Connu comme le plus grand marché d'antiquités au monde, le marché aux Puces de Saint-Ouen vit des moments difficiles dus à la crise économique mais aussi à un profond changement de société.
Il y a un peu plus de 20 ans, le marché était en plein boom porté par un marché de l'art devenu euphorique avant de subir les effets de la Guerre de Golfe de 1991 puis ceux du 11 septembre 2001, de l'intervention américaine en Irak en 2003 et de la crise financière qui a secoué la planète en 2008.
Le monde a fini par s'installer dans la crise tandis que les riches ont pour la plupart préservé leurs acquis et bataillé à coups de millions de dollars pour acquérir des oeuvres recherchées sur le marché de l'art alors que le contingent des acheteurs traditionnels des puces a considérablement vieilli et diminué.
Le fait est que la génération des 40-50 ans s'est détournée des antiquités en manifestant principalement ses goûts en faveur du Design tandis que celle issue de l'immigration n'a manifestement pas d'intérêt prononcé pour l'art. Du reste, les vendeurs de brocante aux puces ont progressivement laissé la place à ceux qui proposent du mobilier ou des objets des années 1950-1980 et parviennent plus ou moins à faire un chiffre d'affaires correct.
Autre fait inquiétant, les touristes ne viennent plus aux puces que pour son atmosphère folklorique sans compter qu'ils ne disposent pas d'un budget suffisant pour acheter les pièces qui seraient susceptibles de les intéresser sans compter que le marché n'est plus considéré comme le lieu où on peut trouver des pièces intéressantes, les amateurs préférant les galeries de la capitale ou l'Hôtel Drouot pour ce faire.
Un marchand exposant des oeuvres de qualité à Saint-Ouen éprouvera donc des difficultés à les vendre aussi facilement qu'un confrère établi sur la Rive Gauche ou au Louvre des Antiquaires qui lui aussi souffre de la crise. Pire même, s'il s'avisait d'accrocher dans sa boutique un authentique tableau de Monet ou de Renoir, tout visiteur serait enclin à croire affaire à une copie.
Non seulement le marché aux puces est confronté à la crise mais aussi à la concurrence des ventes d'objets d'art courants sur Internet qui lui ont damé le pion sans compter que ceux-ci se vendent déjà de plus en plus mal par ailleurs.
Inutile de dire que la récession qui a frappé l'Europe a eu des conséquences désastreuses sur l'activité des brocanteurs dont plusieurs ont déjà mis la clé sous la porte faute de pouvoir assumer leurs frais. Pourtant, nombre d'analystes ont affirmé que l'industrie culturelle était un secteur porteur comme la hausse de la fréquentation des musées l'a démontré mais c'est oublier que les individus ne sont plus que des spectateurs étant donné que la baisse de leur niveau de vie les prive de l'envie d'acheter alors que ceux qui sont intéressés par l'art se portent de préférence vers des segments différents, comme la B.D, le design ou le Street Art nen dédaignant les vieilleries qui attiraient leurs parents.