En butte à des difficultés financières suite à une énorme amende infligée par la justice américaine pour entente illicite avec Christie's, Sotheby's s'apprête à opérer une réduction de 8% de son personnel. Les bénéfices de cette maison de vente vont donc être sérieusement écornés puisque l'amende en question se monte à quelque 260 millions de dollars. Autant dire que la position de Sotheby's est désormais fragilisée et qu'on s'attend de voir Bernard Arnault lancer une offensive pour son rachat.
Voilà plus d'une année que le patron de LVMH attend l'occasion d'accrocher Sotheby's à son fleuron. La maison de vente Phillips et l'étude Tajan sont déjà tombées dans son escarcelle et le rachat de Sotheby's lui permettrait de damer le pion à son grand rival François Pinault qui contrôle Christie's et l'étude PIASA.
La guerre des chefs va être à coup sûr relancée mais cette hégémonie française sur les ventes mondiales ne profitera paradoxalement pas à Paris pour la bonne raison que les collectionneurs sont pénalisés par les taxes imposées en France sur les vacations d'objets d'art.
On continuera donc à vendre les pièces exceptionnelles à New-York et à un moindre degré à Londres, ces deux places offrant nettement plus de facilités au plan fiscal.
Pinault et Arnault ont en fait l'esprit international, à savoir que ce qui est bon à prendre pour leurs entités respectives n'est pas forcément destiné à valoriser le marché français, du moins tant que ceux qui gouvernent la France n'auront pas assoupli leur position vis à vis des ventes d'objets d'art. Comme il n'y a pas de responsables intelligents pour prendre des initiatives positives dans ce domaine les choses ne changeront pas de sitôt.
Aujourd'hui, les grands hommes d'affaires savent admirablement placer leurs billes dans des paradis fiscaux et des pays offrant d'énormes avantages financiers pour éviter de se faire lourdement taxer chez eux. Ils brassent des milliards mais trouvent toujours le moyen d'acquitter un minimum d'impôts, ce qui démontre amplement que le système fiscal dont ils dépendent est plutôt mal ficelé.
En France, il leur suffit d'acheter un hôtel particulier par le biais d'une société basée à l'étranger, de toucher des dividendes hors du pays, de vivre sur un grand pied, de détenir d'incroyables paquets d'actions, de posséder des résidences à New York, Londres ou ailleurs, de bénéficier en outre de subventions de l'Etat, d'acquérir au passage de splendides objets d'art et de n'avoir à régler un impôt annuel qui ne dépasse pas souvent la barre des 100 000 francs.
Il y a ainsi de quoi se poser pas mal de questions au sujet d'un système qui s'avère bancal alors que les inégalités sociales ne cessent de s'amplifier.