Lundi 31 octobre 2016, l'ex-électricien Pierre Le Guennec et son épouse Danielle, condamnés à Grasse en 2015 à deux ans de prison avec sursis pour le recel de 271 oeuvres de Picasso, ont créé la surprise lors de l'ouverture de leur procès en appel à Aix-en-Provence en présentant une nouvelle version des faits.
En première instance, Le Guennec avait affirmé que Jacqueline, l'épouse de l'artiste, lui avait offert ces oeuvres au moins un an avant le décès de ce dernier alors qu'à présent, l'homme à tout faire du couple a déclaré que c'était après lorsque celle-ci avait eu des problèmes avec Claude Picasso, son beau-fils, ce qui l'avait incitée à mettre chez lui entre 15 et 17 sacs poubelle emplies d'oeuvres.
"Quelques mois après le décès de Picasso, elle m'a demandé de bien vouloir mettre chez moi en réserve des sacs poubelle, entre 15 et 17", a-t-il dit en ajoutant qu'elle lui aurait demandé plus tard de les lui rendre, en lui offrant le dernier pour le remercier de son aide.
Eric Dupont-Moretti, avocat des prévenus, a affirmé avoir obtenu cette version de son client il y a seulement quelques jours et demandé un complément d'information pour vérifier si d'autres œuvres avaient pu être mises de côté par Jacqueline Picasso, pas forcément à des fins marchandes.
Pierre Le Guennec a indiqué qu'il s'agissait peut-être de faire échapper ces sacs à l'inventaire de succession et a affirmé ne pas avoir dit la vérité plus tôt par peur qu'on l'accuse, ainsi que Jacqueline Picasso, d'avoir volé ces sacs.
Contrairement à ce qu'il avait avoué précédemment, l'ancien électricien a indiqué avoir été aidé par son beau-frère dans la rédaction des descriptifs d'œuvres et demandé la restitution du lot qu'il a affirmé être "un cadeau".
Me Dupont-Moretti a souligné la "déférence" des époux Le Guennec pour celle que des années après sa mort, ils appellent encore 'Madame', une "vraie vénération de petites gens", selon l'avocat qui durant l'audience a tenu à rappeler les origines et l'éducation modestes du couple septuagénaire.
Jean-Jacques Neuer, avocat de Claude Ruiz-Picasso -fils du peintre et seul représentant des parties civiles présent à l'audience- a dénoncé un "mensonge hallucinant", en ajoutant que cette affaire touchait aux "aspects les plus noirs et puissants du marché de l'art" pour soutenir la thèse d'un "blanchiment international d'oeuvres volées".
Les œuvres, non signées ni inventoriées au moment du décès du peintre en 1973, avaient refait surface lorsque Pierre Le Guennec s'était présenté à Claude Picasso afin d'en faire authentifier 180 ainsi qu'un carnet de 91 dessins. Les héritiers avaient aussitôt porté plainte en soupçonnant un vol et durant son procès en première instance, la thèse d'un don avaient été mises à mal lors des témoignages de proches et d'experts de Picasso.
L'enquête n'avait toutefois pas permis d'établir formellement l'identité de l'auteur du ou des vols et le tribunal avait décidé de remettre les œuvres au fils de l'artiste, Claude Ruiz-Picasso, représentant les six héritiers au procès.
Le ministère public avait requis cinq ans de prison avec sursis à l'encontre du couple Le Guennec en estimant que les époux septuagénaires avaient porté préjudice à la confiance et à la mémoire de Pablo Picasso,l'ex-électricien ayant été considéré comme un pion manipulé par des marchands d'art véreux, tentant d'écouler des œuvres initialement volées par son cousin "Nounours", ex-chauffeur de l'artiste.
En fin d'après-midi lundi, deux ans de prison avec sursis ont été requis contre le couple comme en première instance en mars 2015, l'avocat général Christophe Raffin ayant déclaré qu'il ne croyait nullement à la version du don. Le jugement sera rendu le 16 décembre.
Il est néanmoins fort possible que Jacqueline qui était en bisbilles avec les héritiers Picasso, ait voulu dissimuler une partie de la production de son défunt mari pour se protéger et se venger d'eux par la même occasion sauf qu'elle ne laissa aucun écrit susceptible de disculper Le Guennec qui de ce fait n'avait aucune chance de prouver qu'il était le légitime propriétaire des 271 oeuvres prétendument reçues en cadeau sans compter qu'il paraît incroyable qu'elle ait pu lui offrir autant de pièces valant 60 millions d'euros au bas mot.
Pour le reste, rappelons que Le Guennec fut embauché par le couple PIcasso par l'intermédiaire de "Nounours" qui s'appropria près de 200 oeuvres de Picasso pour les vendre à des marchands réputés, ce qui laisse penser que celui-ci ne se gêna pas de signaler à son cousin qu'il était facile de se servir dans l'atelier de l'artiste encombré de milliers d'oeuvres sans que celui-ci le sache alors que l'autre question est de savoir pourquoi l'électricien avait attendu une trentaine d'années avant de présenter son lot à Claude Picasso.
CHRISTIE'S NE VOULAIT PAS VENDRE LE FAUX HALS A CAUSE DU PRIX DEMANDE
Suite à l'affaire du faux tableau de Frans Hals représentant le portrait d'un gentilhomme que Sotheby's a remboursé après en avoir obtenu 10 millions d'euros, Christie's avait signalé ne pas vouloir le vendre en estimant qu'il était douteux.
En fait, la maison de vente avait omis de signaler qu'elle avait réclamé en 2008 un certificat d'exportation pour envoyer cette toile à Londres afin d'être examinée de plus près mais sa requête avait été rejetée par l'Etat français qui avait estimé qu'elle était un trésor national alors que le Louvre avait ensuite tenté de l'acquérir pour 5 millions d'euros auprès de M. Ruffini, son propriétaire, dont elle était le mandataire.
Ce ne fut qu'après avoir rédigé un contrat de vente avec le Louvre que Christie's commença à avoir des doutes sur la provenance et l'authenticité de cette toile en demandant à M. Ruffini de garantir son attribution mais celui-ci avait répondu que ce n'était pas à lui de le faire mais aux experts.
A cet égard, la responsabilité d'une attribution incombe surtout aux maisons de vente, nonobstant le fait que de nombreux acheteurs avaient pour habitude de se référer aux enchères obtenues chez elles pour conforter la provenance de leurs acquisitions.
Selon le New York Times, Christie's a eu beau jeu d'indiquer qu'elle n'avait pas voulu prendre la responsabilité de vendre ce portrait alors que certains acteurs du marché ont pensé que c'était le prix demandé qui était plutôt la cause de sa décision.
LES BISBILLES ENTRE L'ACTEUR ALEC BALWIN ET LA GALERISTE MARY BOONE TOURNENT AU VINAIGRE
Les bisbilles entre l'acteur Alec Baldwyn et la galeriste Mary Boone qu'il a poursuivie en justice pour lui avoir vendu un tableau de Ross Bleckner qui n'était qu'une version tardive d'un original ont pris un tournant lorsque cette dernière l'a accusé de s'être soustrait au paiement de taxes obligatoires dans l'Etat de New York.
En achetant le tableau, Baldwyn l'avait fait envoyer à sa résidence de Los Angeles avant de le réexpédier à New York où il aurait alors dû payer la taxe locale sur les oeuvres d'art, soit 16 625 dollars sur les 190 000 de son prix d'achat.
Son avocat a contre-attaqué en déclarant que la galeriste cherchait surtout à faire diversion en l'empêchant de mener son action contre elle pour l'achat de l'oeuvre "Sea and Mirror" de Bleckner qui n'était qu'une version tardive d'une toile originale de 1996 qu'il croyait acquérir.
Selon Mary Boone, l'acteur n'était pas en droit de se soustraire au paiement de la taxe sur ce tableau pour avoir ensuite le culot de réclamer une condamnation et un dédommagement à son encontre à propos de son achat, une manière de dire à la cour suprême de New York qu'il était un tricheur.