Soupçonné d'avoir dissimulé la fortune de son père après le décès de ce dernier en octobre 2001, Guy Wildenstein a été convoqué par l'Office central de répression contre la grande délinquance financière pour être auditionné sur l'état réel du patrimoine laissé par le grand marchand d'art, a-t-on appris le 13 avril 2011.
Guy Wildenstein a été soupçonné de fraude et d'évasion fiscale suite à une information judiciaire ordonnée par le Procureur de la République dans la longue affaire de la succession de Daniel Wildenstein contestée par Sylvia Roth, la veuve de ce dernier ,après qu'elle eût renoncé dans un premier temps à sa part d'héritage au prétexte que son mari était mort ruiné.
A la mort de Daniel Wildenstein, Sylvia Roth avait appris ainsi que son patrimoine n'était évalué qu'à 40 millions d'euros et que si elle réclamait sa part d'héritage, elle se verrait contrainte à supporter de supposées dettes, notamment auprès du Fisc.
Après avoir accepté de bénéficier de la jouissance d'un appartement de 500 mètres carrés donnant sur le Bois de Boulogne et d'une rente annuelle de 400 000 euros, Sylvia Roth avait finalement porté plainte contre ses beaux-fils Guy et Alec en les accusant d'avoir dissimulé la fortune de son mari, évaluée selon elle à plus de 6 milliards d'euros à travers des trusts établis dans des paradis fiscaux.
S'estimant également lésée, Liouba Stoupakova, la veuve d'Alec avait emboîté le pas de Sylvia Roth en portant plainte à son tour en 2010 contre Guy Wildenstein en l'accusant de blanchiment d'argent et d'organisation d'insolvabilité.
Malgré le décès de Sylvia Roth en novembre 2010, la machine judiciaire s'est emballée pour mettre Guy Wildenstein sur la sellette avec une perquisition opérée au siège du Wildenstein Institute où ont été saisis des tableaux disparus notamment de la succession Rouart dont il avait été un des exécuteurs testamentaires.
Lors de l'ouverture du testament de Guy Wildenstein, Sylvia Roth s'était étonnée de ne pas voir des milliers de tableaux ainsi que plusieurs propriétés y figurer pour ensuite entamer une longue procédure au cours de laquelle M° Dumont-Beghi, son avocate, était parvenue à dresser la liste de divers trusts abritant la collection familiale et d'autres biens.
Durant la première semaine du mois d'avril, les
deux juges chargés de l'enquête sur la sulfureuse succession
Wildenstein avaient signalé attendre une réponse primordiale du
ministère des Finances à leur courrier adressé il y a près de quatre
mois dans lequel ils avaient évoqué des soupçons de fraude fiscale. Dans ce courrier adressé le 23 novembre au ministère des Finances, les
juges avaient évoqué de sérieux soupçons de fraude fiscale lors de la
succession Wildenstein en établissant une longue liste de biens non
déclarés, notamment une énorme collection de tableaux mise à l'abri
dans des trusts établis à l'étranger ou stockés à la galerie
Wildenstein de New York, des propriétés au Kenya et aux îles Vierges
ainsi qu'un compte bancaire au Japon qui n'aurait pas été déclaré.
Chargés depuis plusieurs mois de l'instruction pour « Blanchiment » et « abus de confiance »
, les deux magistrats ont eu l'intime conviction que la succession de
Daniel Wildenstein a donné lieu à une importante fraude fiscale
financièrement préjudiciable pour l'Etat.Guy Wildenstein devra donc prouver aux enquêteurs que le montage de la succession de son père était légal aux yeux de la loi.