Le Grand Palais à
Paris organise du 18 septembre 2013 au 6 janvier 2014 une exposition
rétrospective, la première depuis 40 ans, en l'honneur de Georges Braque, le
co-inventeur du Cubisme avec Pablo Picasso.
Ce sont 220 chefs
d'œuvre que le public va découvrir ou redécouvrir pour remettre à l'honneur
Georges Braque (1882-1963) un artiste qui vécut un peu dans l'ombre de Picasso
après avoir été son alter ego et même son inspirateur.
D'abord membre du
mouvement fauviste, Braque se tourna vers le Cubisme en 1907 en ouvrant la voie
à une formidable révolution dans le domaine de l'art mais sa carrière marqua un
temps d'arrêt lorsqu'il fut mobilisé sur le front au début de la Première
Guerre Mondiale.
Sorti brisé et démoralisé
de ce conflit meurtrier au cours duquel il faillit perdre la vue après avoir
été gazé, Braque mit du temps à se reconstruire tandis que Picasso, épargné par
la guerre du fait de sa nationalité espagnole, continua de travailler
d'arrache-pied pour alors connaître le succès.
Ce ne fut qu'au
début des années 1930 que l'artiste revint sur le devant de la scène avec des
natures mortes déclinées avec pureté, malheureusement pour peu de temps puisque
la Seconde Guerre Mondiale vint le marquer à nouveau et l'assaillir d'une
sourde angoisse avec pour résultat de le faire produire des œuvres sombres,
comme des têtes de mort ou des crucifix dans la solitude de son atelier de
Varengeville, en Normandie.
Entre 1945 et sa
mort, Braque se rapprocha de Matisse mais ne retrouva plus sa veine créatrice
des années 1907 à 1914. Pourtant, il reste indissociable de Picasso avec lequel
il posa les fondements du Cubisme après avoir été inspiré par Cézanne durant sa
courte période fauve.
Braque se tourna
progressivement vers le Cubisme en jouant avec les formes pour ensuite les
suggérer en rivalisant d'audace avec les autres peintres de ce mouvement
éphémère tels Vlaminck, Derain ou Matisse avant de virer radicalement de bord
et de prendre des risques incroyables en compagnie de Picasso qui l'imita avant
de trouver son propre style.
On retiendra pour
l'histoire que Braque fut le véritable inventeur du Cubisme et que Picasso, qui
partagea un atelier avec lui, ne fut au départ qu'un sparring-partner qui se
plut à produire des œuvres reflétant les siennes jusqu'à l'orée de la Première
Guerre Mondiale au point de confondre le public face à des toiles non signées.
On doit à Braque
l'apparition des papiers collés, l'inclusion de titres de journaux, la
représentation d'instruments de musique et l'imitation des veinures du bois
dans la toile, des éléments repris à leur profit par Picasso et d'autres
artistes.
L'amitié entre
Braque et Picasso perdura longtemps mais le premier, plus intellectuel que le
second dont la nature était surtout instinctive, n'eut pas la chance de
poursuivre la carrière qui lui était promise, la faute à la guerre qui
l'empêcha de peindre entre 1914 et 1917 et qui le brisa mentalement durant de
longues années et l'empêcha vraisemblablement de se mettre scène comme le fit
Picasso d'une manière parfois obsessionnelle.
Il n'y a pas pour
ainsi aucun portrait ni d'autoportrait dans l'œuvre de Braque qui se concentra
sur la représentation des choses en travaillant plutôt en solitaire pour finir
par revenir à la figuration dans les derniers mois de sa vie.