Le faux ne fait vraiment plus défaut en Europe. Après diverses affaires jugées en France, en Grande-Bretagne, en Italie ou en Allemagne, c'est désormais la Suisse qui a été confrontée à un important trafic de plagiats pour lequel sept prévenus ont eu à s'expliquer le mercredi 15 juin 2011 devant un tribunal de Lausanne.
Accusés d'avoir écoulé 120 faux tableaux de maîtres importants comme Van Dongen, Braque, Vlaminck, Pissarro, Degas, Léger ou Bosshard durant une période de trois ans, ces derniers ont été interpellés à la suite du vol d'un Giacometti commis en 2007 chez une vieille dame par un couple qui avait cru ingénieux de remplacer ce tableau par une copie fidèle mais la victime avait constaté la supercherie et porté plainte.
Cette affaire avait conduit à l'interpellation de ce couple et du galeriste qui lui avait acheté le Giacometti volé puis à celle d'un antiquaire qui produisait des faux, d'un expert spécialiste du peintre Bosshard et de deux chineurs qui revendaient les plagiats.
Ayant saisi plus de 100 faux tableaux mais aussi des œuvres authentiques bidouillées, la police a estimé qu'environ 120 plagiats avaient été écoulés auprès d'une vingtaine de gogos entre 2005 et 2008.
Jeudi 16 juin, on appris la découverte d'un tableau estimé être de la main de Fragonard estimé au bas mot à quelque 2 millions d'euros lors de sa restauration au château de Hautefort, en Dordogne..
C'est la restauratrice de l'œuvre qui a fortement pensé à Fragonard en la nettoyant et en y découvrant la lettre « F » sous une couche de peinture. Il reste toutefois à analyser l'œuvre en profondeur pour déterminer avec certitude son authenticité.
Cette toile avait appartenu à François-Hippolyte Walferdin, un amateur d'art qui posséda de nombreuses œuvres de Fragonard avant d'être acquise en 1880 pour la somme modeste de 1300 francs lors de la vente de sa collection par le grand collectionneur David David-Weill. Celle-ci avait été ensuite offerte par la baronne de bastard à la Fondation du château de Hautefort.
Vendredi 17 juin, calme plat à Saint-Ouen où nombre de marchands ont été contraints de mettre la clé sous la porte face à l'absence prolongée de clients. Ainsi, rien qu'au marché Serpette, 25 départs ont été enregistrés.
Faute de trouver de quoi satisfaire son envie, il n'y avait qu'à tendre l'oreille pour écouter de savoureuses conversations de marchands. Devisant au marché Paul-Bert, un locataire du Louvre a raconté à un confrère comment il avait acheté un beau vase de Lalique pour presque rien à un particulier qui avait été déçu d'apprendre que celui-ci ne valait que 10 000 francs sans se rendre compte que la maison de vente étrangère à qui il l'avait soumis l'avait estimé en fait à 10 000 livres sterling…
Un autre marchand a rappelé en grimaçant qu'un jour il avait soumis un dessin de la fin du XVIIIe signé de René Théodore Berthon à Sotheby's, Christie's et une autre maison de vente qui toutes avaient mis en doute son authenticité.
« Le dessin avait fini par être étalé négligemment sur le sol de mon stand jusqu'au jour où, venu pour me remplacer, mon fils était rentré à la maison avec un chèque de 200000 francs. Lui demandant avec étonnement à quoi correspondait ce chèque, il me répondit qu'il s'agissait du paiement de ce dessin par un grand marchand parisien. L'histoire ne s'arrêta pas là puisque six mois plus tard, j'eus la stupéfaction d'apprendre que le Berthon avait été adjugé pour 240 000 dollars lors d'une vente aux enchères organisée à New York par une des maisons précitées. Comme quoi l'expertise semble être un grand n'importe quoi », a déclaré le brocanteur d'un air contrit.