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Un charcutier présente sa palette sur son étalage alors qu'un grand peintre fait étalage de sa palette...(AD)
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Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
XXVIème Chapitre
SALADE NICOISE...
07 Août 2007 |
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Dimanche 5 août 2007, des hommes encagoulés ont fait irruption au Musée des beaux-arts Jules Chéret de Nice pour s'emparer de quatre tableaux, deux Brueghel, un Monet et un Sisley.
Ce casse a paru pour le moins bizarre, vu que ces tableaux sont invendables sur le marché mais ce qui a intrigué les enquêteurs c'est que le Monet et le Sisley avaient déjà été dérobés le 21 septembre 1998 avant d'être retrouvés intacts une semaine plus tard, l'un dans les égouts et l'autre dans un bateau en carène. A la suite de quoi, le conservateur de l'époque, Jean Fornéris, avait été condamné pour ce vol à 5 ans de prison, dont 18 mois ferme en juillet 2002.
Il serait incroyable que ce dernier puisse être mêlé à ce vol qui aurait été commis soit pour le compte d'un collectionneur fou soit dans le but d'obtenir une rançon. A moins qu'il se serait agi d'une blague de la part de "Brice de Nice"... Allez savoir...
Encore une fois, ce hold-up est venu démontrer le manque patent de sécurité dans certains musées. Ne disposant pas d'alarme ni de caméras dans les salles, celui de Nice ne comptait que deux surveillants lorsque le braquage a eu lieu à l'heure de la pause. La conservatrice a indiqué que le dimanche, journée gratuite, «nécessitait moins de surveillance», une déclaration plutôt étonnante de sa part puisque ce jour-là, la fréquentation est généralement supérieure à la normale.
Cette affaire a également confirmé l'intérêt grandissant des milieux criminels pour le vol et le trafic d'objets d'art, les gangsters ayant constaté qu'il était bien plus facile de s'attaquer à des musées qu'à des banques en risquant à l'occasion des peines plutôt légères en regard de celles infligées à des receleurs. Voilà comment la France détient avec l'Italie le triste privilège d'enregistrer le plus grand nombre de vols d'objets d'art et de tableaux dans le monde.
Mardi 7 août 2007, trois hommes ayant été mêlés de près ou de loin au vol de trois oeuvres de Picasso au domicile parisien de la petite-fille de l'artiste dans la nuit du 26 au 27 février 2007, ont été interpellés par la police au terme d'une enquête de longue haleine.
Ces trois hommes, âgés de 45 à 60 ans, ont été décrits par Loïc Garnier, chef de la Brigade de répression du banditisme (BRB), comme des professionnels du vol et du recel oeuvrant au sein du marché noir de l'art.
Les tableaux "Maya à la poupée et au cheval de bois" peint le 22 janvier 1938 et "Portrait de Jacqueline", seconde épouse de Picasso, réalisé le 11 février 1961, ainsi qu'un dessin, "Marie-Thérèse à 21 ans", avaient été dérobés lors du cambriolage commis dans l'hôtel particulier de Diana Widmaier-Picasso situé rue de Grenelle.
Très connues et valant plus de 50 millions d'euros, ces oeuvres étaient impossibles à écouler sur le marché de l'art, ce qui a conduit les auteurs du vol à commettre des imprudences lors de leurs tentatives visant à approcher des acheteurs peu scrupuleux pour s'en débarrasser à un prix bien inférieur à la cote officielle. Il fallait en effet être bien stupide pour espérer convaincre un acheteur de les acquérir sans que celui-ci tienne compte des risques encourus. A ce propos, le chef de la BRB s'est permis de manifester un certain humour en déclarant::"Ce n'est pas la marque de l'amateurisme mais j'y vois la marque de gens qui ne sont pas des amateurs d'art"..
L'enquête s'est accélérée il y a un mois, avec, comme la police l'espérait, des informations provenant du milieu du marché de l'art. C'est ainsi qu'un marchand de Bruxelles a prévenu les services concernés qu'un homme se présentant sous son véritable nom lui avait proposé un bronze d'un artiste réputé volé au début du mois de juillet à Paris.
Les enquêteurs ont alors déterminé que ce dernier était en relation avec deux hommes très défavorablement connus, dont un malfaiteur notoire, qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt après avoir été condamné en appel le 3 juillet à 4 ans de prison ferme pour des vols d'objets d'art.
Ayant alors entrepris une série de filatures les menant de bistrot en bistrot et dans d'autres endroits, les policiers de la BRB ont décidé de ne plus attendre pour interpeller deux des trois hommes qu'ils suivaient lorsqu'ils les ont repérés dans le XVIe arrondissement en train de transporter des tubes contenant les deux toiles volées chez la petite-fille de Picasso. Le troisième individu, un cambrioleur déjà condamné plusieurs fois pour des vols d'objets d'art; a quant à lui été arrêté peu après, à proximité de son domicile, a précisé la police. Ce serait ce dernier, réputé être un magicien de l'ouverture des serrures, qui aurait commis le vol chez Diana Picasso pendant qu'elle dormait.
Les toiles retrouvées ont toutefois subi quelques dégradations du fait qu'elles avaient été roulées trop serré et du mauvais côté, c'est-à-dire la peinture à l'intérieur. La plus endommagée a été "Maya à la poupée et au cheval de bois" qui, grossièrement déclouée, s'est écaillée, ce qui a démontré le degré de bêtise de ces malfrats.
Par ailleurs, d'autres objets d'art ont été retrouvés chez ces derniers lesquels n'auront donc plus le loisir de nuire durant un certain temps. Parmi les individus arrêtés, l'un, âgé de 54 ans et connu comme receleur et trafiquant d'objets d'art, avait eu affaire plusieurs fois à la justice. Son complice, âgé de 58 ans, quasiment inconnu pour ce genre de méfait,aurait semble-t-il réussi à échapper à la police à plusieurs reprises. Désormais, les enquêteurs ont cherché à savoir avec qui ces pieds nickelés auraient pu avoir rendez-vous pour vendre les deux toiles et le dessin de Picasso.
BAISER INTERDIT
Mercredi 15 août 2007, le Musée d'Avignon a décidé de poursuivre une visiteuse pour avoir laissé la marque de son rouge à lèvres sur une toile de l'artiste Cy Twombly lors d'une rétrospective consacrée à ce dernier.
La coupable a expliqué qu'elle n'avait pu résister à l'envie irrésistible de poser ses lèvres sur l'oeuvre qui fait partie d'un triptyque monumental de Twombly. L'ennui est que le rouge à lèvres pourrait s'avérer indélébile, ce qui fait que la toile ne pourrait être restaurée.
Furieux, le conservateur du musée a déclaré que l'acte stupide de cette visiteuse pouvait être assimilé à un viol. En attendant, la solution pourrait être d'utiliser l'oeuvre de Twombly comme support publicitaire pour la marque du rouge à lèvres qu'elle a utilisé, histoire de trouver un moyen de dédommagement et de faire au passage une jolie promotion pour l'artiste.
Samedi 1er septembre 2007, retour fracassant des petites frappes encagoulées aux Puces de Saint-Ouen. Vers 8 heures, un brocanteur du marché Dauphine a ainsi eu la mauvaise idée d'aller prendre son petit déjeuner au café-restaurant "Le Biron" de la rue des Rosiers sans se rendre compte qu'il était suivi par un groupe de 4 petits voyous visiblement intéressés par sa sacoche.
A peine a-t-il eu le temps de siroter son café au comptoir que l'un d'entre eux s'est précipité à l'intérieur de l'établissement pour s'emparer de la fameuse sacoche posée à ses pieds.
Se ruant à la poursuite du malfrat, le marchand est tombé face à face avec les complices de ce dernier qui n'ont pas hésité à le rouer de coups et à l'amocher sérieusement.
Des coups, les marchands ont désormais bien du mal à en faire mais les prendre est par contre devenu pour eux un risque de plus en plus fréquent. Bien entendu, les quatre encagoulés ont pu s'enfuir pour se réfugier dans les tours HLM voisines du marché, là où la police n'a pas souvent osé s'aventurer pour y rechercher les auteurs d'agressions lesquelles ont eu pour effet de nuire à la réputation des Puces. Résultat: les touristes étrangers y ont été de moins en moins nombreux d'année en année.
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Dimanche 5 août 2007, des hommes encagoulés ont fait irruption au Musée des beaux-arts Jules Chéret de Nice pour s'emparer de quatre tableaux, deux Brueghel, un Monet et un Sisley.
Ce casse a paru pour le moins bizarre, vu que ces tableaux sont invendables sur le marché mais ce qui a intrigué les enquêteurs c'est que le Monet et le Sisley avaient déjà été dérobés le 21 septembre 1998 avant d'être retrouvés intacts une semaine plus tard, l'un dans les égouts et l'autre dans un bateau en carène. A la suite de quoi, le conservateur de l'époque, Jean Fornéris, avait été condamné pour ce vol à 5 ans de prison, dont 18 mois ferme en juillet 2002.
Il serait incroyable que ce dernier puisse être mêlé à ce vol qui aurait été commis soit pour le compte d'un collectionneur fou soit dans le but d'obtenir une rançon. A moins qu'il se serait agi d'une blague de la part de "Brice de Nice"... Allez savoir...
Encore une fois, ce hold-up est venu démontrer le manque patent de sécurité dans certains musées. Ne disposant pas d'alarme ni de caméras dans les salles, celui de Nice ne comptait que deux surveillants lorsque le braquage a eu lieu à l'heure de la pause. La conservatrice a indiqué que le dimanche, journée gratuite, «nécessitait moins de surveillance», une déclaration plutôt étonnante de sa part puisque ce jour-là, la fréquentation est généralement supérieure à la normale.
Cette affaire a également confirmé l'intérêt grandissant des milieux criminels pour le vol et le trafic d'objets d'art, les gangsters ayant constaté qu'il était bien plus facile de s'attaquer à des musées qu'à des banques en risquant à l'occasion des peines plutôt légères en regard de celles infligées à des receleurs. Voilà comment la France détient avec l'Italie le triste privilège d'enregistrer le plus grand nombre de vols d'objets d'art et de tableaux dans le monde.
Mardi 7 août 2007, trois hommes ayant été mêlés de près ou de loin au vol de trois oeuvres de Picasso au domicile parisien de la petite-fille de l'artiste dans la nuit du 26 au 27 février 2007, ont été interpellés par la police au terme d'une enquête de longue haleine.
Ces trois hommes, âgés de 45 à 60 ans, ont été décrits par Loïc Garnier, chef de la Brigade de répression du banditisme (BRB), comme des professionnels du vol et du recel oeuvrant au sein du marché noir de l'art.
Les tableaux "Maya à la poupée et au cheval de bois" peint le 22 janvier 1938 et "Portrait de Jacqueline", seconde épouse de Picasso, réalisé le 11 février 1961, ainsi qu'un dessin, "Marie-Thérèse à 21 ans", avaient été dérobés lors du cambriolage commis dans l'hôtel particulier de Diana Widmaier-Picasso situé rue de Grenelle.
Très connues et valant plus de 50 millions d'euros, ces oeuvres étaient impossibles à écouler sur le marché de l'art, ce qui a conduit les auteurs du vol à commettre des imprudences lors de leurs tentatives visant à approcher des acheteurs peu scrupuleux pour s'en débarrasser à un prix bien inférieur à la cote officielle. Il fallait en effet être bien stupide pour espérer convaincre un acheteur de les acquérir sans que celui-ci tienne compte des risques encourus. A ce propos, le chef de la BRB s'est permis de manifester un certain humour en déclarant::"Ce n'est pas la marque de l'amateurisme mais j'y vois la marque de gens qui ne sont pas des amateurs d'art"..
L'enquête s'est accélérée il y a un mois, avec, comme la police l'espérait, des informations provenant du milieu du marché de l'art. C'est ainsi qu'un marchand de Bruxelles a prévenu les services concernés qu'un homme se présentant sous son véritable nom lui avait proposé un bronze d'un artiste réputé volé au début du mois de juillet à Paris.
Les enquêteurs ont alors déterminé que ce dernier était en relation avec deux hommes très défavorablement connus, dont un malfaiteur notoire, qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt après avoir été condamné en appel le 3 juillet à 4 ans de prison ferme pour des vols d'objets d'art.
Ayant alors entrepris une série de filatures les menant de bistrot en bistrot et dans d'autres endroits, les policiers de la BRB ont décidé de ne plus attendre pour interpeller deux des trois hommes qu'ils suivaient lorsqu'ils les ont repérés dans le XVIe arrondissement en train de transporter des tubes contenant les deux toiles volées chez la petite-fille de Picasso. Le troisième individu, un cambrioleur déjà condamné plusieurs fois pour des vols d'objets d'art; a quant à lui été arrêté peu après, à proximité de son domicile, a précisé la police. Ce serait ce dernier, réputé être un magicien de l'ouverture des serrures, qui aurait commis le vol chez Diana Picasso pendant qu'elle dormait.
Les toiles retrouvées ont toutefois subi quelques dégradations du fait qu'elles avaient été roulées trop serré et du mauvais côté, c'est-à-dire la peinture à l'intérieur. La plus endommagée a été "Maya à la poupée et au cheval de bois" qui, grossièrement déclouée, s'est écaillée, ce qui a démontré le degré de bêtise de ces malfrats.
Par ailleurs, d'autres objets d'art ont été retrouvés chez ces derniers lesquels n'auront donc plus le loisir de nuire durant un certain temps. Parmi les individus arrêtés, l'un, âgé de 54 ans et connu comme receleur et trafiquant d'objets d'art, avait eu affaire plusieurs fois à la justice. Son complice, âgé de 58 ans, quasiment inconnu pour ce genre de méfait,aurait semble-t-il réussi à échapper à la police à plusieurs reprises. Désormais, les enquêteurs ont cherché à savoir avec qui ces pieds nickelés auraient pu avoir rendez-vous pour vendre les deux toiles et le dessin de Picasso.
BAISER INTERDIT
Mercredi 15 août 2007, le Musée d'Avignon a décidé de poursuivre une visiteuse pour avoir laissé la marque de son rouge à lèvres sur une toile de l'artiste Cy Twombly lors d'une rétrospective consacrée à ce dernier.
La coupable a expliqué qu'elle n'avait pu résister à l'envie irrésistible de poser ses lèvres sur l'oeuvre qui fait partie d'un triptyque monumental de Twombly. L'ennui est que le rouge à lèvres pourrait s'avérer indélébile, ce qui fait que la toile ne pourrait être restaurée.
Furieux, le conservateur du musée a déclaré que l'acte stupide de cette visiteuse pouvait être assimilé à un viol. En attendant, la solution pourrait être d'utiliser l'oeuvre de Twombly comme support publicitaire pour la marque du rouge à lèvres qu'elle a utilisé, histoire de trouver un moyen de dédommagement et de faire au passage une jolie promotion pour l'artiste.
Samedi 1er septembre 2007, retour fracassant des petites frappes encagoulées aux Puces de Saint-Ouen. Vers 8 heures, un brocanteur du marché Dauphine a ainsi eu la mauvaise idée d'aller prendre son petit déjeuner au café-restaurant "Le Biron" de la rue des Rosiers sans se rendre compte qu'il était suivi par un groupe de 4 petits voyous visiblement intéressés par sa sacoche.
A peine a-t-il eu le temps de siroter son café au comptoir que l'un d'entre eux s'est précipité à l'intérieur de l'établissement pour s'emparer de la fameuse sacoche posée à ses pieds.
Se ruant à la poursuite du malfrat, le marchand est tombé face à face avec les complices de ce dernier qui n'ont pas hésité à le rouer de coups et à l'amocher sérieusement.
Des coups, les marchands ont désormais bien du mal à en faire mais les prendre est par contre devenu pour eux un risque de plus en plus fréquent. Bien entendu, les quatre encagoulés ont pu s'enfuir pour se réfugier dans les tours HLM voisines du marché, là où la police n'a pas souvent osé s'aventurer pour y rechercher les auteurs d'agressions lesquelles ont eu pour effet de nuire à la réputation des Puces. Résultat: les touristes étrangers y ont été de moins en moins nombreux d'année en année.
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