Dimanche 11 mars, jour des élections municipales. Grisaille sur tous les fronts pour les chineurs et les marchands. Rencontre ce matin au marché de Vanves avec Florian, un Roumain décorateur de profession et occasionnellement marchand en chambre. Il trouve lui aussi que l'atmosphère est bien calme mais que les bonnes affaires sont toujours possibles puisqu'il a chiné un Corot – lui aussi ! - pour 3000 FF revendu avec un joli bénéfice à l'épouse d'un grand marchand pour sa propriété en Espagne puis acheté pour 1000 FF à Drouot une petite marine qui s'est révélée après nettoyage être une œuvre d'Eugène Isabey.
Déjeuner avec Chester Fielx aux Puces de Saint-Ouen. Celui-ci regrette que son Corot chiné à Bruxelles n'en soit pas finalement un aux yeux de l'expert. Je lui réponds que ce serait vraiment trop beau de gagner à tous les coups, ce qui lui fait admettre ce constat avec philosophie.
«Tu as bien raison. J'ai déjà gagné gros avec l'autoportrait de Corot et eu la satisfaction de faire authentifier mon Lebourg et d'autres pièces alors que je fonde de bons espoirs au sujet du dessin de Burne-Jones et de l'huile de Lovis Corinth», me dit-il avec un grand sourire de satisfaction aux lèvres.
Michaël «le puits de science» nous rejoint. Il nous déclare s'être ruiné en achetant coup sur coup un tableau signé «CP 1878»représentant un paysage des environs de Pontoise, qui pourrait bien être une œuvre de Pissarro, une huile sur cuivre de Francken représentant l'enlèvement d'Europe et un petit portrait en tondo de Philippe II d'Espagne.
«Après cette razzia, je suis à sec», déplore-t-il tout en commandant son déjeuner. A l'évidence, il va devoir se décarcasser pour vendre certaines pièces de sa collection s'il veut repartir à la chasse au trésor avec suffisamment d'argent dans son portefeuille.