UN DONATEUR AU DESSUS DE TOUT SOUPCON
Durant le printemps de 2009, Subhash Kapoor, le propriétaire de la galerie Art of the Past située sur Madison Avenue à New York avait offert au Metropolitan Museum 58 rares miniatures indiennes, ce qui lui avait valu d'être honoré lors d'un cocktail auquel assistaient une trentaines de VIP.
A cette époque, le marchand âgé de 60 ans avait atteint le sommet de sa profession après avoir vendu durant trois décennies des oeuvres d'art asiatiques de première qualité, comme une statue de Shiva vieille de 900 ans qui avait atterri à la National Gallery d'Australie ou une sculpture de Ganesh du 10e siècle dont le Toledo Museum se glorifiait avant de faire sa superbe donation au Met alors qu'il faisait déjà depuis deux ans l'objet d'une enquête en Inde et aux Etats-Unis sous le soupçon d'être à la tête d'un réseau de trafiquants.
En 2007,après l'interception d'e_mails, la saisie de documents et l'audition de plusieurs suspects, les autorités indiennes avaient alerté le FBI au sujet de la livraison de caisses contenant soi-disant des tables de jardin en marbre destinées à une compagnie de West Nyack (Etat de New York) qui révéla en fait qu'il s'agissait d'antiquités asiatiques que le propriétaire de la galerie Art of the Past devait réceptionner.
Cette alerte permit aux autorités américaines de mettre la main sur 2622 objets d'une valeur de 107 millions de dollars et de déterminer que le sieur Kapoor était le plus grand trafiquant d'antiquités volées jamais découvert aux Etats-Unis.
Vivant sur un grand pied, ce dernier avait vendu un nombre innombrable de pièces à sa galerie et chez Sotheby's tout en fournissant plusieurs musées durant plusieurs années avant d'être arrêté par les autorités indiennes sous l'accusation de vol et de trafics illicites pour l'incarcérer à Chemnai, l'ancienne ville de Madras située dans la Baie du Bengale.
De leur côté, les autorités américaines ont espéré qu'il sera extradé après son jugement en Inde pour répondre de plusieurs chefs d'accusation, dont celui de recel avant de renvoyer les pièces saisies vers leurs pays d'origine tout en incitant les acquéreurs de celles qu'il a vendues (des particuliers mais aussi des musées) à les restituer.
Après la fermeture de Art of the Past en 2012, la police avait saisi l'année suivante deux statues que Kapoor avait installées devant le célèbre hôtel Pierre à New York mais en dépit des preuves accumulées contre lui, ce dernier a persisté à nier qu'il était un trafiquant en affirmant qu'il ne vendait que des copies et qu'il n'avait jamais exporté de véritables antiquités.
"C'est un coup monté contre mon client", a déclaré son avocat à Chemnai qui a ajouté qu'il avait été victime d'une manoeuvre politique.
Alors prospère en 2009, Kapoor avait indiqué que le don transmis au Met et dont l'origine n'a pas apparemment pas été illicite était une façon de remercier ceux qui lui avaient permis de faire une aussi belle carrière sauf qu'aujourd'hui il se retrouve forcé de rendre tout ce qu'il avait accumulé.
Le pire a été qu'il s'est rendu responsable de la disparition de trésors inestimables comme au temple peu fréquenté de Varadharaja Perumal dans l'Etat de Tamil Nadu où des dizaines d'idôles en bronze ou en fer datant du 11e siècle s'étaient volatilisées en 2008 pour atterrir ensuite à Londres ou dans le New Jersey puis chez Kapoor qui les avaient présentées comme des objets provenant de collections privées.
En fait, de nombreux sanctuaires en Inde ont été victimes de vols commis depuis des années, vraisemblablement bien avant 2005 lorsque Kapoor rencontra Sanjivi Asokan qui devint son associé lorsqu'ils nourrirent le projet de piller des dizaines de temples non protégés de l'Etat de Tamil Nadu.
Pour ce faire, ils avaient engagé des sbires qui se chargeaient d'infester les alentours de ces temples de nids de guêpes ou de chauves-souris pour éloigner les habitants pour commettre leurs vols sauf qu'à la longue, Kapoor se fit remarquer à New York en vendant à la pelle des pièces jugées extraordinaires.
Vijay Kumar, un enquêteur privé de Singapour, se rendit ainsi compte que les idôles volées figurant au catalogue de Kapoor étaient les mêmes que celles qui avaient été photographiées en noir et blanc durant les années 1960 par des archivisites français travaillant pour un institut indien
En 2009, après la publication en Inde d'affiches sur ce vol, trois hommes soupçonnés d'avoir été engagés par Asokan furent arrêtés en possession d'autres pièces et la police ne tarda pas à l'appréhender à son tour tandis qu'un mandat d'arrêt fut délivré deux ans plus tard à l'encontre de Kapoor qui se trouvait alors à Francfort à l'occasion d'une exposition.
Bien que de nationalité américaine, il fut arrêté à Cologne puis extradé et emprisonné en Inde tandis que les autorités américaines commencèrent à monter un dossier sur ses activités illégales.
Selon des documents transmis au tribunal de Manhattan, un informateur muni d'un magnétophone fixé sous sa chemise vint rendre visite à la galerie de Kapoor en 2011 pour discuter de la vente de statues valant plusieurs millions de dollars dont une de Shiva qui correspondait à celle qui avait été volée dans le temple de l'Etat de Tamil Nadu.
Kapoor a notamment été accusé d'avoir falisifié des documents de provenance pour rendre ses pièces légitimes au plan de leur provenance et duper ainsi ses clients tandis que d'autres ne seraient pas souciés de les demander.
Convaincues que Kapoor et et ses associés vendaient des pièces de contrebande, les autorités américaines perquisitionnèrent sa galerie et ses entrepôts en janvier 2012 et confisquèrent pour 20 millions de dollars de pièces ainsi que des factures et des documents bidonnés avant de mettre aussi la main sur des reçus de transferts bancaires en faveur d'Asokan et de continuer leurs perquisitions durant deux ans pour saisir au total 2622 pièces.
A la question de savoir comment Kapoor a pu mener son trafic durant autant d'années sans attirer les soupçons sur lui, les autorités américaines ont découvert que les envois qui lui étaient destinés par mer n'étaient pas inspectés par les douanes indiennes tandis que les caisses chargées des objets volés étaient mêlées à d'autres contenant des objets sans valeur.
Kapoor pouvait aussi compter sur des relations du monde de l'art pour obtenir de faux documents sur l'origine des pièces qu'il faisait exporter indiquant qu'elles provenaient d'autres pays que l'Inde, notamment de la part de Paramaspry Punusamy, une marchande de Singapour devenue sa petite amie qui a témoigné contre lui après leur séparation.
"Elle s'est vengée de lui", a affirmé l'avocat de Kapoor tandis que les musées et les collectionneurs qui ont dépensé des sommes rondelettes pour acquérir les pièces volées n'ont aucune chance d'être remboursées, comme la National Gallery d'Australie qui a restitué une statue de Shiva dansant achetée en 2008 pour 5,1 millions de dollars.
Selon les enquêtes menées conjointement par les autorités indiennes et américaines, ce seraient 3000 pièces au moins qui auraient été volées en Inde, au Tibet, au Cambodge et au Pakistan pour le compte de Kapoor. C'est dire la lourde tâche à laquelle elles sont confrontées pour déterminer la provenance de chacune.
Un plongeur aguerri a eu la chance inouïe de tomber sur un véritable trésor constitué de 51 pièces de monnaies anciennes et de douze mètres de chaînes en explorant en or. l'épave d'un galion espagnol, à 130 km au large de Miam.
Estimé à un million de dollars, ce trésor sera divisé entre l'Etat de Floride, Queen Jewels (la société de recherche) et le plongeur qui a été tout excité de sa trouvaille.