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Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
XXVIème Chapitre
TEMPÊTE POUR UN CRÂNE
16 Novembre 2007 |
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Mercredi 14 novembre 2007, la décision du musée de Rouen de restituer à la Nouvelle-Zélande une tête momifiée maorie ornée de tatouages a provoqué une vive polémique entre les partisans de ce geste et ceux qui craignent un effet boomerang susceptible d'engendrer des demandes de restitution de reliques provenant d'autres pays.
Les Maoris ont cherché depuis une quinzaine d'années à obtenir de nombreux musées étrangers la restitution de crânes humains de leurs ancêtres afin de leur offrir une digne sépulture. Déjà, plusieurs institutions de Suisse, de Grande-Bretagne, d'Australie, du Danemark, des Etats-Unis ou d'Argentine ont répondu favorablement à leur requête, ce que s'apprêtait à faire le Museum de Rouen le mois dernier mais le ministère de la Culture a bloqué cette entreprise par voie de justice en estimant que le crâne momifié qu'il détenait appartenait au patrimoine national.
Les opposants à cette restitution craignent surtout d'avoir affaire à d'autres demandes venues d'autres pays pour exiger notamment le retour de momies égyptiennes ou pré-colombiennes sans compter nombre de reliques de saints étrangers. Les musées du Quai Branly et du Louvre seraient dans ce cas soumis à des réclamations sans fin propres à démembrer leurs importantes collections.
Il y a donc d'un côté un problème d'éthique soulevé au nom de l'égalité des peuples et du respect des traditions et de l'autre, le souci de préserver l'inaliénabilité des collections publiques et de faire valoir que l'histoire ne souffre pas d'être revisitée. Cela dit, les Maoris n'ont pas tort de défendre la mémoire de leurs ancêtres dont les têtes naturalisées firent l'objet d'un trafic honteux au XIXe siècle mais s'ils voulaient chercher la petite bête, les adversaires de leur restitution pourraient souligner de leur côté que certaines tribus de par le monde ne se privaient pas de décapiter les têtes de leurs ennemis pour les exposer devant leurs cases en ne procurant pas à ces derniers des sépultures décentes.
On constate que cette tempête pour un crâne risque de devenir un casse-tête qui ne sera pas près d'être résolu d'autant plus que sa restitution ouvrira sans nul doute la voie à d'autres demandes faites avec insistance par d'autres pays pour le retour de pièces archéologiques enlevées de leur sol il y a plus d'un siècle, que ce soit à propos des frises du Parthénon détenues par le British Museum ou des nombreuses antiquités égyptiennes conservées au Louvre que le Caire a réclamées.
Si on se place sur le terrain de l'histoire de l'humanité et de l'importance de présenter à l'étranger des trésors représentatifs du génie de nombreuses civilisations, il n'y a pas à revenir en arrière surtout que rien ne garantit par exemple que la restitution de pièces archéologiques à l'Egypte permettra à ce pays de mieux les préserver dans le temps. Il suffirait que ce dernier tombe un jour sous la coupe d'islamistes illuminés pour que ceux-ci décident, comme les talibans en Afghanistan, de détruire toutes les traces d'un passé qu'ils jugeraient iconoclaste. Imaginons le désastre.
L'affaire du crâne du Musée de Rouen reste pour l'instant un cas particulier mais sa restitution n'en est pas moins un problème hautement sensible qui pourrait provoquer l'ouverture d'une boîte de Pandore.
Dans la journée, la vente chez Christie's à Paris d'une partie du stock de l'antiquaire Bernard Steinitz n'a pas donné lieu à des résultats mitigés tout en suscitant des interrogations de la part du Conseil des ventes qui s'est étonné que certains lots présentés sans prix de réserve aient été purement et simplement ravalés.
La mention "Sans Prix de Réserve" dans un catalogue de vente veut normalement dire que la meilleure offre doit être acceptée, ce qui n'a pas semblé être le cas lors de cette vacation présentée au départ comme un événement marquant un nouveau tournant pour la dynastie Steinitz.
S'étant séparé de ses immenses entrepôts de Saint-Ouen où étaient entassées des centaines de pièces et ayant décidé d'ouvrir une nouvelle galerie à Londres tout en réaménageant sa grande boutique de l'avenue Matignon, Bernard Steinitz avait ainsi pris le parti de disperser plus de 600 meubles et objets, soit le dixième de son stock, chez Christie's à Paris et à New York.
De méchantes langues ont prétendu que l'antiquaire, pas toujours aimé de ses confrères parce que trop indépendant d'esprit, aurait subi le poids des ans et les effets d'une mauvaise chute à travers un plancher vermoulu d'un château à la campagne, ce qui l'aurait amené à comprendre qu'il était temps d'assurer sa succession en confiant les rênes de son affaire à son fils Benjamin, aujourd'hui âgé de 37 ans.
Il est vrai que Bernard Steinitz s'est fait étonnamment discret depuis des mois au marché aux Puces de Saint-Ouen où il faisait naguère de nombreuses découvertes et que ses confrères lui ont trouvé beaucoup moins d'allant. Pour sa part, Benjamin Steinitz représente évidemment l'avenir sauf que passer la main représente pour son père une obligation difficile à assumer vu son orgueil.
N'empêche, il n'était pas tellement dans les habitudes de Steinitz de se séparer d'une partie de son stock dans une salle de vente où sa présence a été plutôt celle d'un acheteur avisé. Les seules entorses faites par ce dernier ne furent d'ailleurs pas très concluantes, notamment la vacation-fleuve de novembre 1993 organisée dans ses entrepôts de Saint-Ouen, laquelle ne rapporta que 22 millions de francs sur les 80 millions espérés, ou celle qui a eu lieu en juin 2007 au château de Maisons, à Maisons-Laffitte, considérée comme un flop par les initiés.
Ayant démarré le métier en tirant une charrette à bras dans les rues de Paris à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Steinitz aura gravi les échelons grâce à son dynamisme et surtout ses merveilleuses connaissances mais sa boulimie lui aura joué parfois des mauvais tours tout autant que ses rapports mystérieux au début des années 1990 avec Bernard Tapie, qui fut un de ses importants clients sinon, d'après certains de ses confrères, plutôt un associé dont les difficultés l'obligèrent à organiser cette funeste vente de novembre 1993. Toujours est-il que Steinitz, surnommé "Le Prince des Antiquaires" , a joué un rôle de premier plan durant 40 ans à Paris et que son souhait le plus cher est désormais de voir perdurer sa dynastie grâce à son fils, ce qui ne l'a néanmoins pas empêché d'avoir encore d'autres rêves de grandeur en soupesant l'idée de créer son propre groupe de ventes aux enchères.. En soirée, soulagement à New York après les ventes d'art contemporain organisées chez Christie's et surtout chez Sotheby's dont la vacation d'art impressionniste et moderne s'était soldée huit jours auparavant par un résultat médiocre qui avait fait vaciller le marché de l'art. En proposant des lots assortis d'estimations exagérées et en accordant des garanties trop élevées aux vendeurs, Sotheby's avait senti souffler le vent du boulet en voyant au passage son action dégringoler de plus de 30% sur la place de Wall Street. Autant dire que les nuits qui ont précédé sa vacation d'art contemporain ont été plutôt agitées pour ses responsables qui avaient amèrement regretté d'avoir fait à certains de leurs riches vendeurs de sottes bises bien coûteuses. Bref, tout est rentré dans l'ordre grâce à l'excitation démesurée des amateurs en faveur de l'art contemporain. Ceux-ci ont fait exploser plusieurs records, notamment pour Jeff Koons crédité d'une enchère de plus de 25 millions de dollars qui a fait passer d'un coup Andy Warhol pour un nabot. L'engouement actuel pour Koons a dépassé l'entendement, tant en ce qui concerne sa valeur artistique que sa valeur tout court. Miser sur lui revient à spéculer et gare à l'indigestion à force de déguster ainsi du Koons-Koons à toutes les sauces. Plus avisés ont été ceux qui ont préféré s'allonger devant Lucian Freud, dont la cote s'est affermie sans à-coups brutaux, ou se barder de plaisir avec l'extraordinaire Bacon pour lequel il a fallu plus d'une fois débourser plus de 30 millions de dollars. Désormais, il faut bien imaginer qu'il y aura une limite à cette frénésie et que certaines cotes retomberont comme des soufflets. On ne peut dire quand avec certitude mais on se doute bien que ce jour surviendra. Jeudi 15 novembre 2007, mauvaise nouvelle pour le grand galeriste Charles Bailly qui s'est vu réclamer plus de 500 000 euros de droits dûs à la Société des Artistes. Cette dernière s'étant montrée déterminée à le faire cracher au bassinet, il ne lui restera plus qu'à partir en chasse en vue de faire, comme à son habitude, une nouvelle belle découverte qui lui permettra de s'acquitter de ce montant assez faramineux. Bailly n'a pas hésité à aller en justice pour défendre sa position et contester les prétentions de la Société des Artistes dont les 1% de droits prélevés sur le chiffre d'affaire d'un marchand, et non sur la marge entre le prix d'achat et le prix de vente, ce qui serait plus logique concernaient également les ventes de tableaux anciens. Or, le droit de suite ne s'applique que pour les créateurs vivants et ceux qui sont décédés depuis 70 ans au ce qui revient à dire qu'un prélèvement s'appliquant à un artiste disparu depuis des siècles, est une pure aberration, nonobstant le fait que cette dîme n'est pour l'instant pas complètement en vigueur dans l'espace européen, ce qui signifie que cette exception encore bien française entraîne donc des entraves au marché intérieur et des distorsions de concurrence. Pour nombre de marchands, la Société des Artistes pratiquerait ainsi une sorte de racket en incluant toutes les oeuvres vendues par ces derniers dans le calcul de son prélèvement, en ne limitant pas celui-ci aux artistes morts depuis 70 ans au plus. Il reviendra ainsi aux tribunaux de préciser clairement si la taxe du 1% s'applique aux autres qui sont sortis définitivement du champ d'application du droit de suite et de remettre ainsi au carré les dispositions prévues par cet organisme qui à la longue forcera nombre de marchands à s'expatrier de France pour éviter ses tracasseries.
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Mercredi 14 novembre 2007, la décision du musée de Rouen de restituer à la Nouvelle-Zélande une tête momifiée maorie ornée de tatouages a provoqué une vive polémique entre les partisans de ce geste et ceux qui craignent un effet boomerang susceptible d'engendrer des demandes de restitution de reliques provenant d'autres pays.
Les Maoris ont cherché depuis une quinzaine d'années à obtenir de nombreux musées étrangers la restitution de crânes humains de leurs ancêtres afin de leur offrir une digne sépulture. Déjà, plusieurs institutions de Suisse, de Grande-Bretagne, d'Australie, du Danemark, des Etats-Unis ou d'Argentine ont répondu favorablement à leur requête, ce que s'apprêtait à faire le Museum de Rouen le mois dernier mais le ministère de la Culture a bloqué cette entreprise par voie de justice en estimant que le crâne momifié qu'il détenait appartenait au patrimoine national.
Les opposants à cette restitution craignent surtout d'avoir affaire à d'autres demandes venues d'autres pays pour exiger notamment le retour de momies égyptiennes ou pré-colombiennes sans compter nombre de reliques de saints étrangers. Les musées du Quai Branly et du Louvre seraient dans ce cas soumis à des réclamations sans fin propres à démembrer leurs importantes collections.
Il y a donc d'un côté un problème d'éthique soulevé au nom de l'égalité des peuples et du respect des traditions et de l'autre, le souci de préserver l'inaliénabilité des collections publiques et de faire valoir que l'histoire ne souffre pas d'être revisitée. Cela dit, les Maoris n'ont pas tort de défendre la mémoire de leurs ancêtres dont les têtes naturalisées firent l'objet d'un trafic honteux au XIXe siècle mais s'ils voulaient chercher la petite bête, les adversaires de leur restitution pourraient souligner de leur côté que certaines tribus de par le monde ne se privaient pas de décapiter les têtes de leurs ennemis pour les exposer devant leurs cases en ne procurant pas à ces derniers des sépultures décentes.
On constate que cette tempête pour un crâne risque de devenir un casse-tête qui ne sera pas près d'être résolu d'autant plus que sa restitution ouvrira sans nul doute la voie à d'autres demandes faites avec insistance par d'autres pays pour le retour de pièces archéologiques enlevées de leur sol il y a plus d'un siècle, que ce soit à propos des frises du Parthénon détenues par le British Museum ou des nombreuses antiquités égyptiennes conservées au Louvre que le Caire a réclamées.
Si on se place sur le terrain de l'histoire de l'humanité et de l'importance de présenter à l'étranger des trésors représentatifs du génie de nombreuses civilisations, il n'y a pas à revenir en arrière surtout que rien ne garantit par exemple que la restitution de pièces archéologiques à l'Egypte permettra à ce pays de mieux les préserver dans le temps. Il suffirait que ce dernier tombe un jour sous la coupe d'islamistes illuminés pour que ceux-ci décident, comme les talibans en Afghanistan, de détruire toutes les traces d'un passé qu'ils jugeraient iconoclaste. Imaginons le désastre.
L'affaire du crâne du Musée de Rouen reste pour l'instant un cas particulier mais sa restitution n'en est pas moins un problème hautement sensible qui pourrait provoquer l'ouverture d'une boîte de Pandore.
Dans la journée, la vente chez Christie's à Paris d'une partie du stock de l'antiquaire Bernard Steinitz n'a pas donné lieu à des résultats mitigés tout en suscitant des interrogations de la part du Conseil des ventes qui s'est étonné que certains lots présentés sans prix de réserve aient été purement et simplement ravalés.
La mention "Sans Prix de Réserve" dans un catalogue de vente veut normalement dire que la meilleure offre doit être acceptée, ce qui n'a pas semblé être le cas lors de cette vacation présentée au départ comme un événement marquant un nouveau tournant pour la dynastie Steinitz.
S'étant séparé de ses immenses entrepôts de Saint-Ouen où étaient entassées des centaines de pièces et ayant décidé d'ouvrir une nouvelle galerie à Londres tout en réaménageant sa grande boutique de l'avenue Matignon, Bernard Steinitz avait ainsi pris le parti de disperser plus de 600 meubles et objets, soit le dixième de son stock, chez Christie's à Paris et à New York.
De méchantes langues ont prétendu que l'antiquaire, pas toujours aimé de ses confrères parce que trop indépendant d'esprit, aurait subi le poids des ans et les effets d'une mauvaise chute à travers un plancher vermoulu d'un château à la campagne, ce qui l'aurait amené à comprendre qu'il était temps d'assurer sa succession en confiant les rênes de son affaire à son fils Benjamin, aujourd'hui âgé de 37 ans.
Il est vrai que Bernard Steinitz s'est fait étonnamment discret depuis des mois au marché aux Puces de Saint-Ouen où il faisait naguère de nombreuses découvertes et que ses confrères lui ont trouvé beaucoup moins d'allant. Pour sa part, Benjamin Steinitz représente évidemment l'avenir sauf que passer la main représente pour son père une obligation difficile à assumer vu son orgueil.
N'empêche, il n'était pas tellement dans les habitudes de Steinitz de se séparer d'une partie de son stock dans une salle de vente où sa présence a été plutôt celle d'un acheteur avisé. Les seules entorses faites par ce dernier ne furent d'ailleurs pas très concluantes, notamment la vacation-fleuve de novembre 1993 organisée dans ses entrepôts de Saint-Ouen, laquelle ne rapporta que 22 millions de francs sur les 80 millions espérés, ou celle qui a eu lieu en juin 2007 au château de Maisons, à Maisons-Laffitte, considérée comme un flop par les initiés.
Ayant démarré le métier en tirant une charrette à bras dans les rues de Paris à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Steinitz aura gravi les échelons grâce à son dynamisme et surtout ses merveilleuses connaissances mais sa boulimie lui aura joué parfois des mauvais tours tout autant que ses rapports mystérieux au début des années 1990 avec Bernard Tapie, qui fut un de ses importants clients sinon, d'après certains de ses confrères, plutôt un associé dont les difficultés l'obligèrent à organiser cette funeste vente de novembre 1993. Toujours est-il que Steinitz, surnommé "Le Prince des Antiquaires" , a joué un rôle de premier plan durant 40 ans à Paris et que son souhait le plus cher est désormais de voir perdurer sa dynastie grâce à son fils, ce qui ne l'a néanmoins pas empêché d'avoir encore d'autres rêves de grandeur en soupesant l'idée de créer son propre groupe de ventes aux enchères.. En soirée, soulagement à New York après les ventes d'art contemporain organisées chez Christie's et surtout chez Sotheby's dont la vacation d'art impressionniste et moderne s'était soldée huit jours auparavant par un résultat médiocre qui avait fait vaciller le marché de l'art. En proposant des lots assortis d'estimations exagérées et en accordant des garanties trop élevées aux vendeurs, Sotheby's avait senti souffler le vent du boulet en voyant au passage son action dégringoler de plus de 30% sur la place de Wall Street. Autant dire que les nuits qui ont précédé sa vacation d'art contemporain ont été plutôt agitées pour ses responsables qui avaient amèrement regretté d'avoir fait à certains de leurs riches vendeurs de sottes bises bien coûteuses. Bref, tout est rentré dans l'ordre grâce à l'excitation démesurée des amateurs en faveur de l'art contemporain. Ceux-ci ont fait exploser plusieurs records, notamment pour Jeff Koons crédité d'une enchère de plus de 25 millions de dollars qui a fait passer d'un coup Andy Warhol pour un nabot. L'engouement actuel pour Koons a dépassé l'entendement, tant en ce qui concerne sa valeur artistique que sa valeur tout court. Miser sur lui revient à spéculer et gare à l'indigestion à force de déguster ainsi du Koons-Koons à toutes les sauces. Plus avisés ont été ceux qui ont préféré s'allonger devant Lucian Freud, dont la cote s'est affermie sans à-coups brutaux, ou se barder de plaisir avec l'extraordinaire Bacon pour lequel il a fallu plus d'une fois débourser plus de 30 millions de dollars. Désormais, il faut bien imaginer qu'il y aura une limite à cette frénésie et que certaines cotes retomberont comme des soufflets. On ne peut dire quand avec certitude mais on se doute bien que ce jour surviendra. Jeudi 15 novembre 2007, mauvaise nouvelle pour le grand galeriste Charles Bailly qui s'est vu réclamer plus de 500 000 euros de droits dûs à la Société des Artistes. Cette dernière s'étant montrée déterminée à le faire cracher au bassinet, il ne lui restera plus qu'à partir en chasse en vue de faire, comme à son habitude, une nouvelle belle découverte qui lui permettra de s'acquitter de ce montant assez faramineux. Bailly n'a pas hésité à aller en justice pour défendre sa position et contester les prétentions de la Société des Artistes dont les 1% de droits prélevés sur le chiffre d'affaire d'un marchand, et non sur la marge entre le prix d'achat et le prix de vente, ce qui serait plus logique concernaient également les ventes de tableaux anciens. Or, le droit de suite ne s'applique que pour les créateurs vivants et ceux qui sont décédés depuis 70 ans au ce qui revient à dire qu'un prélèvement s'appliquant à un artiste disparu depuis des siècles, est une pure aberration, nonobstant le fait que cette dîme n'est pour l'instant pas complètement en vigueur dans l'espace européen, ce qui signifie que cette exception encore bien française entraîne donc des entraves au marché intérieur et des distorsions de concurrence. Pour nombre de marchands, la Société des Artistes pratiquerait ainsi une sorte de racket en incluant toutes les oeuvres vendues par ces derniers dans le calcul de son prélèvement, en ne limitant pas celui-ci aux artistes morts depuis 70 ans au plus. Il reviendra ainsi aux tribunaux de préciser clairement si la taxe du 1% s'applique aux autres qui sont sortis définitivement du champ d'application du droit de suite et de remettre ainsi au carré les dispositions prévues par cet organisme qui à la longue forcera nombre de marchands à s'expatrier de France pour éviter ses tracasseries.
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