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Le journal d'un fou d'art
                                  Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
    
                                 
   
    
		
		
XXIVème Chapitre		
 Ca tangue dans le milieu des experts en arts asiatiques                                                        
01 Juin 2006      | 
   
       
     
			
	
	
			Cet article se compose de 5 pages. 
		
	 
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		Mercredi 7 juin 2006, la nocturne des galeries et antiquaires de la Rive Droite a attiré pas de mal de monde mais le show a été plutôt dans la rue où quelques créatures plantureuses ont eu  quoi se faire admirer en arborant d'affriolants décolletés sous une douce chaleur printanière. Au détour d'une rue, je suis tombé nez à nez avec Richard Rodriguez qui s'est montré outré qu'une oeuvre commune de Warhol et de Basquiat ait pu être adjugée quelques jours auparavant à l'Espace Tajan pour plus de deux millions d'euros, un résultat qui l'a incité à adresser un courriel au groupe Tajan pour demander si elle avait été vraiment vendue pour s'offrir en retour une réponse cinglante de la maison de ventes laquelle l'a invité à prendre contact avec ses avocats.  " C'était le tableau le plus moche qui soit avec ces tours Eiffel de Warhol et ces grenouilles de Basquiat, une allusion aux French frogs, qui à mon avis n'aurait pas dépassé 400 000 dollars à New York où d'ailleurs elle avait été ravalée", a-t-il déclaré d'une voix ironique.  "Au train où vont les choses, avec des artistes artistes contemporains dont la cote augmente de près de 50% chaque année, le marché de l'art va finir par prendre une rouste encore plus phénoménale qu'en 1991 du fait de cette course aux prix-records qui ne veulent plus rien dire", a-t-il ajouté un brin alarmiste tout en remarquant que les galeries alentours n'exposaient que des oeuvres discutables.  Il est vrai que chez Jérôme de Noirmont, les toiles du couple Eva & Adèle, considéré pourtant comme un chef d'oeuvre ambulant dans les grands happenings artistiques, n'ont pas eu de quoi couper le souffle des visiteurs, ce qui m'a incité à écrire sur le livre d'or "Que sera Eva quand sera morte Adèle?", ce à quoi un rigolo a cru bon d'ajouter:"Une vielle saucisse..."  La Galerie R.X a quant à elle exposé des clichés troublants de couples lesbiens se roulant gaiement des pelles, propres à faire croire que le tout était sponsorisé par une marque de lessive histoire peut-être de signifier que "homo lave plus blanc" alors que quelques mètres plus loin, la galerie Benhamou a versé dans le kitsch outrancier avec des oeuvres numérisées de Pierre Morel, adepte des couleurs rose-bonbon et guimauve, mettant en scène des personnages sortis de contes de fées délirants.  Faute de s'extasier, il y a quand eu même quelques coupes de champagne à boire et de belles gambettes de sexy girls à mirer ici et là alors que le principal sujet de conversation entre marchands a surtout tourné autour de l'article plein de sous-entendus publié par "Marianne" sur la guerre qui a opposé Christian Deydier, président du Syndicat national des antiquaires, à l'expert en art chinois Bernard Gomez.  Selon le magazine, Deydier s'était ingénié à faire le ménage dans les ventes d'art chinois, en demandant notamment en juillet 2004 l'annulation d'une vacation à Drouot sous prétexte que celle-ci comprenait des faux. Gomez, l'expert de ces ventes, avait alors poursuivi le Syndicat et son président pour préjudice commercial. Ayant porté le pet dans la presse, il se vit en retour attaqué en diffamation par le "Monsieur propre" du marché de l'art chinois.  Il faut dire que Deydier, spécialiste des bronzes archaïques et de l'orfévrerie chinoise, ne s'est pas fait que des amis dans ce milieu après avoir été élu de justesse à la tête du Syndicat. Considéré comme proche du Président Chirac, il a également irrité l'expert Chakib Slitine après avoir attiré l'attention du Conseil des Ventes sur la quantité de faux que ce dernier aurait présentés dans une vente organisée à Drouot le 27 juin 2005.  A vouloir se muer dans la peau d'un Robespierre, Deydier n'a donc pas ménagé les susceptibilités de certains experts, ce qui a eu pour effet de déclencher une guerre qui a ainsi ouvert la porte à nombre de commérages. Pour finir, l'envoi de méchantes lettres anonymes n'a pas manqué d'instaurer un climat franchement détestable dans le milieu des marchands d'art asiatique, également perturbés par des rumeurs sur la disparition d'importantes pièces archéologiques provenant de fouilles effectuées en Chine qui se trouveraient aujourd'hui au Musée Guimet lequel les aurait reçues sous forme de dation.  Dation de qui ? Le bruit a circulé que "Le Canard Enchaîné" se serait intéressé de très près à cette affaire qui aurait conduit la Chine à demander la restitution de ces objets. Ming de rien, tout ne semble donc pas rose dans la famille des experts en art chinois qui tangue sous la vague de rumeurs malfaisantes et concernant le Musée Guimet, la Chine paraîtrait de son côté peu disposée à patouiller (bonjour la contrepèterie) pour réclamer des pièces archéologiques considérées comme inaliénables. 	 
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			Mercredi 7 juin 2006, la nocturne des galeries et antiquaires de la Rive Droite a attiré pas de mal de monde mais le show a été plutôt dans la rue où quelques créatures plantureuses ont eu  quoi se faire admirer en arborant d'affriolants décolletés sous une douce chaleur printanière. Au détour d'une rue, je suis tombé nez à nez avec Richard Rodriguez qui s'est montré outré qu'une oeuvre commune de Warhol et de Basquiat ait pu être adjugée quelques jours auparavant à l'Espace Tajan pour plus de deux millions d'euros, un résultat qui l'a incité à adresser un courriel au groupe Tajan pour demander si elle avait été vraiment vendue pour s'offrir en retour une réponse cinglante de la maison de ventes laquelle l'a invité à prendre contact avec ses avocats.  " C'était le tableau le plus moche qui soit avec ces tours Eiffel de Warhol et ces grenouilles de Basquiat, une allusion aux French frogs, qui à mon avis n'aurait pas dépassé 400 000 dollars à New York où d'ailleurs elle avait été ravalée", a-t-il déclaré d'une voix ironique.  "Au train où vont les choses, avec des artistes artistes contemporains dont la cote augmente de près de 50% chaque année, le marché de l'art va finir par prendre une rouste encore plus phénoménale qu'en 1991 du fait de cette course aux prix-records qui ne veulent plus rien dire", a-t-il ajouté un brin alarmiste tout en remarquant que les galeries alentours n'exposaient que des oeuvres discutables.  Il est vrai que chez Jérôme de Noirmont, les toiles du couple Eva & Adèle, considéré pourtant comme un chef d'oeuvre ambulant dans les grands happenings artistiques, n'ont pas eu de quoi couper le souffle des visiteurs, ce qui m'a incité à écrire sur le livre d'or "Que sera Eva quand sera morte Adèle?", ce à quoi un rigolo a cru bon d'ajouter:"Une vielle saucisse..."  La Galerie R.X a quant à elle exposé des clichés troublants de couples lesbiens se roulant gaiement des pelles, propres à faire croire que le tout était sponsorisé par une marque de lessive histoire peut-être de signifier que "homo lave plus blanc" alors que quelques mètres plus loin, la galerie Benhamou a versé dans le kitsch outrancier avec des oeuvres numérisées de Pierre Morel, adepte des couleurs rose-bonbon et guimauve, mettant en scène des personnages sortis de contes de fées délirants.  Faute de s'extasier, il y a quand eu même quelques coupes de champagne à boire et de belles gambettes de sexy girls à mirer ici et là alors que le principal sujet de conversation entre marchands a surtout tourné autour de l'article plein de sous-entendus publié par "Marianne" sur la guerre qui a opposé Christian Deydier, président du Syndicat national des antiquaires, à l'expert en art chinois Bernard Gomez.  Selon le magazine, Deydier s'était ingénié à faire le ménage dans les ventes d'art chinois, en demandant notamment en juillet 2004 l'annulation d'une vacation à Drouot sous prétexte que celle-ci comprenait des faux. Gomez, l'expert de ces ventes, avait alors poursuivi le Syndicat et son président pour préjudice commercial. Ayant porté le pet dans la presse, il se vit en retour attaqué en diffamation par le "Monsieur propre" du marché de l'art chinois.  Il faut dire que Deydier, spécialiste des bronzes archaïques et de l'orfévrerie chinoise, ne s'est pas fait que des amis dans ce milieu après avoir été élu de justesse à la tête du Syndicat. Considéré comme proche du Président Chirac, il a également irrité l'expert Chakib Slitine après avoir attiré l'attention du Conseil des Ventes sur la quantité de faux que ce dernier aurait présentés dans une vente organisée à Drouot le 27 juin 2005.  A vouloir se muer dans la peau d'un Robespierre, Deydier n'a donc pas ménagé les susceptibilités de certains experts, ce qui a eu pour effet de déclencher une guerre qui a ainsi ouvert la porte à nombre de commérages. Pour finir, l'envoi de méchantes lettres anonymes n'a pas manqué d'instaurer un climat franchement détestable dans le milieu des marchands d'art asiatique, également perturbés par des rumeurs sur la disparition d'importantes pièces archéologiques provenant de fouilles effectuées en Chine qui se trouveraient aujourd'hui au Musée Guimet lequel les aurait reçues sous forme de dation.  Dation de qui ? Le bruit a circulé que "Le Canard Enchaîné" se serait intéressé de très près à cette affaire qui aurait conduit la Chine à demander la restitution de ces objets. Ming de rien, tout ne semble donc pas rose dans la famille des experts en art chinois qui tangue sous la vague de rumeurs malfaisantes et concernant le Musée Guimet, la Chine paraîtrait de son côté peu disposée à patouiller (bonjour la contrepèterie) pour réclamer des pièces archéologiques considérées comme inaliénables. 		 
			
			En attendant, force est de constater que les antiquaires ne respectent pas toujours les règles de bonne conduite qu'ils affirment vouloir s'imposer et qu'il est assez courant dans leur milieu de dénigrer des rivaux, notamment  lorsqu'un professionnel cherche à capter la clientèle du voisin, que ce soit dans sa boutique ou sur son stand de la Biennale. Et là, il n'y a plus de confrère qui tienne. Si un riche bourgeois s'avise de demander à un marchand ce qu'il pense de la commode de prix que lui a proposée Machin, il s'entendra répondre qu'il s'agit d'un joli meuble mais en faisant comme par hasard une petite moue dubitative qui poussera automatiquement son interlocuteur à mieux connaître le fond de sa pensée.  Entraînant celui-ci à part, le marchand trouvera alors à coup sûr les mots qui tuent pour lâcher que la commode en question a malheureusement des défauts, comme son plateau de marbre qui à son avis n'est pas d'origine ou ses bronzes qui semblent rapportés avant de finir par lui dire qu'il n'aurait pas osé la lui vendre au prix demandé par son concurrent. Tout compte fait, il n'y a pas à s'offusquer car il s'agit pour un marchand de défendre sa "came" et non celle du voisin qui lui aussi est prêt à tout pour lui piquer ses clients.  Se livrant ainsi une guerre sans merci pour s'accaparer les bonnes pièces circulant sur le marché, les grands antiquaires en sont venus à se jalouser de plus en plus au fur et à mesure où la pénurie d'objets d'art exceptionnels les a forcés à se démener. Inutile de dire que les jeunes pousses n'ont pas eu la tâche facile à Paris où plus d'un Rastignac de la profession a fait les frais d'une ascension trop rapide dans le milieu. D'autre part, le bruit a aussi couru avec insistance que Didier Aaron avait été pressenti pour devenir président de la prochaîne biennale, ce que l'intéressé n'aurait guère eu l'heur d'accepter, sachant probablement qu'un tel honneur serait un cadeau empoisonné.  Plus saoulé par les ragots entendus ici et là que par le champagne, j'ai préféré poursuivre ma promenade et m'arrêter chez le prince des antiquaires, Bernard Steinitz en personne, ce vieux pilier de la profession qui a su éviter les écueils et mener sa barque à sa guise en préférant ne pas se mêler des petites affaires des autres.  Se servant de sa canne comme d'un sceptre, Steinitz a accueilli nombre de curieux d'un air affable sans toutefois perdre de son côté narquois, comme lorsqu'une journaliste du "Parisien" lui a demandé s'il serait possible de l'interviewer un jour, ce à quoi il s'est montré très évasif pour faire subitement diversion en évoquant avec regret la récente disparition du patron de son journal. Du grand art...  Quelques minutes plus tard, rencontre avec Jean Gismondi, un homme d'une courtoisie extrême connu pour ses choix éclectiques et raffinés qui a eu du mal à se remettre de  l'affaire concernant cette employée de la BNP qui puisait dans la caisse de la banque pour s'offrir des meubles rares qu'elle entassait dans son modeste appartement de banlieue.  A l'évidence, le marchand a été meurtri de s'être vu reprocher d'avoir vendu à cette dame des commodes du XVIIIe siècle sans avoir vérifié si son argent était bien le sien, comme s'il était obligatoire de demander à tout visiteur ayant franchi le seuil de sa boutique de lui fournir au préalable sa déclaration d'impôts. La femme en question présentait bien et avait du goût. Pouvait-il soupçonner que les sommes qu'il recevait par virement bancaire étaient en fait le fruit d'un détournement au sein de la banque? La question mérite d'être posée et les juges auront certainement bien des difficultés à trouver une réponse claire à ce sujet.  Détour chez Didier Aaron, flanqué de son flamboyant collaborateur Bill Pallot, un expert à l'allure de play-boy qui a vraiment un oeil, encore bien plus puissant qu'une loupe, pour détecter les bonnes pièces. Bref, tout a semblé respirer un certain luxe princier dans l'atmosphère très feutrée du temple du grand prêtre Aaron, un univers à part que les visiteurs ont pu découvrir, émerveillés et intimidés à la fois, bien éloigné du brouhaha de la rue où la fête a battu son plein jusqu'après 22 heures.  Jeudi 8 juin 2006, pour 44 millions d'euros, Sotheby's a fait l'acquisition avec l'intégralité de son stock de Noortman, l'une des plus importantes galeries de peinture ancienne située à Maastricht.  Robert Noortman, qui avait fait la une de la presse il y a quelques années en achetant aux enchères deux Rembrandt à des prix faramineux, continuera à assurer la direction de sa galerie en échange de son rachat, de 3,2% du capital de Sotheby's et surtout de la reprise d'une dette estimée à 20,5 millions d'euros.  L'annonce de ce deal aura ainsi permis de noter qu'un grand marchand de l'envergure de Noortman a fonctionné au sommet du marché par le biais d'un gros endettement, difficile à combler à partir du moment où les grosses pièces sont devenues plus rares sur le marché. Le problème est que peu de galeristes peuvent aujourd'hui se voir consentir de leur banque un découvert de plus de 20 millions d'euros, à peu de choses près l'équivalent de deux Rembrandt, pour espérer tenir le haut du pavé. On ne prête qu'aux riches, à condition que ceux-ci aient du répondant, comme le stock impressionnant de tableaux anciens tombé dans l'escarcelle de Sotheby's dont l'opération n'a rien eu de philanthropique.  Finalement, on serait plus que tenté de croire que Noortman a travaillé à la manière d'un équilibriste en se faisant adjuger des chefs d'oeuvre à des prix qui dépassaient ses capacités financières, un peu comme le magnat australien Allan Bond qui, il y a près de 20 ans, fit l'acquisition pour une enchère record d'un tableau de fleurs de Van Gogh en s'assurant au passage une énorme publicité gratuite dans la presse. Ca s'appelle avoir le sens du marketing, sauf que Mister Bond n'avait pas, comme le rusé galeriste de Maastricht, un impressionnant stock de tableaux en réserve à faire valoir pour pouvoir renverser la situation au moment opportun. 		 
			
			Vendredi 9 juin 2006, rien de nouveau sur le front du marché aux Puces de Saint-Ouen où les chineurs ont usé leurs guêtres avant de repartir bredouilles pour la plupart. L'époque des trouvailles à gogo s'est retrouvée loin derrière eux, ce qui signifie que le réservoir des bonnes pièces à chiner s'est quasiment tari. Par le plus pur des hasards, j'ai justement entendu un marchand raconter à un quidam venu dans son stand comment il avait fait le coup de sa vie en débarrassant une villa à Cannes à la demande d'un confrère passé avant lui et qui pensait lui laisser des miettes, notamment de vulgaires bibliothèques, armoires et commodes de style Louis Philippe ou Henri II. Arrivé à la villa, le brocanteur se rendit subitement compte qu'il s'agissait de celle de Picasso où ses héritiers avaient déjà fait opérer un tri méticuleux avant de laisser à son confrère le soin de vider le reste de son contenu, jugé sans intérêt. Passé après ce dernier, il se mit donc à l'ouvrage pour sortir des meubles fatigués, des livres abimés et un chevalet déglingué recouvert par endroits d'épaisses couches de couleurs.   Ce fut alors que sur une étagère d'une bibliothèque,  il découvrit plusieurs dessins insérés entre les pages de livres poussiéreux, et tout particulièrement une esquisse préparatoire de "L'Enfant au Ballon" de Picasso avec des annotations pour les couleurs à appliquer. Le temps de se remettre de sa soudaine émotion, il se rendit ensuite au grenier, d'où il commença à descendre des rouleaux vierges de papier avant de constater que l'un d'eux était plus lourd que les autres.  Intrigué, il le déroula et eut la surprise de sa vie en tombant sur une énorme toile de plus de 4 mètres de long et d'au moins 1,70 mètre de haut représentant l'Acropole d'Athènes laquelle semblait avoir été probablement peinte comme décor pour une pièce de théâtre.  Excité par ses trouvailles mais inquiet tout de même de ses possibles répercussions, il ne pipa mot à personne, sauf à son avocat qui lui conseilla d'attendre au moins dix ans pour les ressortir afin d'éviter tout problème avec son confrère. Durant ces années-là, il s'attela à faire des recherches au sujet de la toile monumentale trouvée dans le grenier avant de déterminer qu'il s'agissait de la composition centrale d'un grand triptyque ayant servi pour la pièce "Le Misanthrope", les deux autres éléments se trouvant à présent à la Galerie Reinhardt en Autriche et au Musée Getty de Malibu.  Après avoir revendu il y a quelques années le chevalet de Picasso à un amateur puis l'esquisse de "L'Enfant au Ballon" pour une jolie somme à un musée Japonais, ce brocanteurhyper- chanceux a indiqué à son visiteur avoir confié cette toile à une grande maison de vente avec l'espoir d'en tirer un prix mirifique lorsqu'elle sera prochainement soumise aux enchères.  Ce genre de découverte était plutôt  assez fréquent dans les années 1970 lorsque le marché n'était pas aussi actif et médiatisé qu'à présent et cette anecdote a subitement eu pour effet de me rappeler qu'à pareille époque, un marchand avait fait fortune après avoir acheté à crédit tout un lot de dessins de Picasso aux Puces de Saint-Ouen. Avaient-ils été trouvés dans la villa de l'artiste à Cannes par celui-là même qui avait demandé à ce brocanteur de terminer le débarras qu'il avait effectué? Pas impossible...  Samedi 10 juin 2006,une des 150 vaches grandeur nature en fibre de verre exposées dans plusieurs quartiers de Paris dans le cadre de l'exposition "Vach'Arts" a été volée par deux individus qui l'ont emportée dans un véhicule.  Exposée avenue Delcassé, juste devant la galerie RX exposant actuellement de troublantes photographies de couples gays en train de s'embrasser, la vache intitulée "Top Model" de l'artiste Eric Colmet Daage, devait être vendue aux enchères avec les 149 autres le 30 juin 2006 au profit de la fondation Africa Alive. L'artiste aura certainement pas que ce vol n'aura été qu'un pis-aller puisque les voleurs se sont manifestés pour dire qu'ils allaient restituer cette vache après avoir voulu bluffer un copain en lui faisant croire qu'il s'agissait de son cadeau d'anniversaire, une blague qui pourrait les amener à brouter le sol en béton d'une cellule de la prison de Clairvaux, de préférence à l'étage (sic) ....  Samedi 17 juin 2006, un masque fang Ngil en bois représentant un visage stylisé a atteint l'enchère record de 5,9 millions d'euros lors d'une vente aux enchères à l'Hôtel Drouot. Figurant parmi plus de 500 objets d'arts premiers collectés par Pierre et Suzanne Vérité à partir des années 1920, il avait été estimé au mieux à 1,5 million d'euros. On peut dire que ce masque de Vérité a sans mentir coûté bien cher pour son acquéreur. Ce dernier n'a cependant pas laissé tomber le masque pour se faire connaître.  Les objets proposés dans cette vente ont presque tous largement dépassé leurs estimations et pour cause, cet ensemble provenait de la dernière grande collection encore en mains privées en France. Pour le reste, cette vente a bénéficié de l'impact de l'ouverture du Musée des Arts Premiers du quai Branly à Paris qui a représenté une bénédiction pour les collectionneurs.  Surprise à New York où Picasso a été détrôné de la première place du hit-parade des ventes par l'artiste autrichien Gustav Klimt dont le portrait d'Adèle Bloch-Bauer a été adjugé pour la somme mirifique de 135 millions de dollars.   Ce tableau magnifique avait été récupéré par les héritiers de Ferdinand Bloch dont l'épouse, morte durant les années 1920,  avait légué plusieurs tableaux, dont celui-ci, au Musée du Belvédère de Vienne. Seulement voila, les propriétés, l'entreprise sucrière et les collections d'art de Ferdinand Bloch avaient été saisies par les nazis peu après l'Anschluss, ce qui remettait en cause le testament de sa défunte épouse. Il a fallu plusieurs années de procédure pour que les tableaux conservés au Belvédère soient rendus à la famille Bloch. Patron d'une fameuse société de cosmétiques, Ronald Lauder n'a pas hésité à casser sa tire-lire pour acquérir ce portrait mythique à un prix propre à donner le tournis. Pour rentabiliser sa folle dépense, il pourra toujours se servir de l'icône sensuelle d'Adèle pour vanter les produits Estée Lauder. 		 
			
			Mercredi 21 juin 2006, L'hebdomadaire satirique "Le Canard Enchaîné" a confirmé que la Chine avait réclamé des objets de fouilles datant du VIIIe siècle avant J.-C. reçus sous forme de donation par le Musée Guimet à Paris. Ces objets, en fait des plaquettes en or trouvées dans la province de Gansu, et plus précisément dans le canton de Lixian, au Nord de la Chine, provenaient d'un tombeau d'un dignitaire Qin dont le pillage avait été signalé par les autorités locales au début des années 1990.  L'hebdomadaire a précisé que le galeriste Christian Deydier, aujourd'hui Président du Syndicat national des antiquaires, avait présenté à la Biennale de 1994 à Paris une cinquantaine de plaques en or provenant de Lixian dont une grande partie fut offerte cinq ans plus tard au Musée Guimet  par ce dernier et François Pinault.  Selon l'auteur de cet article, les Chinois auraient saisi l'Apace (Association pour la protection de l'art chinois en Europe) en novembre 2005 pour réclamer la restitution de ces plaquettes en or alors qu'au milieu de ce mois de juin 2006, Bernard Gomez, président de cette association et expert à Drouot, d'ailleurs en bisbilles avec Christian Deydier, a déposé une plainte pour recel et blanchiment d'oeuvres d'art issues du trafic international de biens culturels.  Contacté par "Le Canard", Christian Deydier a assuré avoir acquis ces pièces en toute légalité à Hong Kong et à Taïwan tout en se disant prêt à dédommager si nécessaire le Musée Guimet et François Pinault. De son côté, le directeur de cette institution a déclaré que les objets revendiqués seraient rendus à la Chine si leur provenance litigieuse était prouvée. Voilà une affaire qui a semblé bien embarrassante qui a démontré quelque part que le domaine de l'archéologie n'était pas de tout repos pour les musées et les collectionneurs obligés de manifester une extrême prudence au sujet de pièces de fouilles tombées entre leurs mains d'autant plus que leur circuit, entre le moment où elles sont déterrées et celui où elles apparaissent sur le marché est particulièrement opaque.  Ainsi, plusieurs grands musées, comme le Metropolitan de New York ou le Getty de Malibu, ont été épinglés ces dernières années pour avoir acquis des pièces provenant de fouilles illégales en Italie ou en Grèce, deux pays qui ont appliqué de sévères lois contre les trafiquants alors que d'autres ont encore des législations plutôt laxistes. Il serait donc temps d'adopter un décret international stipulant par exemple que tout objet provenant de fouilles illicites effectuées durant ces trente dernières années soit restitué à son pays d'origine si on veut parvenir à un compromis acceptable qui aura le mérite de rendre les choses plus claires sur un marché aujourd'hui déstabilisé par nombre d'affaires scabreuses.  Se retrouver pointé du doigt n'a cependant pas empêché le Musée Guimet de faire valoir ses droits une semaine plus tôt à l'Hôtel Drouot pour faire retirer 23 lots d'une succession, dont des cachets impériaux chinois d'époque Qianlong en néphrite, en arguant que ceux-ci faisaient en fait partie d'une donation par testament. Là, il n'y a pas eu à chinoiser...  Vendredi 23 juin 2006, le marché aux Puces de Saint-Ouen a ressemblé à une tour de Babel en déshérance, ce qui a peu motivé les chineurs, dépités de ne rien y trouver d'intéressant. Saint-Ouen est devenu un marché proche de l'agonie depuis Septembre 2001 et l'intervention des troupes américaines en Irak en mars 2003. Résultat: sur les 2200 marchands du lieu, rares ont été ceux qui ont réalisé des miracles chaque week-end. En attendant, ceux qui ont été fidèles au poste ont eu droit dans la matinée à un contrôle de leurs livres de police comme si le stress provoqué par l'absence de clients ne leur suffisait pas.  Le Village Suisse n'a pas été mieux loti ces derniers temps en restant lui aussi boudé des visiteurs et pourtant, une marchande du coin spécialisée en tableaux anciens a eu la surprise il y a peu de voir débarquer dans sa boutique une Américaine qui en une journée a effectué des achat pour un montant spectaculaire. Une aubaine qui a permis à cette chanceuse d'ouvrir une boutique dans le quartier Rive Droite.  Samedi 24 juin 2006, reçu un mail d'une visiteuse assidue du site artcult qui s'est inquiété du sort injuste réservé à des artistes de talent comme le dénommé Mirsad, boudé par des grandes galeries.  Pas facile d'assurer la promotion d'un artiste contemporain, tout génial qu'il soit, parce que ces galeries ne jouent en général que sur des valeurs sûres. La course à la célébrité est semé d'obstacles de toutes sortes et  sans agent capable d"audace et dotés de relations, c'est souvent mission impossible. N'est pas Perrottin qui veut pour lancer dans le bain des artistes plus intéressants que Jeff Koons et consorts. La donne n'est donc pas près de changer, à moins de se faire aider par des représentants dignes d'avoir l'envergure d'un Leo Castelli. De plus, les artistes qui vivent en France souffrent d'un sacré handicap, à savoir que dans ce pays, il est nettement plus difficile de se faire une place au soleil, contrairement aux Etats-Unis où la démesure n'a souvent pas de limites. Là-bas, on fabrique des stars vendues ensuite à coups de centaines de milliers de dollars. En France, pays où l'argent est encore tabou, les meilleurs artistes vivants dont les oeuvres se vendent au-delà de 75 000 euros se comptent à peine sur les doigts d'une main et sur le plan international, hormis Soulages, ils sont quasiment inexistants. 		 
			
			Mardi 27 juin 2006, venu de Los Angeles à Paris avec l'espoir de faire authentifier deux œuvres de Chardin, « Gégé le Belge » a malheureusement appris que celles-ci n'étaient que des pastiches, une nouvelle qui a eu de quoi l'ébranler au point d'avoir une alerte cardiaque et de passer deux jours en observation à l'hôpital. A force de courir voir les experts en sautant d'un avion à l'autre, le courtier a fini par mettre son coeur à rude épreuve. Mercredi 28 juin 2006, « Le Canard Enchaîné » a lancé un pavé dans la mare en signalant que les plusieurs conservateurs de musées étaient issus de l'ENA et surtout proches du Président de la République, comme le nouveau responsable de la conservation du Château de Fontainebleau, le nouveau président de Chambord ou la présidente de l'établissement public du Musée de Versailles dont le mandat a été renouvelé pour cinq ans.  Le journal satirique a noté avec regret que ceux qui aspiraient à réussir une carrière comme conservateur d'un grand musée n'avaient pas vraiment besoin de s'épuiser à passer des concours et qu'il valait mieux pour eux d'être énarque et chiraquien. On finirait par croire que les conservateurs ne sont bons pour la plupart qu'à préserver des cornichons...  Jeudi 29 juin 2006, rencontre avec Chester Fielx, sacré prince des chineurs depuis sa découverte d'un autoportrait de Corot, acheté une misère et revendu pour une somme mirifique à un des plus grands marchands de Paris.  Ayant ainsi franchi un palier au niveau de ses possibilités financières, celui-ci a laissé tomber la chasse aux maîtres du XIXe siècle au profit d'œuvres modernes et contemporaines, avec parfois un certain bonheur comme durant la semaine écoulée puisqu'il a mis la main sur quelques pièces de choix signées Music, Fautrier, Brauner ou Hantaï. Le Luxembourgeois a donc taillé sa route en ayant la chance de son côté alors que son rival et ami « Gargamelle » dit aussi le « Gai Coquelet » n'a pas cessé de faire choux blanc depuis des mois, à croire que pour ce dernier, comme pour d'autres, chiner semble rimer avec pleurnicher.  En soirée, cocktail de clôture à la galerie Hoppenot, rue Le Pelletier, de l'exposition des œuvres d'Orcalyde créées par ordinateur. Il y a eu là beaucoup de monde pour admirer autant la belle créatrice que ses créations étranges. Orcalyde a eu au moins le mérite de savoir jouer d'un charme rare pour se faire apprécier.  Jeudi 6 juillet 2006, la société organisatrice de l'exposition « Vach'Art » qui s'est tenue à Paris du 27 avril au 16 juin avec la présentation dans plusieurs quartiers de la capitale de vaches en polyester décorées artistiquement, a vendu à Drouot Montaigne 60 des plus belles œuvres pour un total de 1 270 500 euros.  A l'occasion, « Miss Football » une vache réalisée par l'artiste René Marc Page a été adjugée pour 71 000 euros et une autre, titrée « Le Goût du Naturel » de Jean-Pierre Aldebert, a atteint 50 000 euros.  Organisée au profit d'œuvres caritatives, l'opération de la société DASSAS Communication a rapporté à celles-ci plus de 10 millions d'euros et permis de constater que l'art contemporain a dû le plus souvent son succès à des campagnes de promotion savamment orchestrées  permettant à certains artistes de se retrouver sur le devant de la scène en un rien de temps. Il n'est pas dit cependant que ces derniers soient vraiment les meilleurs et les plus méritants mais force est de reconnaître que le temps des Picasso, Matisse, Dali et autres grands artistes du XXe siècle est révolu et que l'aura des créateurs actuels repose plus sur la publicité qu'on fait sur leur nom. Jeff Koons et Maurizio Cattelan sont donc devenus à l'égal des marques qui se vendent le mieux.  L'artiste en vogue est maintenant associé à un gimmick en devenant un produit recherché comme Nike, Addidas ou Microsoft. On n'est plus dans l'art à proprement dit mais dans une sorte de consumérisme du luxe avec au bout une connotation spéculative. A la longue, cela risquera d'engendrer un CAC 40 des artistes plus élaboré que les listings des cotes qui n'ont pas cessé de gonfler depuis 20 ans. Voilà comment Pierre Soulages est passé d'un record à 400 000 euros à plus d'un millions d'euros en moins d'un an alors que les valeurs d'autres artistes ont explosé d'une manière étonnante dans le même temps. On peut donc s'attendre un jour ou l'autre à des corrections comme à la Bourse et cette perspective a de quoi faire frémir les amateurs…  . 		 
		
 
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