et les idéaux en devenant rapidement un de ses chefs de file, ce qui dut le consoler de ne rien vendre et d'être devenu endetté.

En janvier 1848, le maire du village de Saules, près d'Ornans, lui offrit 900 francs pour une grande peinture religieuse destinée à l'église du village, un Saint Nicolas ressuscitant les petits enfants (aujourd'hui au musée Courbet) une première commande publique miraculeuse (peut-être due à l'intervention de ses parents) alors qu'il ne pouvait même plus payer son loyer alors qu'à la suite à la révolution de février 1848 et la proclamation de la République, le Salon lui accepta trois dessins et six toiles qu'il ne parvint pas à vendre malgré une mention honorable.

Ce fut à la brasserie Andler que Courbet fit tout pour se faire connaître en exprimant ses vues sur le réalisme avec l'appui des artistes opposés au romantisme et à l'académisme ainsi que de Baudelaire et de Hector Berlioz dont il fit les portraits. En juin 1848, il se tint à l'écart des manifestations qui dégénérèrent dans Paris en se contentant de graver une vignette pour le frontispice du journal "Le Salut Public" que ses amis Baudelaire, Jules François Félix Husson, dit Fleury ou Champfleury et Charles Toubin venaient de lancer.

Peu enclin à participer aux événements, il tint à rassurer ses parents en leur écrivant que la guerre civile était terrible, que les insurgés se battaient comme des lions et que ceux-ci étaient fusillés sitôt pris alors qu'il croyait que rien de semblable ne s'était passé en France, pas même durant la Saint-Barthélemy. "Je ne me bats pas pour deux raisons : d'abord parce que je n'ai pas foi dans la guerre au fusil et au canon et que ce n'est pas dans mes principes. Voila dix ans que je fais la guerre de l'intelligence, je ne serais pas conséquent avec moi-même si j'agissais autrement. La seconde raison c'est que je n'ai pas d'armes et ne puis être tenté. Ainsi, vous n'avez rien à craindre pour mon compte. Je vous écrirai dans quelques jours peut-être plus longuement. Je ne sais pas si cette lettre sortira de Paris. »

Courbet montra là qu'il était du genre grande gueule, un peu à l'image d'un matamore prompt à enflammer l'auditoire d'une brasserie mais peu disposé à risquer sa peau sur les barricades. D'ailleurs, il rejoignit vite Ornans pour respirer un air plus pur afin de préparer des toiles dans le style réaliste qui lui tenait à coeur. Par chance, son ami Champfleury, un apôtre du réalisme, dressa pour lui la liste des oeuvres à proposer pour le Salon  de 1849 en se faisant aider par Baudelaire pour rédiger les notices d'accompagnement. Résultat: sept toiles furent retenues, La Vallée de la Loue, prise de la Roche du Mont ; le village qu'on aperçoit des bords de la Loue est MontgesoyeLa Vendange à Ornans, sous la Roche du MontLa Vendange à Ornans, sous la Roche du MontLes Communaux de Chassagne ; soleil couchant ainsi que deux portraits intitulés Le Peintre et M. N… T… examinant un livre d'estampes [Marc Trapadoux, un ami d'Ornans], et surtout l'Après-dînée à Ornans (195 x 257 cm) qui lui valut une médaille de seconde classe et son achat pour 1500 francs par l'Etat la même année.

Cette toile plutôt monumentale représentant le violoniste Alphon se Promayet jouant pour Régis Courbet, le père du peintre et deux amis de ce dernier, Auguste Marlet vu de dos allumant sa pipe et Urbain Cuenot retint l'attention mais suscita de nombreuses critiques à l'encontre de Gustave, traité de peintre du grossier ou du trivial.

A Paris, les élections de décembre 1848 avaient porté Louis-Napoléon Bonaparte au pouvoir alors que peu après, Courbet se lia d'amitié avec le franc-comtois Pierre-Joseph Proudhon, un philosophe défenseur de la classe ouvrière et précurseur de l'anarchisme qui convenait à son esprit,  auquel il rendit visite à la prison de Sainte Pélagie où celui-ci avait été incarcéré pour offense au président de la République.

Lors des violentes manifestations qui eurent lieu à Paris en juin 1849, Courbet, alors âgé de 30 ans, préféra encore se mettre à l'abri à Ornans juste après l'exposition de ses oeuvres au Salon où il avait été accablé de critiques incendiaires. Se sentant plus au calme, il travailla d'arrache-pied dans l'atelier de fortune que lui avait aménagé son père dans le grenier de la maison de ses grands-parents en abandonnant définitivement le style romantique de certains de ses premiers tableaux pour s'inspirer du spectacle de sa terre natale. Sa médaille obtenue pour "L'Après dînée" le dispensant de l'approbation du jury du Salon, il se sentit libre de lui proposer ce qu'il voulait pour ne pas se priver de casser les codes académiques en peignant des paysages dominés par la puissance de la nature et plombés par la solitude, un peu à la manière du pionnier du genre, l'Anglais John Constable

Durant l'année 1850, il peint "Les Paysans de Flagey  revenant de la foire", puis l'incroyable "Un Enterrement à Ornans", un tableau monumental au format (315 × 668 cm) habituellement destiné à la peinture d'histoire dans lequel il montra plusieurs notables d'Ornans et les membres de sa famille. Lors de son exposition  au Salon, le tableau scandalisa ou étonna les critiques, de la même manière que ses "Casseurs de pierres", un sujet de la vie courante peint pour la première fois dans les dimensions jusque-là réservées aux thèmes considérés comme nobles, telles les scènes  religieuses, historiques, mythologiques que Proudhon salua comme la première oeuvre socialiste de l'histoire de la peinture.

Décidé à provoquer les tenants de l'académisme, Courbet se mit à peindre à partir de 1852 de grandes compositions de nus sans craindre de s'exposer à la critique, notamment à la plume féroce de Théophile Gautier qui se moqua des trognes monstrueuses repérées dans l'Enterrement en jugeant qu'à côté de ce tableau, "Les Demoiselles au Village", montrant au centre les trois soeurs du peintre, était presque une idylle. Dans le même temps, Courbet se mit à peindre des lutteurs nus pour calmer ses détracteurs tout en essayant de gagner sa vie en courtisant Charles de Morny, le demi-frère de Louis-Napoléon qui venait de lui acheter les "Demoiselles du Village", afin d'obtenir des commandes publiques. Dans la foulée, il essaya de s'assurer les bonnes grâces d'Auguste Romieu, le directeur des Beaux-Arts, qui estima que le gouvernement ne pouvait soutenir un artiste comme lui tant qu'il ne reviendrait pas à une peinture plus acceptable.

Quelque peu amer, Courbet promit de faire avaler le réalisme à tous ses ennemis sans craindre de se retrouver complètement ostracisé. En présentant au Salon de 1853 les "Baigneuses" montrant deux femmes, dont l'une nue à peine drapée d'un linge dans une posture plutôt équivoque, l'artiste créa encore plus de polémique pour exciter Gautier qui écrivit dans "La Presse" du 21 juillet: "Figurez-vous une sorte de Vénus hottentote sortant de l'eau et tournant vers le spectateur une croupe monstrueuse et capitonnée de fossettes au fond desquelles il ne manque que le macaron de passementerie" alors que Courbet avait apparemment voulu rendre hommage à Rubens qu'il avait admiré lors de son voyage en Belgique sept ans plus tôt et où il était retourné en 1851 en trouvant un fidèle réseau d'acheteurs.

D'ailleurs, il avait été exposé à Bruxelles et Anvers ainsi qu'à Francfort pour se faire connaître hors de France et surtout enfin vivre de sa peinture alors qu'à Paris, il ne pouvait compter que sur Alfred Bruyas (1821-1876), un agent de change originaire de Montpellier et associé de la banque Tissé-Sarrus qui s'était mis à collectionner des oeuvres de Corot, Thomas Couture, Diaz de la Pena ou Delacroix avant d'avoir un coup de coeur pour deux de ses trois toiles exposées au Salon de 1853, " Les Baigneuses" et "La Fileuse Endormie" qu'il acheta pour 3000 francs.

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