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Le succès, c'est d'aller d'échec en échec sans perdre son enthousiasme (Winston Churchill)
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Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
VIème Chapitre
LES LIMITES DE LA PASSION…
01 Février 2001 |
Cet article se compose de 2 pages.
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Un internaute me félicite dans un e-mail pour mes articles sur l'art contemporain tout m'invitant à ne pas adopter un discours trop restrictif qui me ferait finalement tomber dans un conservatisme mal approprié. En fait mes jugements délivrés sur artcult.com ont un côté généraliste, ce qui signifie que je n'évoque pas souvent les artistes en devenir dans la plupart de mes articles de fond. Il est vrai que je devrais m'intéresser un peu plus aux jeunes pousses mais pour ce faire, il me faudrait plus de temps et de disponibilité. Je retiens malgré tout cette critique constructive apte à me donner des idées. J'admets volontiers qu'il faudra bien que je me penche un jour sur ces peintres qui sont exposés par des galeristes passionnés du côté de la Bastille ou du Marais histoire de mieux les faire connaître et de donner à artcult.com un rôle de promoteur de la jeune génération. Les artistes de talent ne manquent certes pas mais tous n'ont malheureusement pas la chance de bénéficier d'appuis utiles parmi les marchands et les galeries. Rares sont en outre ceux qui ont l'honneur d'être exposés à la FIAC ou même à MAC 2000 alors que les professionnels qui les soutiennent font souvent ce qu'ils peuvent pour tenir le cap. Résultat : les petites galeries travaillent avec les moyens du bord en ne pouvant guère rivaliser avec celles qui ont pignon sur rue dans les quartiers huppés de Paris. Le circuit de la célébrité est en fait fort complexe et parfois irrationnel, mais cette constatation n'est pas nouvelle. Il suffit ainsi de se rappeler du parcours des Impressionnistes, des Fauves, des Cubistes ou des Surréalistes et plus près de nous, des peintres du groupe Support-Surface ou ceux de la Figuration Libre pour se faire une idée du succès surprenant rencontré par ces artistes tout au long du siècle passé.
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Un internaute me félicite dans un e-mail pour mes articles sur l'art contemporain tout m'invitant à ne pas adopter un discours trop restrictif qui me ferait finalement tomber dans un conservatisme mal approprié. En fait mes jugements délivrés sur artcult.com ont un côté généraliste, ce qui signifie que je n'évoque pas souvent les artistes en devenir dans la plupart de mes articles de fond. Il est vrai que je devrais m'intéresser un peu plus aux jeunes pousses mais pour ce faire, il me faudrait plus de temps et de disponibilité. Je retiens malgré tout cette critique constructive apte à me donner des idées. J'admets volontiers qu'il faudra bien que je me penche un jour sur ces peintres qui sont exposés par des galeristes passionnés du côté de la Bastille ou du Marais histoire de mieux les faire connaître et de donner à artcult.com un rôle de promoteur de la jeune génération. Les artistes de talent ne manquent certes pas mais tous n'ont malheureusement pas la chance de bénéficier d'appuis utiles parmi les marchands et les galeries. Rares sont en outre ceux qui ont l'honneur d'être exposés à la FIAC ou même à MAC 2000 alors que les professionnels qui les soutiennent font souvent ce qu'ils peuvent pour tenir le cap. Résultat : les petites galeries travaillent avec les moyens du bord en ne pouvant guère rivaliser avec celles qui ont pignon sur rue dans les quartiers huppés de Paris. Le circuit de la célébrité est en fait fort complexe et parfois irrationnel, mais cette constatation n'est pas nouvelle. Il suffit ainsi de se rappeler du parcours des Impressionnistes, des Fauves, des Cubistes ou des Surréalistes et plus près de nous, des peintres du groupe Support-Surface ou ceux de la Figuration Libre pour se faire une idée du succès surprenant rencontré par ces artistes tout au long du siècle passé.
Pourquoi eux, pourquoi pas d'autres ? Sempiternelle question. Aucune réponse valable ne peut y être apportée pour la bonne raison que même les plus grands marchands se sont cassé les dents sur ce problème. Vollard et Kahnweiler ont été en grande partie les découvreurs de grands artistes comme Picasso, Gris, Soutine et tant d'autres mais on oublie que ces deux marchands se sont en fait ruinés pour promouvoir de nombreux peintres dont on ne parle plus du tout aujourd'hui. Et puis, être critique c'est porter des jugements qui souvent ne tiennent qu'à soi. Ce n'est pas non plus parce que j'admire certains artistes que je vais en toute certitude permettre de le propulser sur le devant de la scène surtout si d'autres critiques ne sont pas d'accord avec moi. Il faut donc des associations d'idées en faveur de tel ou tel peintre pour amener alors les médias à faire du battage auprès du public qui à son tour fera la renommée de celui dont on parle et tout ceci avec un brin de chance pour faire lever la pâte. Enfin, les succès foudroyants ne sont pas légion si on songe déjà que la réputation de Picasso ne s'est pas faite en un jour quoique certaines exceptions peuvent être signalées, notamment lorsqu'il s'est agi de Rembrandt Bugatti ou de Bernard Buffet. En général, un artiste ne perce qu'au bout d'une dizaine années d'un intense labeur mais les réussites restent finalement peu nombreuses. Il suffit de faire le tri parmi les candidats au succès qui sont chaque année sur les bancs des grandes écoles d'art pour se faire une opinion bien ancrée sur le taux de réussite parmi les artistes sans compter que certains ont flirté un temps avec le vedettariat avant de disparaître brutalement de la scène. Pour finir, je vous conseille de visiter certains squats d'artistes dans Paris pour vous rendre compte du talent de certains. A première vue, on se demande pourquoi ils n'ont pas encore réussi à se faire connaître et on se dit ensuite que le marché de l'art est parfois à côté de la plaque. Pourquoi Dupont et pourquoi pas Durand ? Voilà une énigme que personne n'est parvenu à résoudre. Il est vrai également que de marchands préfèrent travailler avec des valeurs qui commencent à être consacrées. D'un point de vue humain, on appelle cela limiter les risques encore que ceux qui jouent dans ce registre vous diront qu'ils se démènent comme de beaux diables pour faire découvrir leurs poulains. Pourquoi un artiste a-t-il plus qu'un autre eu la chance d'être lancé ? On pourrait trouver de multiples réponses à cette question. Grâce au hasard, à la chance d'avoir rencontré un marchand qui a été séduit par son travail, à son acharnement, à son talent, à un collectionneur qui a tout misé sur lui et qui a su faire partager aux autres sa passion à son égard, à un miracle en salle de vente, à l'article dithyrambique pondu un jour par un critique d'art, à son côté provocateur, au succès du mouvement auquel il appartient et je ne sais quoi encore. L'art est un domaine où règne le pour et le contre et il suffit parfois qu'un courant de sympathie soit plus fort pour enclencher le processus du succès. Il y a ainsi une sorte de thermomètre de la passion qui s'active au gré des pulsions dans ce domaine qui est un peu à l'image de notre globe terrestre soumis à des perturbations géologiques et climatiques. Coup de chaud sur tel peintre, coup de froid sur tel autre, séisme, temps calme ou tempête sur le marché, insouciance, excitation ou panique et au milieu de tout cela, l'artiste qui navigue en solitaire, qui ne parvient pas à s'en sortir ou qui a la chance d'être aidé. Pour conclure, il y a celui qui a du talent mais qui ne sait pas se promouvoir ou celui qui n'en a pas vraiment mais qui a trouvé des appuis pour faire croire à son génie ou encore celui qui n'a ni talent ni promoteur qui tourne en rond ou qui perce sans que l'on parvienne à comprendre les raisons de son succès. Et dire que Renoir pensait n'être qu'un artiste moyen… J'ajouterai qu'il y a de bons promoteurs et d'autres qui pensent l'être mais qui baignent, en le sachant ou pas, dans leur imposture. Il faut de tout pour faire un monde mais il sera bien difficile de refaire le marché de l'art…
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