Jean-Pierre Rives expose depuis le 17 janvier des sculptures et des tableaux-sculptures Chez Enrico Navarra rue du faubourg Saint-Honoré, parallèlement à une exposition consacrée à Sandro Chia qui a eu lieu dans le show-room principal de cette galerie avenue Matignon. L'ancien rugbyman, qui tient par ailleurs un restaurant huppé, s'est initié à la sculpture depuis plusieurs années sous la houlette d'Albert Féraud. Il présente des barres tordues soudées entre elles qui sont comme des rails entremêlés. On n'est pas loin des terrains de rugby sur lesquels Rives se plaisait à plaquer violemment ses adversaires sous le maillot de l'équipe de France ou de celui de son club, les tordant à sa manière pour leur faire lâcher le ballon.
Les invités venus à son exposition inaugurale viennent le harceler pour lui réclamer une dédicace sur le livre de ses œuvres généreusement offert par Navarra. Au bout d'un moment, il en a visiblement marre et demande de souffler comme si l'arbitre venait de siffler la mi-temps mais ses admirateurs ne le lâchent pas, ce qui lui fait marmonner qu'il n'est pas à son affaire dans ce genre de manifestation.
«Tu ne veux pas qu'on parle de toi dans la presse ?», lui dis-je ironiquement, ce à quoi il répond : «Ca ne me fait ni chaud ni froid». Je n'ai pour ma part pas grand chose à dire sur ses œuvres sinon qu'il emprunte pas mal à Venet ou à Féraud et qu'il a peut-être besoin de s'exprimer encore plus pour trouver sa propre voie.
L'exposition concernant Chia, inaugurée la veille, m'a un peu déçu dans la mesure où l'artiste italien se cantonne à ne peindre que des jeunes hommes dans des postures qui rappellent les sujets de Picasso, de Chirico ou Chagall produits au début des années 1920. Chia est un bon coloriste mais sa manière de peindre paraît par trop stéréotypée qu'à la fin il devient plutôt répétitif. Dommage…
Ce chef de file du mouvement «Trans-Avant-Garde», qui professe une nouvelle idée de l'art en Italie, puise à volonté dans un répertoire de formes et affirme présenter une régénérescence de la peinture figurative dans ce pays, n'arrive toujours pas à renouveler son langage pictural d'une façon convaincante, ce qui ne l'empêche pas de faire des prix – parfois plus de 100 000 dollars - dans les ventes aux enchères.
Elégant, le cheveux court et le regard franc, il pose volontiers entre deux rombières pour une photo-souvenir devant ses copains italiens hilares alors que je contemple ses cadres, faits avec des bois de récupération, qui semblent plus intéressants que ses tableaux.
RENDEZ-VOUS SECRETS
Un grand expert et marchand aurait pour habitude de donner des rendez-vous à l'abri d'oreilles indiscrètes dans un parking de l'avenue Montaigne, à croire que son bureau serait truffé de micros. C'est en fait dans sa limousine noire qu'il semblerait traiter une bonne partie de ses affaires. Voilà une belle anecdote rapportée par un de ses amis...