La municipalité de Detroit, une
des villes américaines les plus atteintes par la crise et le chômage, a causé
la stupeur en laissant entendre qu'elle serait prête à vendre les collections
du Detroit Institute of Arts (DIA) afin d'épurer ses comptes et rembourser ses
dettes.
Fondé en 1885 avant de devenir une
institution publique en 1919, le DIA est un des plus importants musées des
Etats-Unis puisqu'il compte 66 000 pièces importantes, dont des chefs d'œuvre
de Dürer, Van Eyck, Brueghel, Rembrandt, Tintoret, Delacroix, Van Gogh,
Picasso, Matisse, Diego Rivera ou Warhol.
Ces pièces pourraient donc être
vendues aux enchères pour renflouer les caisses de la municipalité sinistrée
dont la dette a atteint quelque 17 milliards de dollars d'autant plus que la
ville a perdu plus de la moitié de sa population, ce qui a eu pour résultat de
réduire ses recettes fiscales.
Le DIA pourrait ainsi se vider de
plusieurs centaines de pièces et de tableaux afin d'alléger le fardeau de la
dette alors que l'intégralité de sa collection pourrait équivaloir à celle-ci.
Plusieurs voix se sont élevées à
travers le pays pour dénoncer une telle perspective en signalant que le musée
faisait la fierté de la ville et que ses collections se devaient d'être
préservées du fait de leur caractère inaliénable.
Les responsables du
DIA n'ont pas été en reste en signalant que de nombreuses œuvres faisaient
partie de dons de collectionneurs qui en les offrant avaient exigé qu'elles ne
soient pas vendues tandis que le reste de sa collection appartenait au public
et que la municipalité ne pouvait en disposer à sa guise.
Le débat est loin d'être clos
et il faudra des années de procédure pour que la municipalité puisse espérer
obtenir gain de cause. En attendant, Detroit s'enfonce chaque jour un peu plus dans
le délabrement et dans la précarité avec le risque de devenir une ville morte
après avoir vu des quartiers entiers vidés de leurs habitants.