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Le massacre des baleines, il faut dire que c'est assez...
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LE MARCHE DE L'ART A L'HEURE CHINOISE Par Adrian Darmon
29 Février 2012 Catégorie : News
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Cet article se compose de 3 pages.
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En attendant, devenue la première
place du marché devant les USA, la Chine a rebattu les cartes de manière
problématique puisque six artistes chinois, Zhang Daqian, Qi Baishi, Wu
Guanzhong, Fu Baoshi et Li Keran, ont été classés par Artprice parmi les dix
actuellement les plus chers au monde.
En 2011, China Guardian a réussi
la gageure de vendre pour l'équivalent de 57,2 millions de dollars une œuvre de
Qi Bashi titrée « Eagle Standing on Pine Tree, Four character couplet in
seal script ». On peut toutefois s'interroger sur un tel résultat quand on
sait que Qi Bashi s'est largement inspiré des peintres chinois du Moyen-Âge
pour créer des oeuvres qui n'intéressent pour l'instant que des amateurs
chinois dont la fortune de certains pose question.
On peut en effet se demander par
quel miracle les fortunes colossales des nouveaux riches chinois ont- pu être
bâties en moins de 20 ans, c'est à dire bien plus rapidement que celles des
magnats européens ou américains, ce qui n'a pas manqué d'alimenter des soupçons
de blanchiment d'argent sur les marchés asiatiques, principalement à Hong Kong,
devenu un port franc pour le commerce de l'art.
Il conviendra donc de faire
preuve de prudence tant que les artistes chinois n'auront pas intéressé des
acheteurs venus d'autres horizons que l'Asie, lesquels ont misé en premier lieu
sur l'art moderne qui a connu une importante embellie en 2011 avec 164 000
œuvres vendues pour plus de 6 milliards de dollars de ventes mais là encore, il
faudrait faire abstraction de la Chine qui a représenté près de la moitié de
ces ventes grâce à des artistes comme Qi Baishi, Zhang Daqian ou XU Beihong ,
devenus aussi recherchés que Warhol ou Picasso dont le meilleur résultat en
2011 n'a été que de 22,5 millions de livres sterling obtenus chez Sotheby's à Londres
pour une toile représentant Marie-Thérèse Walter.
Dans le domaine de l'art ancien,
les Chinois ont également largement dominé les débats avec 704 millions de dollars de
ventes, contre 248 millions pour la Grande-Bretagne et 128 millions pour les
Etats-Unis grâce à la dispersion d'œuvres de maîtres des anciennes dynasties,
comme Wang Meng de la période yuan dont une encre sur papier a atteint
l'équivalent de 54 millions de dollars en juin 2011 chez Poly International.
Dans le domaine de l'art
contemporain, 41 000 œuvres ont été vendues en 2011 pour un produit total de
1,26 milliard de dollars, dont 540 millions rien que sur le marché chinois
devenu très florissant sauf que les oeuvres de Zeng Fanzhi, Chen Yifei, Zhang Xiaogang et
autres ont surtout été vendues en faveur d'amateurs asiatiques même si des
collectionneurs étrangers ont commencé à s'intéresser à ces derniers mais à cet
égard, Artprice affiche sa confiance dans le fait que ces artistes ont encore
une importante marge de progression devant eux.
Pour Artprice, le fait que Qi
Baishi (1864-1957) et Zhang Daqian, lequel a cumulé 550 millions de dollars de
ventes avec notamment une enchère record de 21,8 millions dollars pour son
œuvre « Lotus and Mandarin Ducks » en 2011, soient en tête du
hit parade des artistes les mieux vendus dans le monde (devant Warhol et
Picasso) est un indicateur important du renversement de tendance constaté en
faveur du marché chinois où l'argent- pas toujours propre- coule à flots. On
notera par ailleurs que la cote de
Zhang Daqian a carrément triplée depuis 2005.
Ailleurs, les œuvres d'Andy
Warhol (1928-1987), plutôt boudé en Asie, ont continué à bien se vendre avec un
total de ventes de 325 millions de dollars alors que Picasso a reculé à la 4e
place avec un total de 315 millions de dollars dont seulement 39 œuvres
adjugées au-delà de la barre d'un million de dollars, ce qui dénote la volonté
des amateurs à ne miser que sur des œuvres de choix.
A signaler la montée en puissance
de l'artiste Xu Beihong (1895-1953) qui a pris la 5e place du
hit-parade avec un total de 220 millions de dollars pour 316 lots, selon
Artprice. Encore une fois, c'est surtout en Chine que cet artiste s'est le plus
vendu (99%) avec notamment une enchère équivalente à 36,7 millions de dollars
pour sa toile « Cultivation on the peaceful land ».
Wu Guanzhong (1919-2010), un
autre artiste chinois, a pris la 6e place du classement avec 212
millions de dollars d'œuvres vendues, sa cote ayant grimpé de manière
significative quelques mois après sa disparition, alors que la 7e
place a été occupée par Fu Baoshi (1904-1965), surnommé le « Van Gogh
chinois » avec un total de ventes de 198 millions de dollars dont une
enchère record de 31,5 millions de dollars pour une œuvre titrée « Landscapes »
de 1964/1965.
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Contrairement à la crise qui a
sévi sur les places financières et boursières de la planète, le marché de l'art
a continué en 2011 à progresser grâce notamment à une croissance spectaculaire
enregistrée en Chine et dans d'autres pays émergents.
Depuis la libéralisation de son
économie, la Chine a connu un tournant important au plan culturel, et ce grâce
à un nombre accru d'amateurs devenus immensément riches en moins d'une décennie
qui ont permis au marché chinois d'enregistrer une croissance proche de 50% en
2011.
Le marché asiatique a ainsi
enregistré près de six fois plus de dispersions d'œuvres vendues entre 100 000 et un million de
dollars ainsi que 774 enchères dépassant le million de dollars contre 426 aux
USA, selon un rapport publié par Artprice. En 2011, le marché de l'art mondial a donc enregistré une progression de plus
de 20% par rapport à 2010 et ce grâce à l'insolente santé du marché chinois qui
s'est taillé la part du lion avec plus de 40% des ventes, loin devant les
Etats-Unis (23,6%) ou la Grande-Bretagne (19,4%) alors que la part du marché
français n'a été que de 4,5%.
Au vu des performances du marché,
l'art représente un refuge à l'abri des tourmentes boursières et financières.
En raison de la crise néanmoins, les Etats-Unis et l'Europe n'ont pas cessé de
perdre de leur influence sur le marché au profit des places asiatiques boostées
par des boulimies d'achats.
L'accroissement du déséquilibre
entre l'Asie et le reste du monde a finalement présenté un risque évident pour
le marché qui ne vit essentiellement qu'à travers des ventes de prestige
puisque les amateurs américains et européens ont fini par s'inquiéter de la
crise en devenant moins nombreux à acheter.
L'autre déséquilibre, pour
l'instant manifeste, a résidé dans le fait que les enchérisseurs asiatiques ont
donné la priorité à des achats d'œuvres provenant de leurs pays, quand bien
même certains d'entre eux ont commencé à sauter le pas en spéculant sur des œuvres
occidentales.
En 2011 marché de l'art mondial a
enregistré un total de ventes de 11,57 milliards de dollars, soit deux
milliards de plus qu'en 2010 mais il convient de faire utilement la part des
choses face à cette performance, même si les ventes ont progressé
spectaculairement un peu partout en Europe, surtout en Grande-Bretagne (+24%)
ou en Allemagne (+23%) alors qu'elles ont baissé de 3% aux Etats-Unis, selon le
rapport Artprice.
Le marché de l'art a non
seulement profité de la progression des places asiatiques mais également d'un
accroissement des adjudications réalisées ailleurs, les amateurs se détournant des places
boursières pour effectuer des achats de précaution tant qu'ils ont pu disposer
de moyens financiers pour ce faire.
Si Christie's a poursuivi sa
domination sur le marché devant Sotheby's, celles-ci enregistrant 47% du
produit total des ventes (contre plus de 70% il y a dix ans) les maisons de
vente chinoises comme China Guardian et Poly International ont grignoté
inexorablement du terrain pour démontrer que la donne est en train de changer
progressivement.
Bref, on ne peut que constater que sans la phénoménale
progression des places asiatiques, le marché de l'art aurait connu un recul en
2011.
En attendant, devenue la première
place du marché devant les USA, la Chine a rebattu les cartes de manière
problématique puisque six artistes chinois, Zhang Daqian, Qi Baishi, Wu
Guanzhong, Fu Baoshi et Li Keran, ont été classés par Artprice parmi les dix
actuellement les plus chers au monde.
En 2011, China Guardian a réussi
la gageure de vendre pour l'équivalent de 57,2 millions de dollars une œuvre de
Qi Bashi titrée « Eagle Standing on Pine Tree, Four character couplet in
seal script ». On peut toutefois s'interroger sur un tel résultat quand on
sait que Qi Bashi s'est largement inspiré des peintres chinois du Moyen-Âge
pour créer des oeuvres qui n'intéressent pour l'instant que des amateurs
chinois dont la fortune de certains pose question.
On peut en effet se demander par
quel miracle les fortunes colossales des nouveaux riches chinois ont- pu être
bâties en moins de 20 ans, c'est à dire bien plus rapidement que celles des
magnats européens ou américains, ce qui n'a pas manqué d'alimenter des soupçons
de blanchiment d'argent sur les marchés asiatiques, principalement à Hong Kong,
devenu un port franc pour le commerce de l'art.
Il conviendra donc de faire
preuve de prudence tant que les artistes chinois n'auront pas intéressé des
acheteurs venus d'autres horizons que l'Asie, lesquels ont misé en premier lieu
sur l'art moderne qui a connu une importante embellie en 2011 avec 164 000
œuvres vendues pour plus de 6 milliards de dollars de ventes mais là encore, il
faudrait faire abstraction de la Chine qui a représenté près de la moitié de
ces ventes grâce à des artistes comme Qi Baishi, Zhang Daqian ou XU Beihong ,
devenus aussi recherchés que Warhol ou Picasso dont le meilleur résultat en
2011 n'a été que de 22,5 millions de livres sterling obtenus chez Sotheby's à Londres
pour une toile représentant Marie-Thérèse Walter.
Dans le domaine de l'art ancien,
les Chinois ont également largement dominé les débats avec 704 millions de dollars de
ventes, contre 248 millions pour la Grande-Bretagne et 128 millions pour les
Etats-Unis grâce à la dispersion d'œuvres de maîtres des anciennes dynasties,
comme Wang Meng de la période yuan dont une encre sur papier a atteint
l'équivalent de 54 millions de dollars en juin 2011 chez Poly International.
Dans le domaine de l'art
contemporain, 41 000 œuvres ont été vendues en 2011 pour un produit total de
1,26 milliard de dollars, dont 540 millions rien que sur le marché chinois
devenu très florissant sauf que les oeuvres de Zeng Fanzhi, Chen Yifei, Zhang Xiaogang et
autres ont surtout été vendues en faveur d'amateurs asiatiques même si des
collectionneurs étrangers ont commencé à s'intéresser à ces derniers mais à cet
égard, Artprice affiche sa confiance dans le fait que ces artistes ont encore
une importante marge de progression devant eux.
Pour Artprice, le fait que Qi
Baishi (1864-1957) et Zhang Daqian, lequel a cumulé 550 millions de dollars de
ventes avec notamment une enchère record de 21,8 millions dollars pour son
œuvre « Lotus and Mandarin Ducks » en 2011, soient en tête du
hit parade des artistes les mieux vendus dans le monde (devant Warhol et
Picasso) est un indicateur important du renversement de tendance constaté en
faveur du marché chinois où l'argent- pas toujours propre- coule à flots. On
notera par ailleurs que la cote de
Zhang Daqian a carrément triplée depuis 2005.
Ailleurs, les œuvres d'Andy
Warhol (1928-1987), plutôt boudé en Asie, ont continué à bien se vendre avec un
total de ventes de 325 millions de dollars alors que Picasso a reculé à la 4e
place avec un total de 315 millions de dollars dont seulement 39 œuvres
adjugées au-delà de la barre d'un million de dollars, ce qui dénote la volonté
des amateurs à ne miser que sur des œuvres de choix.
A signaler la montée en puissance
de l'artiste Xu Beihong (1895-1953) qui a pris la 5e place du
hit-parade avec un total de 220 millions de dollars pour 316 lots, selon
Artprice. Encore une fois, c'est surtout en Chine que cet artiste s'est le plus
vendu (99%) avec notamment une enchère équivalente à 36,7 millions de dollars
pour sa toile « Cultivation on the peaceful land ».
Wu Guanzhong (1919-2010), un
autre artiste chinois, a pris la 6e place du classement avec 212
millions de dollars d'œuvres vendues, sa cote ayant grimpé de manière
significative quelques mois après sa disparition, alors que la 7e
place a été occupée par Fu Baoshi (1904-1965), surnommé le « Van Gogh
chinois » avec un total de ventes de 198 millions de dollars dont une
enchère record de 31,5 millions de dollars pour une œuvre titrée « Landscapes »
de 1964/1965.
Artprice a indiqué que le premier artiste vivant du classement a été Gerhard Richter (né en 1932) qui a cumulé 175 millions de
dollars de ventes en 2011 grâce à une série d'enchères soutenues, notamment
pour « Abstrakes Bild » de 1997, une toile vendue 18,5 millions de dollars ou
« Gudrun », une œuvre de 1987 adjugée pour 16 millions de dollars.
Les autres artistes en tête du hit parade ont été Francis Bacon avec 129
millions de dollars de ventes et dont les meilleures œuvres sont devenues
difficiles à trouver sur le marché et Li Keran (1907-1989), le 6e Chinois
de cette liste, avec 115 millions de dollars de ventes à son actif.
A la lumière des résultats
obtenus par les artistes chinois, on n'aura pas manqué de se rendre compte de l'hégémonie
galopante de la Chine sur le marché de l'art,
un constat qui laisse à réfléchir sur sa mue actuelle due aussi à la progression significative d'autres places asiatiques et de pays émergents.
Sans l'essor des places
asiatiques, le marché de l'art aurait donc eu mal à maintenir le cap et ce qui
le sauvera pour un temps résidera dans le fait que les amateurs chinois auront
encore les moyens financiers de poursuivre leur frénésie d'achats tant que la
planète sera en mesure d'échapper à une profonde récession.
On peut néanmoins craindre un
recul pour 2012 du fait d'une raréfaction des œuvres majeures proposées sur le
marché et des données économiques mondiales jugées mauvaises, nonobstant le
fait que les acheteurs asiatiques finiront vraisemblablement par se montrer plus
sélectifs dans leurs achats.
Par ailleurs, le marché de l'art
ne peut pas exclusivement vivre à travers des ventes d'œuvres considérées comme
majeures alors que celles de moyenne qualité se sont vendues de plus en plus mal. A
la longue, le marché ne pourra plus s'appuyer sur les places asiatiques comme
cela a été le cas durant ces trois dernières années.
Trouver de nouveaux débouchés
sera donc compliqué alors que certaines places européennes ont été à la peine.
De plus, les possibilités d'investissements sur le marché de l'art comportent
des limites, même si celui-ci a pu éviter d'être perturbé par l'instabilité économique dans le monde
car les œuvres acquises ne peuvent pas être rapidement revendues, au contraire
des titres boursiers, des obligations, des métaux précieux et même des biens
immobiliers.
En conclusion, les analyses
d'Artprice semblent un tantinet trop optimistes d'autant plus qu'elles ne prennent pas en compte les facteurs géopolitiques qui peuvent avoir des
conséquences incalculables sur l'économie mondiale. Si demain, le prix du baril
de pétrole bondissait à 250 dollars en raison d'un conflit majeur, notamment du côté de l'Iran, il va sans dire que la récession ferait son lit dans de nombreux pays
au point d'affecter les acteurs du marché de l'art.
Ainsi, si la Chine enregistrait
un net recul de ses exportations, celle-ci verrait son développement être brutalement entravé , ce qui aurait à coup sûr un effet domino en Asie et ailleurs avec le
risque d'enregistrer une baisse conséquente des achats sur le marché de l'art.
Certains diront qu'il convient de
rester optimiste et qu'il est mieux de vivre au jour le jour mais d'autres seront
tentés d'envisager l'avenir avec inquiétude en ne manquant pas de tirer les enseignements d'un passé si pas lointain pour rappeler qu'une
catastrophe est vite arrivée, comme ce fut le cas avec la guerre du Golfe de
1991 ou la tourmente financière de l'automne 2008 qui entraînèrent une baisse
importante de l'activité du marché de l'art lequel a pu néanmoins repartir de l'avant
grâce essentiellement à l'expansion économique de la Chine et au fait que de
nombreux riches sont devenus plus riches en dépit de la crise mais dans le cas
d'une grave récession affectant l'ensemble de la planète, il en ira malheureusement autrement.
Adrian Darmon
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