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Fernando Pessoa :Il y a deux sortes d'artistes : celui qui exprime ce qu'il ne possède pas, et celui qui exprime le surplus de ce qu'il a possédé
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Peintures
Ces dossiers réalisés par nos spécialistes vous permettront de
découvrir, aussi bien au travers d'entretiens avec des peintres renommés
que par des rétrospectives sur un genre ou courant, les trésors de la
peinture au fil du temps.
Entretiens - Salvador Dali , Andy Warhol,Francis Bacon,César avec Adrian Darmon
08 Décembre 2006
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Cet article se compose de 2 pages.
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Mai 1964 : Entretien avec Salvador Dali au café les 2 Magots à Saint-Germain-des-Prés. Salvador Dali, avec sa canne à pommeau d'or et ses chaussettes rouges trouées parle de sa conception de l'art. Dali : « Pour moi, la plus grande création artistique au monde est la gare de Perpignan » A.D : Pourquoi ? Dali : « Parce qu'elle est au centre du monde ! » A.D : « Ça, c'est vous qui le dites ! » Dali : « Justement, c'est parce que c'est moi qui le dit ! » A.D : « Bien… Mais où vous situez-vous dans l'histoire de l'art ?» Dali : « Comme le nœud ombilical qui relie le classique à la modernité, comme un lien au grandiose, comme un excrément majestueux dominant tout le reste des tas de merdes qui plaisent à un public ignare. Je suis un étron magique ! » A.D : « Qui ne dédaigne pas l'argent… » Dali : « ce n'est pas pour rien que l'anagramme de mon nom est Avidadollars ! » A.D : «C'est mieux que Dalida Valors , que Salad Dolivar ou que Doris Lavada… » Dali : «Certainement ! A moins que je n'eusse été une danseuse du Crazy Horse Saloon ! » A.D : « Vous auriez peut-être aimé… » Dali : «Le Crazy, c'est l'art du cul ! Mais là, on n'y connaît pas l'art du pet parfumé ! C'était une spécialité pratiquée par des filles expertes à Venise au XVIIIe siècle… Mais du cul à la culture, il n' y a qu'un pas… » A.D : « lequel ? » Dali : « Celui que je vais faire en me levant pour rejoindre ma limousine… Au plaisir ! » Salvador Dali, qui avait commandé un cognac, s'est levé en rigolant et a laissé à Adrian et ses copains de l'école de Journalisme, le soin de régler l'addition. Il ne s'appelait pas Avidadollars pour rien….
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Mai 1964 : Entretien avec Salvador Dali au café les 2 Magots à Saint-Germain-des-Prés. Salvador Dali, avec sa canne à pommeau d'or et ses chaussettes rouges trouées parle de sa conception de l'art. Dali : « Pour moi, la plus grande création artistique au monde est la gare de Perpignan » A.D : Pourquoi ? Dali : « Parce qu'elle est au centre du monde ! » A.D : « Ça, c'est vous qui le dites ! » Dali : « Justement, c'est parce que c'est moi qui le dit ! » A.D : « Bien… Mais où vous situez-vous dans l'histoire de l'art ?» Dali : « Comme le nœud ombilical qui relie le classique à la modernité, comme un lien au grandiose, comme un excrément majestueux dominant tout le reste des tas de merdes qui plaisent à un public ignare. Je suis un étron magique ! » A.D : « Qui ne dédaigne pas l'argent… » Dali : « ce n'est pas pour rien que l'anagramme de mon nom est Avidadollars ! » A.D : «C'est mieux que Dalida Valors , que Salad Dolivar ou que Doris Lavada… » Dali : «Certainement ! A moins que je n'eusse été une danseuse du Crazy Horse Saloon ! » A.D : « Vous auriez peut-être aimé… » Dali : «Le Crazy, c'est l'art du cul ! Mais là, on n'y connaît pas l'art du pet parfumé ! C'était une spécialité pratiquée par des filles expertes à Venise au XVIIIe siècle… Mais du cul à la culture, il n' y a qu'un pas… » A.D : « lequel ? » Dali : « Celui que je vais faire en me levant pour rejoindre ma limousine… Au plaisir ! » Salvador Dali, qui avait commandé un cognac, s'est levé en rigolant et a laissé à Adrian et ses copains de l'école de Journalisme, le soin de régler l'addition. Il ne s'appelait pas Avidadollars pour rien….
Entretien avec Andy Warhol, The Studio, New York, novembre 1981. A.D : « Considérez-vous que la publicité soit de l'art ? » Warhol : «L'art, c'est déjà de la publicité. La Joconde aurait pu servir de support à une marque de chocolat, à Coca Cola ou à tout autre chose. » A.D : « Soit… Mais vous avez détourné des produits pour en faire de l'art. Je pense notamment à la boite de Campbell's soup… » Warhol : « C'est ce que j'appelle de l'art consommable. Tout peut être art » A.D : « Comme vous dites : peut-être… Mais reprendre des images pour les coller à des tableaux, en faire des multiples, n'est-ce pas un peu facile ? » Warhol : « Il faut bien des précurseurs ! » A.D : « On aurait fait cela en Europe, ça n'aurait peut-être pas marché… » Warhol : « Parce que les Européens sont coincés… Quoique Yves Klein aurait pu… Il a bien été dans cette voie avec son fameux bleu… » A.D : « Par rapport à Picasso où vous situez-vous ? » Warhol : « Je suis là, il est mort… Au niveau artistique, je pense être un jalon » A.D : « Vous prenez-vous au sérieux ? » Warhol : « Je fais les choses sérieusement et avec un goût pour l'esthétisme… » A.D : «Sans plagiat ? » Warhol : «Je ne comprends pas le sens de votre question. De toute manière, les artistes s'inspirent des œuvres d'autres. Entretien avec Francis Bacon, mars 1984 A.D : «L'art peut-il avoir un côté déchiqueté comme à travers vos œuvres ? » Bacon : «Ce qui est lisse peut paraître superficiel… Ce qui peut nous interpeller, c'est la violence, la mort. La leçon d'Anatomie de Rembrandt possède ainsi tous les ingrédients d'un chef d'œuvre. » A.D : « Votre peinture est-elle psychanalytique ? » Bacon : « Elle va au delà des apparences, elle met à nu l'âme, elle la décortique. » A.D : « Pratiquez-vous l'autocritique ? » Bacon : «C'est une constante. J'ai détruit beaucoup d'œuvres produites avant la guerre parce que je ne les aimais plus. J'ai modifié mes instincts. » A.D : « Mais pourquoi cette peinture qui semble troublée, comme une photo ratée parce qu'on a bougé ? » Bacon : « Je ne cesse de m'interroger, de chercher le pourquoi du comment. Il est alors normal d'avoir une vision trouble de ce que je fais. Mais en fait, je cherche la réalité. Le monde semble beau mais au fond il est noir. Les plus beaux habits peuvent masquer une monstruosité. » A.D : « Vous avez d'abord été influencé par Picasso, puis vous êtes passé à la figuration. Pourquoi avoir tourné le dos à l'abstraction ? » Bacon : « La figuration permet de mieux cerner la souffrance. L'homme n'est pas une abstraction sinon le monde serait autrement. L'abstraction est une sorte d'échappatoire lorsqu'il s'agit de traiter de la condition humaine. Avec la figuration, je peux dévoiler les blessures… » Entretien avec César, mars 1991 A.D : «Sculptures en métal, compressions, expansions, pourquoi ? » César : « J'ai vécu longtemps comme un clochard. Je n'avais pas de fric pour travailler la pierre, le marbre ou le bronze. » A.D : « C'est donc la misère qui t'a conduit aux décharges et aux casses de voitures ? » César : « Exactement ! J'ai découvert des tas de ferrailles qu'on pouvait assembler pour en faire des sculptures… » A.D : « Et à partir de là , le succès est donc venu… » César : «C'est vrai, mais je m'interroge toujours sur ma condition, je ne suis jamais sûr d'être devenu un grand artiste.» A.D : « Mais la célébrité est bien là. Tu es adulé, on te flatte, on t'invite partout, on te demande de créer une statue pour les oscars du Cinéma français que tu baptises César, on te voit à la télévision, on écrit des tas de choses sur toi, alors pourquoi cette angoisse ? » César : « J'ai vécu pauvrement à Paris, trop longtemps pour croire aujourd'hui que j'ai réussi. » A.D : «Ne dis pas de bêtises ! Tu as réussi ! » César : « Tu crois ? » A.D : « Tu joues un peu trop au cabotin ! D'ailleurs, on pourrait même te reprocher d'être devenu un peu trop mondain. » César : « les mondanités sont devenues nécessaires. Mais je sais que j'ai affaire souvent à des cons ! » A.D : « N' as-tu pas un peu triché ces dernières années, laissant à des aides le soin de réaliser tes sculptures, tes compressions et tes expansions ? » César : « Le designer c'est moi ! Je vais d'ailleurs te faire un aveu : je suis un peu foutu ( il ouvre sa chemise, montre son torse nu, se tourne et montre une énorme cicatrice qui lui barre le côté et une partie du dos). Tu vois, on m'a enlevé un rein. Je n'ai plus la force de soulever des trucs lourds. Samson a perdu de sa force ! » A.D : « C'est une excuse valable. N'empêche, tu t'es lancé dans de une sorte de production industrielle et ton rôle se limite à celui d'un concepteur.» César : «Fada ! T'es bien méchant avec moi ! Cela dit, ça paie… » A.D : « Te voilà devenu un artiste capitaliste… » César : « Malgré ma barbe, je ne m'appelle pas Karl Marx ! Un artiste sans argent, ne peut pas s'exprimer… » En mai 1997, Adrian a croisé César au marché aux Puces de Saint-Ouen en compagnie d'une jeune femme. « Elle m'a redonné ma jeunesse !, » lui-a-t-il dit fièrement. César, mort d'un cancer au début de décembre 1998, n'aura connu le bonheur d'un amoureux transi que l'espace de quelques mois… Adrian Darmon
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