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Deux hommes lourdement armés ont attaqué les locaux du journal satirique "Charlie Hebdo" à 11h30 ce mercredi 7 septembre 2015 à Paris et froidement assassiné 12 personnes dont plusieurs membres de la rédaction, notamment les dessinateurs Wolinski, Cabu, Charb et Tignous en signe de vengeance contre les caricatures du prophète Mahomet et de chefs djihadistes publiées ces dernières années par cet hebdomadaire.

Deux policiers chargés de la protection de l'immeuble abritant les bureaux de la revue ont figuré parmi les personnes abattues par ces hommes cagoulés qui en ont blessé une dizaine d'autres avant de prendre la fuite à l'issue de cette attaque meurtrière qui a révulsé la France entière.

Depuis l'affaire Merah, ce n'est pas seulement la France qui est devenue la cible de fanatiques déterminés à imposer au nom de l'Islam leurs croyances aveugles au monde libre mais aussi la Belgique, le Canada, l'Australie, le Nigéria, le Kenya, le Mali, la Mauritanie, le Pakistan ou la Chine.

A Paris, c'est à la liberté de la presse et au droit de penser que ces terroristes s'en sont pris dans le but de détruire les fondements de la république en massacrant des journalistes qui dénonçaient avec humour les travers de la société.

Wolinski, Cabu, Charb et Tignous ne faisaient que rire des imbéciles et de ceux qui avaient une vision étriquée du monde. Ils ont payé de leur vie le droit de dénoncer les abrutis qui ne savent que professer la haine en les montrant sous leur jour le plus ridicule. Leur perte représente ainsi plus qu'un crime de lèse-majesté envers la liberté d'expression et promet à toute démocratie des moments inquiétants face à la menace des obscurantistes.

En fait, le monde libre n'a pas su  mesurer cette menace en croyant contenir le terrorisme loin de ses frontières sans vraiment prendre conscience des dégâts commis en Irak , en Syrie, en Libye, en Afghanistan, au Pakistan ou en Afrique par des illuminés qui ont tiré habilement profit des réseaux sociaux sur Internet pour instiller le venin de leur propagande néfaste dans les consciences de nombreux faibles d'esprit en Europe ou ailleurs.

Le but de ces fanatiques financés par des Etats menant un double jeu dangereux n'est rien moins que de conquérir le monde. Pour ce faire, ils ont massacré des populations et forcé des dizaines de milliers d'individus à fuir les régions qu'ils ont occupées pour aller se réfugier principalement en Europe avec l'espoir d'une vie meilleure sauf que nombre de pays affectés par la crise économique seront dans l'incapacité de leur permettre de se reconstruire. C'est là aussi, une stratégie des chefs de l'Etat islamique qui comptent affaiblir l'Europe avec des multitudes de migrants dont certains pourraient devenir des terroristes à leur tour.

Né d'une mère franco-italienne et d'un père juif polonais dirigeant une entreprise de ferronnerie d'art à Tunis, Wolinski avait été élevé par ses grands-parents maternels pâtissiers, son père étant mort lorsqu'il avait 2 ans tandis que sa mère tuberculeuse avait été envoyée dans un sanatorium en France.

Ce ne fut qu'à l'âge de 13 ans qu'il rejoignit sa mère remariée avant de fréquenter le lycée de Briançon où il rencontra sa première femme Jacqueline épousée en 1961 avec qui il eut deux filles.

Il travailla d'abord dans l'entreprise de tricot de son beau-père à Fontenay-sous-Bois avant de publier  ses premiers dessins dans "Rustica" en 1958 et de rencontrer deux ans plus tard François Cavanna qui le fit entrer dans l'équipe du magazine "Hara-Kiri".

Wolinski collabora en 1968 au "Journal du Dimanche" où il rencontra Maryse, sa seconde femme, avant de devenir rédacteur en chef de "Charlie Hebdo" de 1970 à 1981.

Après avoir oscillé entre des styles très différents, Wolinski formula un graphisme mettant l'accent sur l'expressivité de ses personnages en devenant célèbre à travers ses dessins publiés dans la revue "Action" qui firent de lui une star de la caricature lors des événements de mai 1968.

Né le 13 janvier 1938 à Châlons-en-Champagne, Jean Cabut diit Cabu se fit connaître par ses personnages du Grand Duduche et du Beauf publiés dans divers journaux satiriques comme "Hara Kiri", "Charlie Hebdo" ou "Le Canard Enchaîné" après avoir fait des études artistiques à l'Ecole Estienne à Paris et publié en 1954 ses premières illustrations dans le quotidien "l'Union de Reims".

Mobilisé pendant 27 mois durant la Guerre d'Algérie, il collabora au journal de l'armée "Le Bled" basé à Constantine en côtoyant le journaliste Philippe Labro et l'acteur et réalisateur Francis Veber ainsi qu'à "Paris-Match".

Revenu à la vie civile et devenu antimilitariste et anarchiste de coeur, Cabu se plut à dénoncer les nostalgiques de l'ordre à tout crin dans ses dessins en collaborant à "L'Enragé"ou  d'autres journaux satiriques où il rencontra Gébé, Wolinski, Fred ou Reiser trop tôt disparu.

Il travailla également pour "Paris-Presse" avant de couvrir en 1966 le procès Ben Barka pour le Figaro et reçut en 1969 le "Crayon d'or" du dessin de presse remis par Pierre Dac avant de rejoindre "Hara Kiri Hebdo" puis après l'interdiction de cette revue "Charlie Hebdo".

Rencontrant un grand succès dans les années 1970-1980, il publia de nombreux albums consacrés à ses personnages favoris et travailla pour le nouveau "Charlie Hebdo" en 1982 ainsi que pour "Le Canard Enchaîné"  tout en apparaissant dans les émissions Récré A2 ou Droit de Réponse que présentait Michel Polac.

Cabu fit aussi des piges pour "Ici Paris", "Jazz Hot", "Candide", "Rock & Folk", "Le Journal du Dimanche", "Le Nouvel Observateur", "Le Figaro Littéraire", "Le Monde" , " Politique Hebdo" et un tas d'autres journaux . Il illustra également de nombreux livres et pochettes de disques et eut droit de septembre 2006 à janvier 2007 à une exposition en son hommage à l'Hôtel de Ville de Paris ainsi qu'à une exposition consacrée à son personnage du Grand Duduche du 12 décembre 2008 au 10 janvier 2009 à la librairie Goscinny.

Né le 21 août 1967 à Conflans-Sainte-Honorine Stéphane Charbonnier, dit Charb travailla pour de nombreux journaux comme "L'Echo des Savanes", "Télérama","Fluide Glacial" ou "L'Humanité" en se faisant connaître à travers ses dessins de Maurice et Patapon, le chien et le chat anticapitalistes avant de succéder en mai 2009 à Philippe Val comme directeur de  "Charlie Hebdo".

Il avait signé régulièrement une rubrique satirique appelée "La fatwa de l'Ayatollah Charb" dans la gazette de "Fluide Glacial" et avait participé en 2007 et 2008 à l'émission télévisée "T''empêches tout le monde de dormir" de Marc-Olivier Fogiel sur M6  en tant que dessinateur de plateau.

Proche du Front de Gauche et du Parti communiste, Charb avait reçu des menaces de mort en 2012 suite à la seconde affaire des caricatures de Mahomet qui lui avait valu d'être protégé par la police.

"C'est lourd au quotidien, surtout à Paris, d'être sans arrêt sous surveillance. Mais je n'ai pas peur des représailles. Je n'ai pas de gosses, pas de femme, pas de voiture, pas de crédit. Ça fait sûrement un peu pompeux, mais je préfère mourir debout que vivre à genoux" avait-il dit dans une interview..