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On peut remercier Alexandre Dumas d'avoir eu une imagination débordante pour écrire nombre de livres extraordinaires. Sinon, il n'aurait peut-être écrit qu'un seul roman qu'il aurait peut-être intitulé « L'Etroit Mousquetaire »….
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Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
XXIème Chapitre
Deux pour la moitié d'un
01 Janvier 2004
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Vendredi 23 janvier, peu de monde au marché aux Puces de Saint-Ouen qui a souffert en fait de la concurrence de la foire du Parc Floral à Vincennes quoique cette manifestation en a déçu plus d'un. Les absents ont eu tort puisque tôt le matin rue Voltaire, un marchand a vendu à des confrères transalpins deux tableaux italiens pour un moins de 30 000 euros, au grand dam de Charles Bailly arrivé trente secondes trop tard et qui a regretté de ne pas pouvoir mettre la main dessus car à son avis, ces deux toiles valaient 100 000 euros au bas mot. Sous une bruine infecte, certains des rares chineurs présents à Saint-Ouen ne sont pas repartis les mains vides tel « Michael le puits de science » qui, après des semaines de disette, est reparti avec un petit pastel de Guillaumin, une nature morte de Jean Brusselmans et une huile de François Eberl. Dans la journée, le photographe Helmut Newton s'est tué au volant de sa Cadillac après que son véhicule se soit crashé en s'emballant subitement sur Sunset Boulevard, l'avenue des stars de Hollywood, ces vedettes dont il avait maintes fois tiré le portrait. Né le 31 octobre à Berlin, il avait fui l'Allemagne nazie en 1938 pour aller vivre en Australie où il avait épousé en 1947 Jane Brunell, devenue photographe sous le nom d'Alice Springs. Mais ce fut en Europe et surtout à Paris, qu'il se fit connaître à partir de 1956, d'abord comme photographe de mode pour « Vogue », « Elle » ou « Marie-Claire » avant d'atteindre la célébrité avec ses clichés de nus très suggestifs et impudiques qui lui valurent l'hostilité des ligues féministes qui l'accusèrent de montrer à l'envi des images dégradantes de la femme. Newton se plut à photographier un monde chic, préférant fixer sur la pellicule le luxe et ses travers plutôt que la pauvreté en montrant des femmes du monde dans des postures équivoques ou nues en porte-jarretelles sous des manteaux de vison. Voyeur dans l'âme, il aimait choquer par dessus avec un regard un rien moqueur tout en étant une sorte de Gainsbourg de la photographie nanti certes d'un physique nettement plus avantageux, celui d'un bel et éternel adolescent toujours bien mis mais volontiers farceur. Prenant 5 000 euros pour une séance de pose, il était devenu riche et restait au sommet de son art à 83 ans en semblant toujours aussi dynamique et inventif. Newton regrettait de ne pas être assez rapide comme les paparazzi pour certains desquels il vouait une admiration et ironie du sort, il est mort en allant trop vite en perdant le contrôle de sa voiture. Néanmoins, plus d'un octogénaire alerte l'envierait d'avoir tiré sa révérence au volant d'une Cadillac. Ca, c'est ce qui s'appelle mourir avec élégance...
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Vendredi 23 janvier, peu de monde au marché aux Puces de Saint-Ouen qui a souffert en fait de la concurrence de la foire du Parc Floral à Vincennes quoique cette manifestation en a déçu plus d'un. Les absents ont eu tort puisque tôt le matin rue Voltaire, un marchand a vendu à des confrères transalpins deux tableaux italiens pour un moins de 30 000 euros, au grand dam de Charles Bailly arrivé trente secondes trop tard et qui a regretté de ne pas pouvoir mettre la main dessus car à son avis, ces deux toiles valaient 100 000 euros au bas mot. Sous une bruine infecte, certains des rares chineurs présents à Saint-Ouen ne sont pas repartis les mains vides tel « Michael le puits de science » qui, après des semaines de disette, est reparti avec un petit pastel de Guillaumin, une nature morte de Jean Brusselmans et une huile de François Eberl. Dans la journée, le photographe Helmut Newton s'est tué au volant de sa Cadillac après que son véhicule se soit crashé en s'emballant subitement sur Sunset Boulevard, l'avenue des stars de Hollywood, ces vedettes dont il avait maintes fois tiré le portrait. Né le 31 octobre à Berlin, il avait fui l'Allemagne nazie en 1938 pour aller vivre en Australie où il avait épousé en 1947 Jane Brunell, devenue photographe sous le nom d'Alice Springs. Mais ce fut en Europe et surtout à Paris, qu'il se fit connaître à partir de 1956, d'abord comme photographe de mode pour « Vogue », « Elle » ou « Marie-Claire » avant d'atteindre la célébrité avec ses clichés de nus très suggestifs et impudiques qui lui valurent l'hostilité des ligues féministes qui l'accusèrent de montrer à l'envi des images dégradantes de la femme. Newton se plut à photographier un monde chic, préférant fixer sur la pellicule le luxe et ses travers plutôt que la pauvreté en montrant des femmes du monde dans des postures équivoques ou nues en porte-jarretelles sous des manteaux de vison. Voyeur dans l'âme, il aimait choquer par dessus avec un regard un rien moqueur tout en étant une sorte de Gainsbourg de la photographie nanti certes d'un physique nettement plus avantageux, celui d'un bel et éternel adolescent toujours bien mis mais volontiers farceur. Prenant 5 000 euros pour une séance de pose, il était devenu riche et restait au sommet de son art à 83 ans en semblant toujours aussi dynamique et inventif. Newton regrettait de ne pas être assez rapide comme les paparazzi pour certains desquels il vouait une admiration et ironie du sort, il est mort en allant trop vite en perdant le contrôle de sa voiture. Néanmoins, plus d'un octogénaire alerte l'envierait d'avoir tiré sa révérence au volant d'une Cadillac. Ca, c'est ce qui s'appelle mourir avec élégance...
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