On peut remercier Alexandre Dumas d'avoir eu une imagination débordante pour écrire nombre de livres extraordinaires. Sinon, il n'aurait peut-être écrit qu'un seul roman qu'il aurait peut-être intitulé « L'Etroit Mousquetaire »….
Après plus de 40 années passées àdiriger des ventes, un commissaire-priseur de l'envergure d'Hervé Poulain, aujourd'hui associé au groupe de vente parisien Artcurial, a senti le besoin impérieux de pondre un livre de souvenirs paru dernièrement sous le titre « Le Marteau et son maître » (Plon)
Des histoires, l'impétueux Poulain amoureux de son métier et aussi des bolides de course, en a donc eu à raconter dans un style d'écriture alerte et bien tourné sauf que l'intéressé a commis le péché de se mettre un peu trop en avant pour pondre au bout du compte un ouvrage plutôt décevant dénué de révélations fracassantes.
Ainsi, ses exploits, sympathiques mais sans plus au demeurant, en tant que troisième pilote de bolides peints notamment par Calder, Arman, Liechtenstein ou César lors des 24 Heures du Mans n'auront certes pas subjugué les lecteurs qui auraient certainement préféré le voir dévoiler avec ironie les caractères et les travers de ces artistes.
Les anecdotes distillées ça et là par Poulain auraient pu aussi être plus percutantes si celui-ci n'avait pas tropgambadé dans le pré du « moi je » pour finir par se mettre désagréablement au diapason de la suffisance affichée par certains de ses confrères imbus de leur fonction et dont le seul à se voir un peu égratigné a été Jacques Tajan.
On ne saura également rien de son sentiment véritable à l'égard de son ex-associé Guy Loudmer simplement loué pour son triomphe obtenu avec la mirifique vente de tableaux de la collection Bourdon qui pourtant valut à ce dernier d'embarrassants ennuis judiciaires qui le privèrent de tenir le marteau.
Bien qu'ayant dénoncé vivement le conservatisme et l'immobilisme des commissaires-priseurs de Drouot pour plaider en faveur d'une réforme en profondeur de leur métier, Poulain s'est donc évertué tout au long de son livre à en garder sous le pied à l'image de tout pilote chevronné amorçant un virage serré après la ligne droite des Hunaudières.
Bref, ce livre n'apportera malheureusement pas d'éclairage vraiment nouveau sur le monde des enchères et du marché l'art puisque Poulain a eu l'art d'esquiver les chicanes en conduisant son propos sans se forcer histoire peut-être de ne pas trop froisser les susceptibilités de certains de leurs acteurs pour finalement prendre le plaisir de se raconter. Conclusion: il aurait pu troquer son élégant costume trois-pièces pour une combinaison de pilote déterminé à jouer son va-tout pour nous sortir des histoires aussi pétaradantes que des bolides lancés en pleine course.