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De janvier à début mars, il ne se passera pas grand chose au niveau des ventes aux enchères, les deux premiers mois de l'année marquant le redémarrage en douceur du marché après le nouvel An. Les prof'essionnels de l'art (galeristes, antiquaires et brocanteurs) ne seront pas plus actifs durant cette période de rodage.

Mars-avril: Reprise des ventes de prestige dans les hôtels de vente. Si la valeur du lingot d'or ne baissera pas en-dessous de 33000 euros, le marché continuera à progresser sous l'effet d'achats avant tout spéculatifs. Le domaine le plus porteur sera encore celui des arts d'Extrême-Orient boosté depuis déjà deux ans par les achats démentiels effectués par des millionnaires chinois peu regardants sur leurs dépenses.

Mai-juin: Tant que la situation économique restera incertaine, le marché de l'art persistera à être investi par les spéculateurs qui ne viseront que la grande qualité, persuadés qu'ils sont qu'un achat bien ciblé leur rapportera une plus-value de 10% au bout de deux ou trois ans. Toutefois le marché ne sera porté que par le haut de gamme, la marchandise de moyenne qualité continuant à se vendre de plus en plus difficilement.

Seules les valeurs sûres du marché continueront à bien se vendre que ce soit dans le domaine de la peinture ancienne, l'art impressionniste, la peinture moderne ou contemporaine, l'art Déco, les Arts Premiers ou l'art chinois ou indien. N'empêche, certains artistes contemporains, notamment Damien Hirst, qui ont fait l'objet d'une intense spéculation avant la crise de septembre 2008, auront du mal à retrouver les faveurs des amateurs après avoir subi des décotes importantes depuis deux ans.

Juillet-août-septembre: Le marché vivra au ralenti. Ce n'est nullement une prévision mais un constat habituel depuis que celui-ci existe. Durant cette période, les professionnels auront comme chaque année à faire le dos rond sans espoir réel de reprise.

Octobre-novembre et mi-décembre: Le second semestre pour le marché de l'art ne comptera finalement que 80 jours durant lesquels les maisons de vente feront tout leur possible pour consolider leurs chiffres d'affaires. Tout dépendra encore de la situation boursière et financière dans le monde et du nombre d'objets importants à vendre. Sachant que la qualité se raréfie au fil des ans, on peut sans crainte de se tromper prévoir une augmentation des prix tant que le monde ne sera pas sorti de la crise. En cas de reprise économique générale- certes peu probable- les spéculateurs seront moins présents sur le marché de l'art puisqu'ils auront alors tendance à diversifier leurs investissements dans les domaines boursiers et financiers.

L'année 2010 a été plutôt bonne pour le marché de l'art qui a repris des couleurs par rapport à 2009 surtout parce que celui-ci a paru plus sécurisant que les places boursières pour les investisseurs qui avaient vu fondre leurs portefeuilles d'actions après la crise de septembre 2008.

La situation économique et financière de la Grèce et de l'Irlande, deux pays secourus d'urgence par leurs partenaires européens, a conforté encore plus le rôle de valeur refuge des objets d'art de grande qualité.

Il n'y a eu aucun signe positif à la fin de 2010 pour envisager une reprise économique tangible durant le premier semestre de 2011, bien au contraire puisque d'autres pays, notamment le Portugal, l'Espagne, voire l'Italie et même la France, pourraient connaître le sort peu enviable de l'Irlande au risque de destabiliser la devise européenne. Dès lors, une quelconque reprise économique semble exclue en Europe alors que pour leur part,  la Chine ou de l'Inde verront leur PIB  augmenter encore d'au moins dix pour cent durant l'année.

On peut même prévoir que le niveau de vie des Européens connaîtra un nouveau recul suite à l'augmentation des prix de l'électricité, du gaz, du pétrole, des tarifs des société d'assurances, des produits alimentaires et des matières premières alors que les ventes d'automobiles seront vraisemblablement en baisse. Les classes moyennes seront donc encore une fois les victimes de la crise alors que les millionnaires de la planète deviendront probablement encore plus riches.

Selon nombre d'économistes, la progression du PIB en France et ailleurs en Europe restera en-deçà de 2%. Bref, la crise sera encore loin d'être résorbée, ce qui laisse augurer une nouvelle progression des prix pour les oeuvres de grande qualité vendues sur le marché de l'art.

Il n'en reste pas moins que les professionnels, à part les galeries huppées vendant des oeuvres au-delà de 30 000 euros la pièce, auront du mal à équilibrer leurs comptes alors que le marché s'est resserré sous l'effet d'une baisse constante de leur contingent depuis ces cinq dernières années.

Au final, le marché de l'art continuera à fonctionner à deux vitesses, à belle allure pour les pièces prestigieuses ou rares et au ralenti pour les oeuvres de qualité intermédiaire d'autant plus que les classes moyennes n'ont guère plus la possibilité de faire des achats-plaisir, nonobstant le fait que les goûts de la génération actuelle des 30-40 ans ont fini par se porter sur le design fonctionnel au détriment des objets classiques ou purement décoratifs. La crise économique et les changements de comportement des individus auront donc modifié le visage du marché de l'art qui n'a tenu- faut-il le répéter- qu'à travers des achats spéculatifs.

Autre inquiétude: l'augmentation des frais acheteurs-vendeurs appliqués par les maisons de vente dont les commissions cumulées sur les objets vendus peuvent dépasser 45% du prix obtenu, ce qui n'a cependant pas eu d'incidence sur l'ensemble des ventes de l'année sauf qu'une fois la crise économique passée, le marché de l'art risquera de perdre de son tonus tout autant avec un recul des achats spéculatifs qu'en subissant une baisse du nombre des habitués des salles de vente qui seront moins enclins à payer une dîme de 30% en sus de leurs enchères gagnantes.

En conclusion, les maisons de vente leaders du marchés telles que Christie's et Sotheby's auront vraisemblablement du mal à faire mieux que leurs C.A de 2010 à moins de pouvoir trouver un nombre suffisant de collections prestigieuses à vendre comme ce fut le cas pour le groupe de François Pinault qui sauva les meubles à Paris en février 2009 avec la dispersion de la collection Pierre Bergé - Yves Saint-Laurent (près de 350 millions d'euros au total) laquelle fut la vente de la décennie, un événement qu'il sera difficile de rééditer dans un avenir prochain.