Le Musée Maillol à Paris présente jusqu'au 15 juillet 2012 une exposition consacrée à Artemisia Gentileschi, née à Rome en 1593 et morte à Naples en 1654, une artiste superbement douée qui, en refusant toute soumission, fut une des pionnières de l'émancipation des femmes.
Les visiteurs de cette exposition découvriront plus d'une quarantaine de tableaux signés de la main de cette artiste hors normes et d'autres peintres connus de son époque pour essayer de cerner la personnalité de cette femme qui joua un rôle non négligeable dans l'histoire de la peinture et celle de du féminisme.
Morte à Naples, vraisemblablement lors d'une épidémie de peste, Artemisia était la fille aînée du peintre Orazio Gentileschi qui eut l'idée, assez saugrenue en son temps, de lui enseigner la peinture alors que les filles étaient d'ordinaire antonnées à des tâches ingrates. Elle le seconda donc dans son atelier en apprenant comment broyer les couleurs et les mélanger tout en créant ses premières oeuvres.
D'une grande beauté, ellle n'hésita pas à poser nue pour son père alors et se mit à peindre de son côté des Madones et des bouquets de fleurs alors qu'elle ne cessa pas d'attirer les regards des jeunes hommes de son quartier. A 17 ans, elle interpréta "Suzanne et les Veillards" en se permettant de reproduire sur un des personnages la chevelure D'Agostino Tassi, un assistant de son père qui s'était évertué à la harceler jusqu'à aller à la violer après lui avoir promis le mariage.
Déshonorée, Artemisia ne garda pas le silence et incita son père à dénoncer Tassi auprès du Pape Paul V, ce qui entraina un procès au bout duquel elle obtint réparation en faisant ainsi preuve de son caractère obstiné.
Elle évoqua d'ailleurs son agression en 1620 dans le tableau "Judith et Holopherne" montrant l'héroïne en train de décapiter le tyran qui devait lui rappeler le sinistre Agostino et ce, avec une colère qui dut étonner plus d'un de ses contemorains.
Entretemps, Artemisia avait essayé d'oublier ce triste épisode de sa vie en épousant Pierantonio Stiattesi, un ami de son père avec lequel elle s'installa à Florence où elle travailla tout en se liant avec des personnalités de son époque, tel le fameux Galilée.
Elue à l'Académie de dessin à 23 ans, elle devint vite célèbre en se faisant solliciter par des princes et des nobles d'Europe, ce qui l'amena à voyager à Venise, Naples ou Londres.
Dotée d'un talent fou tout en se montrant férocement indomptable, Artemisia se représenta nue dans une allégorie et peignit des tableaux plutôt violents comme celui de "Yael et Sisera" où la jeune femme pointe d'une main un clou sur la tête de l'homme endormi et de l'autre, un marteau qui va s'abattre sur celui-ci.
Femme libre par excellence, Artemisia eu une vie assez mouvementée en cherchant ans cesse à affirmer sa personnalité au sein d'une société profondément machiste tant dans sa vie personnelle où elle n'hésita pas à prendre des amants que dans son oeuvre dans laquelle elle rendit plus d'une fois aux femmes qui laissèrent une trace profonde dans l'histoire, comme Dalila, Cléopâtre ou Lucrèce.