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Le journal d'un fou d'art

Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.

  • Introduction et chapitres de 1 à 2
  • Chapitres 3 à 5
  • Chapitres 6 à 8
  • Chapitres 9 à 11
  • Chapitres 12 à 14
  • Chapitres 15 à 17
  • Chapitres 18 à 20
  • Chapitres 21 à 23
  • Chapitres 24 à 26
  • Chapitre 27 à 29
  • Chapitre 30 à 32
  • Chapitre 33 à 35
  • Chapitre 36 à 38
  • Chapitre 39 à 41
  • Chapitre 42 à 44
  • Chapitre 45 à 47
  • Chapitre 48 à 50
  • Chapitre 51 à 53
  • Chapitre 54 à 56
  • Chapitre 57 à 59
  • Chapitre 60 à 62
  • Page précédente 526/1346
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    XXVIIème Chapitre
    LA FIEVRE POUR LES TABLEAUX DE LEFEVRE
    19 Novembre 2007

    Vendredi 16 novembre 2007, froid de canard au marché aux Puces de Saint-Ouen où les chineurs n'ont pas été légion en raison de la grève de la SNCF et de la RATP qui a paralysé la capitale depuis le milieu de la semaine. Un marchand néerlandais installé dans le quartier Drouot a cru faire une belle trouvaille au marché Jules Vallès en achetant un croquis excitant proposé à 800 euros. Portant la signature de Degas en rouge et représentant une danseuse en tutu, ce n'était malheureusement qu'une splendide reproduction d'un célèbre dessin du maître ne valant pas tripette. Mauvaise pioche pour le « Hollandais volant »…

     

    Un peu plus tard, lecture de la Gazette de l'Hôtel Drouot pour découvrir que les héritiers du collectionneur André Lefèvre mettaient en vente le 21 décembre auprès du groupe Aguttes une dizaine de tableaux importants lui ayant appartenu, notamment un Miro de 1926, « L'Oiseau », estimé 3 millions d'euros et un Juan Gris de 1918, « Le Joueur de Guitare » espéré à 2 millions d'euros.

     

    André Lefèvre fut un collectionneur dont la passion fut plutôt dévorante au point de mériter d'être surnommé « Dédé le fiévreux», notamment lorsqu'il ne se priva pas d'acquérir certaines œuvres provenant de pillages orchestrés par les Allemands durant la Seconde Guerre Mondiale. Ce fut ainsi qu'il entra en possession en 1942 du célèbre tableau de Braque « L'Homme à la Guitare » issu de la collection d'Alphonse Kann qui s'était réfugié à Londres deux ans plus tôt pour échapper aux persécutions nazies.

     

    Acheté par ce dernier à Kahnweiler en 1924, ce tableau figurait dans sa collection volée en 1940, laquelle comprenait entre autres des toiles de Renoir, Cézanne, Van Gogh, Matisse et Picasso. Il prit ensuite le chemin de l'Allemagne mais, considéré par les nazis comme une œuvre « dégénérée », il fit l'objet d'un échange avec un marchand collabo contre une huile d'un maître ancien représentant « L'Adoration des Mages ».

     

    Après la mort de Lefèvre, cette œuvre inestimable avait été ensuite achetée aux enchères en 1965 par le marchand Heinz Berggruen qui l'avait prêtée onze ans plus tard au Musée Pompidou. En 1981, celui-ci se décida à acheter cette toile pour 2 millions de dollars mais en 1998, Jean-Jacques Aillagon, son directeur d'alors, eut la désagréable surprise de se la voir réclamer par les héritiers du collectionneur représentés par le pugnace Francis Warin qui s'entendit d'abord répondre que l'œuvre en question n'était pas celle qui avait été volée à son oncle.

     

    Warin, pour lequel j'avais effectué des recherches qui m'avaient conduit à trouver des documents prouvant sans conteste l'origine de « l'Homme à la Guitare » et donc la légitimité de sa demande, eut une attitude jugée pour le moins exécrable par les responsables du musée qui au bout du compte durent finalement baisser pavillon et accepter de verser aux héritiers d'Alphonse Kann un dédommagement de plus de 25 millions d'euros pour conserver ce chef d'œuvre.

     

    Bien entendu, le représentant des héritiers Kann tint à me remercier pour mon aide précieuse en m'offrant une chaleureuse poignée de main et en m'invitant de temps à autre dans des pizzerias, ce qui me fit penser que j'étais vraiment du genre bonne pâte.

     

    Samedi 17 novembre 2007, froid polaire à Vanves où les chineurs ont déambulé comme des pingouins emmitouflés sur une banquise où il n'y avait pas grand chose à glaner. A Saint-Ouen, les marchands ont eu à subir le cauchemar d'une atmosphère de désolation due à la grève des transports qui s'est prolongée durant le week-end.

     

    Dimanche 18 novembre 2007, aucun mieux au marché aux Puces de Saint-Ouen balayé par un vent glacial. Et pourtant, il y avait quelque chose à faire rêver, en l'occurrence un groupe en fritte égyptien représentant un pharaon et deux concubines déniché sous la grisaille par Michaël « Le Puits de Science » excité à l'idée d'avoir mis la main sur un trésor qui nécessitera cependant un test de thermoluminescence pour qu'il soit sûr d'avoir fait un coup.

     

    A 13 heures, déjeuner au comptoir du « Paul-Bert » où mon voisin, un transporteur devenu volubile sous l'effet du Beaujolais nouveau, s'est inquiété de l'avenir du marché aux Puces, mis à mal par la baisse constante du dollar et l'absence des touristes américains tout autant que par le manque de bonne camelote.

     

    Trouvant que les choses allaient bien mieux à Lyon, où la Brasserie Georges située près de la gare fait toujours un tabac, il en est venu à raconter que la vie était plus belle avant guerre, à l'époque où sa maman dirigeait plusieurs maisons closes alors que son cher papa, employé dans une imprimerie, s'exerçait à fabriquer des faux billets de banque. Hélas, une fois la guerre terminée, les bordels furent fermés et son faussaire de père alla faire un séjour à la Santé en compagnie du redoutable Joanovici, ce ferrailleur condamné en 1945 pour faits de collaboration. Le marché aux Puces n'est vraiment plus ce qu'il était mais on y rencontre souvent des gens incroyables.

     

    Mardi 20 novembre 2007, visite au  Musée d'Art Moderne pour découvrir les oeuvres d'Hélène Schjerfbeck (1862-1945), gloire nationale en Finlande et quasiment inconnue en France où elle vécut pourtant quelques années, une artiste moderne, adepte d'un naturalisme simplifié qui se représenta souvent dans des autoportraits peints sans concession, épurés et assez doux au début de sa carrière puis progressivement empreints de sévérité, de morgue, de lassitude et de fatalisme à la fin de sa vie.

     

    Ses derniers autoportraits reflètent une forme de découragement consenti face à la vieillesse et la mort dont le masque macabre est venu recouvrir son visage dans ses ultimes dessins. Cruelle introspection pour une artiste qui mérite une plus grande reconnaissance internationale surtout lorsqu'à travers une toile de 1912 représentant un arbre et des feuillages, on est amené à découvrir avec stupéfaction une forme d'abstraction annonçant celle de Nicolas de Staël développée 45 ans plus tard.

     

    Autre exposition, celle consacrée à l'artiste et écrivain autrichien Alfred Kubin (1877-1959) qui par ses dessins fantastiques s'imposa comme l'héritier de Bosch, Füssli, Goya ou Ensor avec au bout de sa plume un sacré grain de folie. A n'en pas douter, les dessins chaotiques, morbides et effrayants de Kubin ont tout pour prouver qu'il était un peu dérangé et plutôt enclin à ne voir le plus souvent que le côté noir des choses à travers la représentation d'animaux repoussants, d'êtres cauchemardesques ou de démons apocalyptiques. Certains prétendront peut-être qu'il était possédé par le Diable mais d'autres pourraient rétorquer qu'il était doté d'un esprit terriblement visionnaire, ayant été capable dès la fin du 19e siècle de pressentir avec une rare acuité les horreurs que l'Europe allait connaître entre 1914 et 1945.

     


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