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COURBET, UN ARTISTE HIPPIE, ANAR, GAUCHISTE ET MÊME COMMUNISTE AVANT L'HEURE par Adrian Darmon
30 Janvier 2018
Catégorie : FOCUS
Cet article se compose de 4 pages.
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Décrié à Paris, Courbet se réfugia à Ornans en confiant ses espoirs et ses doutes à Bruyas, devenu son ami: "J'ai brûlé mes vaisseaux. J'ai rompu en visière avec la société. J'ai insulté tous ceux qui me servaient maladroitement. Et me voici seul en face de cette société. Il faut vaincre ou mourir. Si je succombe, on m'aura payé cher, je vous le jure. Mais je sens de plus en plus que je triomphe, car nous sommes deux et à l'heure qu'il est, à ma connaissance, seulement peut-être 6 ou 8, tous jeunes, tous travailleurs acharnés, tous arrivés à la même conclusion par des moyens divers. Mon ami, c'est la vérité, j'en suis sûr comme de mon existence, dans un an nous serons un million »

L'artiste écrivit cette lettre en revenant d'un rendez-vous raté avec Emilien de Nieuwekerk, le nouveau directeur des Beaux-Arts, qui lui avait suggéré de réaliser une grande oeuvre à la gloire de la France et de Louis-Napoléon pour l'Exposition Universelle de 1855 à condition de soumettre son travail à l'approbation du jury, ce que Courbet rejeta avec arrogance en clamant que lui seul était juge de sa peinture. Ce fut à cette époque qu'il acheva "L'Homme blessé", l'autoportrait d'un homme râlant et mourant, et dont il parla à Bruyas, tout en lui confiant espérer « réaliser un miracle unique, [...] vivre de mon art pendant toute ma vie sans m'être jamais éloigné d'une ligne de mes principes, sans jamais avoir menti un seul instant à ma conscience, sans même avoir jamais fait de la peinture large comme la main pour faire plaisir à qui que ce soit, ni pour être vendue. »

En mai 1854, Courbet rejoignit à Montpellier ce dernier en qui il voyait un véritable mécène avide de modernité et avec qui il pouvait échanger des points de vue critiques et, en apparence, un même idéal. Là, il peignit les paysages du Languedoc durant un long séjour avant de tomber malade à l'automne et d'être soigné par une amie proche de Bruyas, une belle espagnole dont il peignit le portrait après avoir rendu hommage à son protecteur, en exécutant une grande composition intitulée "La Rencontre" (appelée  Bonjour Monsieur Courbet).

Travaillant sans relâche à une dizaine de tableaux entre Ornans et Paris à partir de novembre 1854, il prépara avec l'aide de Bruyas et d'autres soutiens comme Baudelaire, Champfleury ou Francis Wey, une sorte de coup d'État dans la peinture en espérant faire passer la société dans son atelier, ainsi qu'il le révéla à son mécène à propos d'un mystérieux tableau de très grand format, "L'Atelier du Peintre. Allégorie Réelle déterminant une phase de sept années de ma vie artistique et morale" aujourd'hui au Musée d'Orsay.

Refusée à l'Exposition Universelle de 1855 alors que onze de ses œuvres furent acceptées, la toile fut dévoilée au public lors d'une exposition personnelle de l'artiste au Pavillon du Réalisme (édifice provisoire que Courbet avait fait bâtir à ses frais avenue Montaigne presque en face de l'Exposition universelle).Celle-ci fit ensuite partie de la collection du financier et patron de journaux Victor Antoine Desfossés et fut rachetée par sa veuve à la vente posthume de sa collection pour servir de toile de fond au théâtre amateur de l'Hôtel Desfossés (6 rue Galilée à Paris) avant d'être acquise pour 700 000 francs en 1920 par le Musée du Louvre grâce à l'intervention de l'association des amis du musée, une souscription publique et une contribution de l'Etat.

Auparavant, Courbet s'était vu refuser plusieurs tableaux au Salon de 1855, notamment "Un Enterrement à Ornans" et "La Rencontre", jugé trop personnel. Poussé à organiser cette fameuse exposition de l'avenue Montaigne, l'artiste avait obtenu l'appui financier de Bruyas pour montrer une quarantaine d'oeuvres dans un pavillon de briques et de bois et saisir l'occasion de délivrer sa profession de foi en exprimant ce qu'il entendait par réalisme. « Le titre de réaliste m'a été imposé comme on a imposé aux hommes de 1830 le titre de romantiques. Les titres en aucun temps n'ont donné une idée juste des choses ; s'il en était autrement, les œuvres seraient superflues [...] J'ai étudié, en dehors de tout esprit de système et sans parti pris, l'art des anciens et l'art des modernes. Je n'ai pas plus voulu imiter les uns que copier les autres ; ma pensée n'a pas davantage d'arriver au but oiseux de l'art pour l'art [...] Savoir pour pouvoir, telle fut ma pensée. Être à même de traduire les mœurs, les idées, l'aspect de mon époque, selon mon appréciation, être non seulement un peintre, mais encore un homme, en un mot, faire de l'art vivant, tel est mon but ».

Ce genre de manifeste fut en partie rédigé par Champfleury et inspiré vraisemblablement par Baudelaire mais le succès escompté ne fut pas vraiment au rendez-vous alors que la presse publia de nombreuses caricatures des toiles et portraits charges du peintre. Eugène Delacroix écrivit dans son Journal : "Je vais voir l'exposition de Courbet qu'il a réduite à 10 sous. J'y reste seul pendant près d'une heure et j'y découvre un chef-d'œuvre dans son tableau refusé (l'Atelier que Courbet n'avait pas encore achevé) ; je ne pouvais m'arracher à cette vue. On a rejeté là un des ouvrages les plus singuliers de ce temps, mais ce n'est pas un gaillard à se décourager pour si peu".

L'année 1856 montra une nouvelle progression dans la manière qu'avait Courbet de représenter la vie quotidienne à travers une série de toiles préfigurant la peinture des modernes des vingt années suivantes. "Les Demoiselles de bords de Seine (été) fut ainsi une toile capitale. Présentée au Salon de 1857,  au milieu de trois paysages et de deux portraits, dont celui de l'acteur Louis Gueymard, Courbet reçut de plus en plus de commandes de cette nature. Par opposition aux « Demoiselles de village », considérées comme vertueuses, ces "demoiselles de bords de Seine" semblaient, elles, vouées au vice alors que la réputation sulfureuse de Courbet n'en était encore qu'à ses débuts.

Vilipendé, caricaturé, déconsidéré dans les milieux officiels Courbet continua à rester droit dans ses bottes en étant un temps admiré par Manet qui se lia à lui avant de s'en détacher à cause de son naturalisme exacerbé. En 1857-58, l'artiste séjourna plusieurs mois à Francfort où il produisit de nombreux portraits ainsi que des paysages de la campagne environnante. Après un passage en Belgique où le nombre de ses acheteurs s'était accru, il redécouvrit en juin 1859 les côtes normandes en compagnie d'Alexandre Schanne avant de faire la connaissance d'Eugène Boudin qu'il complimenta en faisant cependant des réserves sur la tonalité de sa peinture, un peu faible à son goût.

Durant cette période, Courbet se montra moins à Paris en préférant travailler dans le Doubs ou au bord de la mer avant d'acheter à Ornans le 6 mars 1860, l'ancienne fonderie Bastide, un bâtiment dans lequel il aménagea sa maison et un grand atelier, où il demeura souvent jusqu'à son exil en 1873 en Suisse.

On le proposa en juillet 1861 à la Légion d'Honneur mais Napoléon III en personne raya son nom de la liste tandis que l'Etat renonça à acheter "Le Rut du printemps. Le 28 septembre de cette année là, une réunion d'étudiants en art fut organisée à la brasserie Andler par Jules-Antoine Castagnary qui lui demanda de diriger un atelier d'enseignement de la peinture. Le 9 décembre, les cours commencèrent avec 31 étudiants inscrits, mais 20 jours plus tard, Courbet renonça en indiquant qu'il ne pouvait pas enseigner son art, ni l'art d'une école quelconque, puisqu'il niait le principe de l'enseignement en prétendant en d'autres termes que l'art était avant tout individuel pour n'être à propos de chaque artiste que le talent résultant de sa propre inspiration et de ses propres études sur la tradition.

A cette époque, Courbet réalisa une série de natures mortes lors d'un séjour en Saintonge à l'invitation du mécène Etienne Baudry qui lui commanda des nus, dont "La Femme nue couchée". En 1862-63, il séjourna à Saintes et participa avec Corot, Hippolyte Pradelles et Louis-Augustin Auguin à un atelier en plein air baptisé « groupe du Port-Berteau » d'après le nom du site des bords de la  Charente. Une exposition collective réunissant 170 œuvres fut présentée au public le 15 janvier 1863 à l'hôtel de ville de Saintes où il peignit "Le Retour de la conférence", une toile anticléricale qui fit scandale et fut refusée au Salon.

En 1865, il peignit à titre posthume le tableau "Pierre-Joseph Proudhon et ses enfants en 1853" et séjourna à Trouville et Deauville où il peignit des séries de marines en compagnie du peintre américain James McNeill Whistler qu'il venait exceptionnellement d'accepter comme élève après l'avoir rencontré quelques années plus tôt en compagnie de sa maîtresse Joanna Hiffernan qui devait devenir son modèle et amante en posant en 1866 pour Le Sommeil, une toile représentant deux femmes endormies lascivement enlacées puis vraisemblablement pour le plus que sulfureux tableau "L'Origine du Monde" montrant en gros plan le sexe d'une femme que le diplomate turc Khalil-Bey lui avait commandés.

La même année, il séjourna à nouveau à Deauville avec Claude Monet et Eugène Boudin chez le comte Horace de Choiseul-Praslin sans trop se soucier de trahir ses sentiments anarchistes et monta en 1868 à Gand une exposition anticléricale en composant deux séries d'albums de dessins avant de faire l'année suivante un long séjour à Etretat, un endroit encore peu connu des peintres et d'enregistrer un beau succès avec son exposition de Munich.

Débordé de commandes, Courbet se sentit alors obligé d'avoir recours à des assistants, notamment Alexandre Rapin, pour satisfaire ses clients mais sa réussite eut l'effet pernicieux de le rendre obèse  alors que la Légion d'honneur proposée par Napoléon III lui fut une nouvelle fois refusée en juin 1870 en raison de ses idées républicaines et socialistes. Après la défaite de l'armée impériale face aux troupes prussiennes à Sedan et la proclamation de la République le 4 septembre 1870, Courbet fut nommé président de la commission des musées et délégué aux Beaux-Arts sans se douter que son engagement en faveur de la Commune de Paris finirait par causer sa perte.

Elu au Conseil de la Commune du VIe arrondissement lors des élections complémentaires du 16 avril 1871 puis désigné le lendemain président de l'éphémère Fédération des Artistes, Courbet se montra dans un premier temps soucieux de protéger les oeuvres d'art de la capitale en faisant blinder les fenêtres du Musée du Louvre et entourer de sacs de sable des monuments comme l'Arc de Triomphe, la Fontaine des Innocents, la Manufacture des Gobelins et celle de Sèvres ainsi que d'autres édifices. Siégeant alors à la commission de l'Enseignement, il vota notamment avec Jules Vallès contre la création du Comité de Salut public en proposant toutefois au gouvernement de la Défense nationale de faire déplacer la colonne Vendôme évoquant les guerres napoléoniennes vers les Invalides sauf qu'il se ravisa en appuyant la décision de la Commune de faire abattre ce monument, ce qui lui valut plus tard d'être désigné comme le responsable de sa destruction le 16 mai 1871.

Pris dans l'engrenage de ses idées et dépassé par les événements, Courbet démissionna de ses fonctions en signe de protestation contre l'exécution par les Communards de Gustave Chaudet qui, en tant que maire-adjoint, avait fait tirer sur des manifestants le 22 janvier 1871 puis, le 7 juin, il fut arrêté et condamné par le 3e conseil de guerre à six mois de prison, une peine qu'il purgea en partie à Versailles et à Sainte Pélagie, ainsi qu'à 500 francs d'amende et 6850 francs de frais de procédure. Tombé malade, il fut transféré le 30 décembre 1871 dans une clinique de Neuilly où il resta jusqu'en avril 1872.

Au lieu donc de se cantonner à un rôle d'agitateur de salon, Courbet avait joué à l'apprenti révolutionnaire en se voyant dès lors violemment vilipendé par nombre d'écrivains, notamment Alexandre Dumas fils qui écrivit à son sujet: « De quel accouplement fabuleux d'une limace et d'un paon, de quelles antithèses génésiaques, de quel suintement sébacé peut avoir été générée cette chose qu'on appelle Gustave Courbet ? Sous quelle cloche, à l'aide de quel fumier, par suite de quelle mixture de vin, de bière, de mucus corrosif et d'œdème flatulent a pu pousser cette courge sonore et poilue, ce ventre esthétique, incarnation du Moi imbécile et impuissant ».

Trouvant malsain de rester à Paris, Courbet repartit à Ornans où l'attendaient malgré tout nombre de commandes qu'il dut satisfaire à faisant appel à des aides en allant signer des tableaux dénués d'aucune de ses touches alors que son état de santé l'avait rendu nettement moins productif avant d'apprendre en mai 1873 que le nouveau président de la République, le maréchal de Mac Mahon, avait décidé de faire reconstruire la colonne Vendôme à ses frais selon un devis de 323 091 francs, une décision entérinée par une loi votée le 30 mai, en conséquence de quoi ses biens furent mis sous séquestre et ses toiles confisquées.

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