Une féroce bataille familiale a éclaté entre Albert Uderzo, créateur en 1959 avec son ami René Goscinny du héros gaulois Astérix, et sa fille unique Sylvie suite à la vente de la maison d'édition Albert René qu'elle avait dirigé durant 20 ans que celui a conclu avec le groupe Hachette.
Pour Uderzo, il s'est agi d'une simple transmission d'entreprise, négociée le 12 décembre 2008 au bout de 18 mois de négociations avec Hachette Livre, ce dernier, détenteur de 40% de part de la maison Albert René, ayant pu obtenir l'appui d'Anne Goscinny, fils unique de René Goscinny mort en 1977, qui détenait de son côté 20% des parts. Au terme de cet accord, Hachette Livre a ainsi récupéré l'exploitation des 24 premiers albums de la série Astérix pour compléter son catalogue, Uderzo ayant apparemment accepté la poursuite des aventures de son héros après sa mort.
Les choses se sont compliquées lorsque Sylvie Uderzo a fait paraître le 14 janvier 2009 une tribune dans le journal « Le Monde » pour dénoncer cet accord tout en signalant qu'elle avait été renvoyée sans ménagement des éditions Albert René le 14 décembre 2007, mais qu'elle détenait toujours 40 % des parts de la société.
Pour Sylvie Uderzo, son père a été manipulé par «les pires ennemis d'Astérix, les hommes de l'industrie et de la finance», un commentaire qui a fortement déplu à ce dernier, lequel a répondu via un communiqué publié par l'AFP que ce qui avait été cédé n'était rien de plus que des actions d'une société d'édition créée en 1979 et que l'accusation dirigée contre lui visait à abuser les lecteurs d'Astérix en confondant de manière perfide sa qualité d'auteur et celle d'actionnaire d'une maison d'édition.
Le différend entre Uderzo et sa fille aurait en fait pris corps en 2005 lorsque le gendre du dessinateur, Bernard Boyer de Choisy, s'était chargé du lancement du 33e album des aventures d'Astérix, « Le ciel lui tombe sur la tête » tiré à trois millions et demi d'exemplaires en France et six millions en Europe, une opération de marketing pharaonique qui aurait mis Uderzo mal à l'aise d'autant plus que le succès ne fut pas au rendez-vous.Albert Uderzo aurait alors fini par trouver son gendre qu'il a surnommé "Iznogoud" par dérision, trop envahissant et agaçant pour finalement le mettre sur la touche et remercier au passage sa fille pour «faute grave et rupture de confiance». De plus, le dessinateur n'avait guère apprécié d'apprendre que son gendre avait vendu aux enchères la couverture de "La Rose et le Glaive" qu'il avait offert à sa fille à l'occasion de son mariage et que celui-ci avait récupéré sans son consentement d'autres planches prêtées lors d'expositions.
Sylvie Uderzo a estimé avoir été licenciée de manière abusive tout en redoutant de voir son père aller jusqu'à créer une Fondation Astérix qui la priverait de l'héritage des planches d'Astérix ainsi que du droit moral inaliénable et incessible après la mort de son père. Elle a ainsi décidé dans un premier temps de déposer un référé devant le tribunal de commerce de Paris pour connaître tous les détails et les conditions particulières de la vente des éditions Albert René.
Pour sa part, Anne Goscinny a déclaré comprendre qu'Albert Uderzo ait voulu "être délivré des contingences de gestion de sa maison d'édition" tout en regrettant le différend l'opposant à sa fille qui selon elle a fini par être un gâchis colossal .
Les responsables du groupe Hachette ont simplement tenu à respecter le souhait d'Albert Uderzo de se recentrer sur son métier d'auteur en indiquant qu'il préparait un nouvel album à paraître le 22 octobre 2009 pour le 50e anniversaire d'Astérix en montrant le souci de préserver l'avenir du personnage qu'il avait créé avec René Goscinny.
Après la disparition de René Goscinny, Uderzo avait estimé que le succès d'Astérix appartenait en partie aux lecteurs et qu'en conséquence, il avait cru bon devoir continuer l'aventure de son héros gaulois sauf que depuis plus de 30 ans, les avatars de ce dernier et d'Obélix ont dépassé le cadre de leurs exploits contre les envahisseurs romains pour envahir les salles d'audience du palais de justice et finir par une histoire de famille. Autant dire que la potion a fini par être dure à avaler...