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Celui qui s'arrête à Saint-Quentin risque de ne pas savoir compter jusqu'à cinquante-deux (proverbe surréaliste)
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Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
XXVIème Chapitre
LA CHEVRE DE L'ÎLE SEGUIN
24 Octobre 2007 |
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Mardi 23 octobre 2007, deux ans après l'annonce de son projet, le centre européen de création contemporaine sur l'île Seguin à Boulogne n'a toujours pas trouvé de financement.
Doté d'un budget prévisionnel de 100 millions d'euros, ce centre devait remplacer la Fondation François Pinault après le renoncement de l'homme d'affaires de montrer ses collections dans un bâtiment de style avant-gardiste sur l'île. Excédé par la lenteur des négociations menées avec la mairie de Boulogne, ce dernier avait décidé de s'installer plutôt à Venise où il fut accueilli les bras ouverts par la municipalité de la Cité des Doges.
Il faut dire que le Président Nicolas Sarkozy n'a jamais été en faveur de la création de ce centre alors que le ministère de la Culture n'a pas été enclin à lui accorder un quelconque financement, ce qui veut dire quelque part que celui-ci va vite finir par devenir la chèvre de l'Île Seguin où un jardin botanique parsemé de sculptures sera vraisemblablement installé à sa place.
Jeudi 25 octobre 2007, ouverture pour les professionnels de la foire aux antiquités et aux vieux papiers à la Porte Champerret. Du côté des tableaux et des objets d'art, rien de passionnant mais au niveau des vieux papiers beaucoup de découvertes à faire, notamment un lot d'une douzaine de dessins et huiles sur papier de Jean Fautrier, lequel a été enlevé en grande partie par des chineurs du Club des Rêveurs Anonymes de Drouot (CRAD) ravis de l'aubaine.
La semaine écoulée a été riche en ventes de prestige, notamment au niveau de l'art moderne et contemporain avec des enchères d'envergure portées sur les oeuvres de la collection Alain Delon des artistes d'après-guerre et aussi lors d'autres vacations sur des pièces de Henri Laurens, Arman, Monet, César, Giacometti et d'autres stars du marché qui s'est emballé malgré l'effondrement du dollar face à l'euro et la hausse du prix du baril de pétrole. Dans la conjoncture actuelle, les huiles valent donc de plus en plus cher en étant arrachées par des gens bardés de fric qui s'amusent comme des petits fous dans les salles de vente.
On pourrait croire que la bonne marchandise a manqué cruellement pour pousser ainsi les prix au plus haut mais en ce qui concerne les chineurs, nombre d'entre eux n'ont guère eu à se plaindre durant ce mois d'octobre riche en découvertes de toutes sortes, ce qui signifie que la chasse au trésor est restée plus que jamais ouverte. Je n'irai toutefois pas jusqu'à prétendre qu'il s'agit d'une renaissance après des mois de vaches maigres mais plutôt d'un heureux hasard de circonstances. Donc, en ces temps difficiles pour tant de gens confrontés à la baisse de leur pouvoir d'achat, les chineurs à qui la chance a souri ont trouvé le moyen de s'offrir de beaux frissons.
Vendredi 26 octobre 2007, encore quelques trouvailles intéressantes pour certains lève-tôt au marché aux Puces de Saint-Ouen mais les bons coups ont été rares le lendemain à Vanves où un chineur a mis sur la main sur un tableau portant la signature de Fernand Léger qui ne sera pas facile à faire authentifier. Trouver tous les jours un trésor serait en fait trop beau...
Dimanche 28 octobre 2007, un marchand de Saint-Ouen a failli faire une jaunisse en recevant de la part d'un Russe bien nanti une offre quatre fois supérieure à celle qu'il avait acceptée d'un client régulier pour des éléments en céramique du début du 16e siècle que ce dernier avait réservé sans encore le régler. Honnête, le brocanteur a décliné l'offre généreuse du Russe en regrettant que celui-ci ne soit pas passé à sa boutique le mois précédent, tout ça parce qu'il n'avait pas pu garer sa voiture en double file pour aller lui rendre visite. Pas de bol...
A la foire à la brocante de Vincennes, un petit brocanteur a fait une belle glissade en vendant pour 30 euros une chaise à croisillons déballée sur le trottoir durant plus de deux heures avant qu'un chineur ne s'avise de la retourner pour découvrir dessous l'estampille d'Adolphe Chanaux et Jean-Michel Frank. Ce qui semblait un vulgaire bout de bois valait en fait plus de 20 000 euros. Coup de bol pour l'acheteur...
Jeudi 1er novembre 2007, foire annuelle de la Porte de Montreuil où le nombre des exposants n'a pas fini de se réduire. Les chineurs partis à l'attaque dès six heures du matin n'ont donc pas eu grand chose à se mettre sous la dent. Manque de bol.
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Mardi 23 octobre 2007, deux ans après l'annonce de son projet, le centre européen de création contemporaine sur l'île Seguin à Boulogne n'a toujours pas trouvé de financement.
Doté d'un budget prévisionnel de 100 millions d'euros, ce centre devait remplacer la Fondation François Pinault après le renoncement de l'homme d'affaires de montrer ses collections dans un bâtiment de style avant-gardiste sur l'île. Excédé par la lenteur des négociations menées avec la mairie de Boulogne, ce dernier avait décidé de s'installer plutôt à Venise où il fut accueilli les bras ouverts par la municipalité de la Cité des Doges.
Il faut dire que le Président Nicolas Sarkozy n'a jamais été en faveur de la création de ce centre alors que le ministère de la Culture n'a pas été enclin à lui accorder un quelconque financement, ce qui veut dire quelque part que celui-ci va vite finir par devenir la chèvre de l'Île Seguin où un jardin botanique parsemé de sculptures sera vraisemblablement installé à sa place.
Jeudi 25 octobre 2007, ouverture pour les professionnels de la foire aux antiquités et aux vieux papiers à la Porte Champerret. Du côté des tableaux et des objets d'art, rien de passionnant mais au niveau des vieux papiers beaucoup de découvertes à faire, notamment un lot d'une douzaine de dessins et huiles sur papier de Jean Fautrier, lequel a été enlevé en grande partie par des chineurs du Club des Rêveurs Anonymes de Drouot (CRAD) ravis de l'aubaine.
La semaine écoulée a été riche en ventes de prestige, notamment au niveau de l'art moderne et contemporain avec des enchères d'envergure portées sur les oeuvres de la collection Alain Delon des artistes d'après-guerre et aussi lors d'autres vacations sur des pièces de Henri Laurens, Arman, Monet, César, Giacometti et d'autres stars du marché qui s'est emballé malgré l'effondrement du dollar face à l'euro et la hausse du prix du baril de pétrole. Dans la conjoncture actuelle, les huiles valent donc de plus en plus cher en étant arrachées par des gens bardés de fric qui s'amusent comme des petits fous dans les salles de vente.
On pourrait croire que la bonne marchandise a manqué cruellement pour pousser ainsi les prix au plus haut mais en ce qui concerne les chineurs, nombre d'entre eux n'ont guère eu à se plaindre durant ce mois d'octobre riche en découvertes de toutes sortes, ce qui signifie que la chasse au trésor est restée plus que jamais ouverte. Je n'irai toutefois pas jusqu'à prétendre qu'il s'agit d'une renaissance après des mois de vaches maigres mais plutôt d'un heureux hasard de circonstances. Donc, en ces temps difficiles pour tant de gens confrontés à la baisse de leur pouvoir d'achat, les chineurs à qui la chance a souri ont trouvé le moyen de s'offrir de beaux frissons.
Vendredi 26 octobre 2007, encore quelques trouvailles intéressantes pour certains lève-tôt au marché aux Puces de Saint-Ouen mais les bons coups ont été rares le lendemain à Vanves où un chineur a mis sur la main sur un tableau portant la signature de Fernand Léger qui ne sera pas facile à faire authentifier. Trouver tous les jours un trésor serait en fait trop beau...
Dimanche 28 octobre 2007, un marchand de Saint-Ouen a failli faire une jaunisse en recevant de la part d'un Russe bien nanti une offre quatre fois supérieure à celle qu'il avait acceptée d'un client régulier pour des éléments en céramique du début du 16e siècle que ce dernier avait réservé sans encore le régler. Honnête, le brocanteur a décliné l'offre généreuse du Russe en regrettant que celui-ci ne soit pas passé à sa boutique le mois précédent, tout ça parce qu'il n'avait pas pu garer sa voiture en double file pour aller lui rendre visite. Pas de bol...
A la foire à la brocante de Vincennes, un petit brocanteur a fait une belle glissade en vendant pour 30 euros une chaise à croisillons déballée sur le trottoir durant plus de deux heures avant qu'un chineur ne s'avise de la retourner pour découvrir dessous l'estampille d'Adolphe Chanaux et Jean-Michel Frank. Ce qui semblait un vulgaire bout de bois valait en fait plus de 20 000 euros. Coup de bol pour l'acheteur...
Jeudi 1er novembre 2007, foire annuelle de la Porte de Montreuil où le nombre des exposants n'a pas fini de se réduire. Les chineurs partis à l'attaque dès six heures du matin n'ont donc pas eu grand chose à se mettre sous la dent. Manque de bol.
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