Une étonnante exposition de faux, notamment
une fameuse tête du Christ par Hans van Meegeren, le fameux plagiaire de
Vermeer, se tient au Musée de Springfield (Massachussets) durant le mois de
janvier 2014.
Hans van Meegeren
avait produit nombre de faux tableaux de Vermeer qui trompèrent les experts
jusqu'à ce qu'il en vendit au maréchal Goering, ce qui lui valut d'être poursuivi après
la guerre d'être poursuivi pour faits de collaboration avec les nazis. Pour
démontrer qu'il n'en était rien, il exécuta dans sa cellule une interprétation qui lui
permit d'être condamné à une peine légère mais il mourut peu après.
Les faux se sont multipliés sur le
marché de l'art depuis ces vingt dernières années pour devenir le cauchemar de
nombreux experts, notamment ceux qui ont été dupé par le faussaire allemand
Wolfgang Beltracci et dernièrement par la galerie new-yorkaise Knoedler
coupable d'avoir vendu de multiples plagiats de peintres expressionnistes
abstraits américains.
Prêtés par divers musées américains
et étrangers, ces faux montrés pour la première fois aux Etats-Unis lors de
cette exposition intitulée « Avec l'intention de tromper, faux et plagiats
du monde de l'art » sont
considérés comme remarquables au point que les organisateurs les ont assurés comme s'il s'agissait d'œuvres authentiques. A titre d'exemple, il a
fallu régler 31 000 dollars de frais d'assurances pour la tête de Christ prêtée
par le musée Boimans des Pays-Bas, soit presque autant que les 39 500 dollars
payés chez Christie's en 1996 pour « Le Christ et les Scribes du
Temple » que Van Meegeren réalisa en prison pour prouver qu'il n'avait pas
vendu de véritables Vermeer aux nazis.
Comprenant également plusieurs
plagiats réalisés par le faussaire Elmyr de Hory, l'exposition se poursuivra au
Ringling Museum de Saratosa (Floride), au Canton Museum of Art (Ohio) et au
musée d'Oklahoma. Elle compte également des faux produits par John Myatt qui
s'arrangea avec l'aide d'un complice pour créer des fausses provenances en
ajoutant des titres d'œuvres dans les archives de la Tate gallery, du Victoria &
Albert Museum et de l'Institut d'Art contemporain de Londres, ainsi que celles
diffusées par Mark Landis, un ancien galeriste qui déguisé en père jésuite
offrit des faux à plus de 40 musées américains.
La frustration de n'être pas
reconnus comme de véritables artistes, leur dédain envers le marché de l'art et
ses acteurs et une vie mal réglée furent des liens communs entre ces
personnages qui furent ainsi amenés à vouloir se venger de la société.
En attendant, les faux ont
provoqué un large débat parmi les historiens et critiques d'art qui ont évoqué
leur rôle sur le marché, certains allant jusqu'à suggérer que celui-ci n'était pas
aussi néfaste qu'on pouvait le croire alors que d'autres n'ont pas hésité à
affirmer que les plagiats avait un côté plus authentique que les œuvres
originales du fait qu'ils représentaient un instrument réel de manipulation de la
société.
Pour les médias, les affaires de
faux exhalent un parfum de scandale propre à étourdir les individus et à créer
des légendes, comme celle qui entoura Van Meegeren qui fut d'abord considéré
comme un héros pour avoir trompé Goering et les nazis qui alors pillaient des
dizaines de milliers d'œuvres d'art à travers l'Europe occupée avant d'être
traité à l'issue de son procès de traître et surtout d'escroc pour avoir
délesté de nombreux gogos de quelque 105 millions de dollars de l'époque.
Considéré comme le chef d'œuvre de
Vermeer, un des plagiats de Van Meegeren, « Le Dîner chez Emmaüs »,
fut acheté en 1938 pour l'équivalent de 6,4 millions de dollars actuels par la
Société Rembrandt de Rotterdam qui l'offrit au Boijmans Museum tandis que la
« Tête de Christ », considérée par les experts comme une étude du
« Dîner » fut acquise pour l'équivalent de 4,4 millions de dollars
d'aujourd'hui.
Le plus étonnant est que les faux
produits par Van Meegeren qui reflétèrent les attitudes et mimiques de son époque et non celles du 17e siècle, ne tromperaient vraiment plus personne à présent alors que
dans les années 1930 les experts n'y virent que du feu.
Les faux présentés dans cette exposition ont malgré
tout une signification historique certaine puisqu'ils tendent à faire croire à
une indubitable authenticité.Déjà, ce sont des faux authentiques…