L'Egypte a décidé de suspendre sa
coopération archéologique avec le musée du Louvre en exigeant la restitution de
fragments de fresques de l'ère pharaonique qui selon elle auraient été volés,
a-t-on appris le 6 octobre 2009.
Estimant que l'achat d'œuvres
volées par des musées présuppose que ceux-ci encouragent ouvertement la
destruction et le pillage d'antiquités égyptiennes, Le Caire réclame ainsi cinq
fragments de fresques issus du tombeau d'un dignitaire de la XVIIIème dynastie
(1550-1290 avant J.C.), situé dans la Vallée des Rois, près de Louxor.
Pour sa
part, Le Musée du Louvre a indiqué que La commission d'achat de la direction
des musées de France avait fait ces acquisitions en toute bonne foi en 2000 et
2003 en pensant que les fragments avaient quitté l'Egypte avant la ratification
en 1997 par la France de la Convention de l'Unesco de 1970 laquelle exonère
toute rétrocession pour des opérations antérieures à cette date.
La
direction du Louvre a par ailleurs indiqué qu'elle était disposée à rendre ces
pièces dans le respect des procédures nationales mais que pour ce faire, elle
était dans l'attente d'un avis de la Commission scientifique nationale des
collections des musées de France appelé à être rendu sous peu.
En attendant, le secrétaire général du Conseil
supérieur égyptien des antiquités Zahi Hawass a déclaré que deux conférences
qui devaient être organisées avec le Louvre avaient été annulées et que les
travaux menés près du Caire par celui-ci sur le site archéologique de Saqqara
étaient suspendus.
M. Hawass
a révélé que l'Egypte avait fait sa demande de restitution il y a deux mois
avant de la rendre désormais publique tout en rejetant l'idée qu'elle pouvait
être liée à l'échec le mois dernier de la candidature du ministre de la Culture
égyptien, Farouk Hosni, pour le poste de directeur-général de l'Unesco dont le
siège se trouve à Paris.Il n'en reste
pas moins que cette candidature avait fait l'objet d'une vive campagne de la
part de nombreux intellectuels français qui avaient dénoncé des prises de
position antisémites prises dans le passé par M. Hosni, un fait qui a provoqué
la publication dans la presse égyptienne d'articles peu obligeants envers la France.
Depuis
quelques années, l'Egypte, dont le fabuleux patrimoine archéologique a été
pillé durant des siècles, n'a pas manqué de s'en prendre à de nombreux musées
pour réclamer des pièces sorties du pays bien avant même l'application de la
Convention de l'Unesco en 1970. Allant même plus loin, Le Caire ne s'est pas privé de faire pression
depuis des années sur l'Allemagne pour récupérer un buste de la fameuse reine
Néfertiti qui se trouve au Musée de Berlin depuis 1913.