La Fondation Beyeler à Bâle (Suiisse) présente jusqu'au 2 septembre 2012 une exposition consacrée à l'extravagant artiste américain Jeff Koons, une des stars les plus recherchées du marché de l'art contemporain.
Quatre ans après avoir créé l'événènement et causé un certain scandale avec la présentation de ses oeuvres kitsch et sulfureuses au château de Versailles, Jeff Koons a profité de cette exposition pour essayer de rappeler que les collectionneurs étaient motivés par des coups de coeur et non pas par l'envie de spéculer lorsqu'ils achetaient ses créations élaborées avec l'aide d'une centaine d'assistants.
Maintenant âgé de 57 ans, Koons a continué à faire débat au sujet de sa démarche, vue par certains comme une imposture et par d'autres comme phénoménale. Néanmoins, le fait de concevoir la maquette d'une oeuvre pour la faire réaliser par d'habiles assistants semble de nature à lui dénier le droit de se considérer comme un véritable artiste comme Picasso mais plutôt à le considérer comme un designer ayant marché dans les pas d'Andy Warhol pour se revendiquer son héritier.
Il serait donc grand temps de réviser la légende de Warhol pour admettre enfin que ce dernier, issu de la monde de la publicité, n'a eu en fait que le génie d'utiliser des icônes de notre société pour les multiplier à l'envi et en faire de l'art en suivant ainsi l'exemple de Duchampqui, avec son fameux urinoir, osa transformer un vulgaire élément sanitaire en un objet propre à créer une révolution artistique.
Koons a donc revisité Duchamp et Warhol à sa façon pour aller plus loin dans l'humour et l'extravagance à travers des oeuvres qui pour le commun des mortels prêteraient à sourire tandis qu'elles font craquer les millionnaires paraissant marqués par leurs souvenirs de prime jeunesse à la manière du magnat du film "Rosebud" d'Orson Welles qui lors de son dernier souffle ne pense plus qu'au traineau avec lequel il jouait enfant.
Koons joue avec la céramique colorée ou le métal poli pour créer des effets étonnants propre à ébahir des collectionneurs comme François Pinault et à rendre incrédules bien des amoureux de l'art qui ont du mal à comprendre le côté kitsch de ses oeuvres lesquelles ne laisseraient probablement pas insensible un réalisateur de films fantastiques comme Tim Burton. Bien plus intéressante semble être toutefois la démarche de l'artiste britannique Marc Quinn dont l'exposition "Littoral Zone" qui se tient au Musée océano-graphique de Monaco jusqu'au 15 octobre est bien plus décoiffante.
Tandis que le registre de Koons se limite plutôt à l'humour, l'art de Quinn donne dans la dérision et le spectaculaire comme avec sa statue géante de Kate Moss en or, son autoportrait sculpté avec plusieurs litres de son sang congelé, "La Découverte du Feu", une installation montrant deux squelettes entourés de véritables flammes en train de copuler ou son bébé gigantesque allongé sur un socle qui trône sur le parvis du musée.
Loin des sujets icôniques ou sirupeux choisis par Koons, Quinn se montre plus en phase avec les préoccupations de nos contemporains en interrogeant les origines de la vie et les liens avec la mort pour jongler avec les mystères de la création, la fragilité de l'existence et l'éphémère pour sensibiliser le spectateur et l'inviter à des réflexions philosophiques. Assurément, Quinn occupera tôt ou tard une place plus importante que Koons dans l'histoire de l'art contemporain.
Adrian Darmon