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Le journal d'un fou d'art
Chapitre : 27 titres
21/27
XXIXème Chapitre
FAUX PROUVE, FALLAIT LE PROUVER, C'EST FAIT...
08 Décembre 2008
Lundi 8 décembre 2008, les remous causés par la récente interpellation à Bordeaux d'un ébéniste ukrainien fort talentueux installé en France et de cinq autres individus suspectés d'avoir contrefait et écoulé du mobilier de créateurs célèbres du XXe siècle comme Charlotte Perriand, Jean Prouvé, Alexandre Noll et Pierre Chareau a eu de quoi mettre en émoi plusieurs galeristes et des responsables de groupes de vente spécialisés dans le mobilier Art Déco.
Lors de sa garde à vue, l'artisan ukrainien a admis avoir fabriqué des "faux" à la demande d'un "peintre parisien", mort en 2006, lequel était surtout connu pour ses copies de grands maîtres. Des membres de la famille de ce dernier auraient ensuite écoulé de nombreux faux : la femme du peintre, sa fille, avocate au Barreau de Bordeaux, son fils et la compagne de celui-ci. Tous les quatre ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire pour association de malfaiteurs, contrefaçon, recel de contrefaçon en bande organisée et escroquerie.
Considéré comme le deus ex machina du groupe, le fils du peintre a été écroué. Un sixième individu qui écoulait la marchandise contrefaite n'a pas été mis en examen pour des raisons de santé. Ayant apparemment agi par naïveté, l'ébéniste ukrainien a été de son côté laissé en liberté.
Alors qu'il était sans papiers, celui-ci aurait été recruté en 2001 par le peintre qui lui avait demandé d'abord de réparer un meuble puis, constatant son incroyable talent, l'artiste lui avait proposé de copier des meubles de grands créateurs.
Le génial ukrainien n'en a pourtant fini avec les interrogatoires de la police car une série de tables attribuées à Jean Prouvé ont été saisies à la fin du mois de novembre alors qu'elles étaient en train de faire l'objet d'une expertise en vue d'une vente aux enchères.
Une bonne soixantaine de "faux" auraient été découverts aux domiciles des six suspects : une vingtaine de sculptures Noll, une quinzaine de tables signées Perriand, quelques exemplaires de la lampe dite "Religieuse" de Chareau, et des tables de Prouvé. L'enquête avait démarré en juillet, à la suite d'une dénonciation émanant d'un "proche" de la famille du peintre.
Plusieurs meubles auraient ainsi été vendus par des galeristes connus en France et aux Etats-Unis ou proposés dans des ventes aux enchères en province, à l'Hôtel Drouot ou par le groupe Tajan. Selon les enquêteurs, les faux écoulés auraient rapporté 1 125 000 euros de bénéficesentre 2005 et 2008.
L'affaire ayant été tout juste dévoilée, la police s'est désormais mise en quête d'identifier les marchands qui auraient vendu des meubles contrefaits, ce qui n'a pas manqué de causer une certaine agitation parmi les spécialistes de l'Art Déco, les uns se creusant la tête pour savoir s'ils n'ont pas été bernés, les autres se montrant ennuyés des retombées d'un tel scandale alors que ceux qui ont vendu des meubles contrefaits se sont mis à trembler à l'idée de devoir expliquer leur rôle devant le juge d'instruction chargé de cette affaire.
Selon le journal « Le Monde », seule Sylvie Teitgen,la commissaire-priseur de Nancy spécialisée dans les créations de Prouvé, a reconnu pour l'instant avoir été en rapport en toute bonne foiavec le peintre parisien et son fils pour qui elle avait organisé deux ou trois ventes en 2004 et 2005
" Les fabrications étaient belles mais, rapidement, je me suis méfiée car les mobiliers de Perriand et Noll semblaient arriver en trop grande quantité. Par contre, je n'ai jamais eu de doute sur les oeuvres de Prouvé. Je tomberais donc des nues si l'on me disait que ce sont des faux », a-t-elle dit au journal avant d'ajouter que si tel était le cas, cet ébéniste ukrainien devait être considéré comme un génie. L'ennui cependant a été qu'il n'a probablement pas été le seul à fabriquer des faux depuis ces vingt dernières années.
En attendant, les experts et spécialistes de l'Art Déco ont eu du souci à se faire concernant leur infaillibilité au niveau des expertises vu le nombre conséquent de fausses créations écoulées par les petits malins opérant à partir de Bordeaux.
Vendredi 12 décembre 2008, atmosphère de désolation au marché aux Puces de Saint-Ouen où comme les semaines précédentes il n'y avait rien de fabuleux à glaner sous une température glaciale qui a refroidi les ardeurs d'un petit nombre de chineurs et gelé les espoirs des marchands venus déballer leur camelote. Ce climat malsain a contrasté avec l'activité de l'Hôtel Drouot où les acheteurs n'ont pas vraiment faibli pour enchérir sur des pièces proposées entre 15000 et 40 000 euros, à croire que la crise financière et boursière qui a affolé la planète n'a eu que des répercussions limitées sur le marché de l'art.
Samedi 13 décembre 2008, révélation d'un différend de taille entre Liliane Bettencourt, la femme la plus riche de France, et sa fille, Françoise Bettencourt Meyers, qui a déposé plainte à son encontre pour avoir fait des dons jugés exagérés au photographe, peintre et écrivain François-Marie Banier.
Fille unique d'Eugène Schueller, le fondateur de l'Oréal, et détentrice d'une fortune évaluée à 17 milliards d'euros, Liliane Bettencourt aurait sur plusieurs années gratifié le photographe de près d'un milliard d'euros sous la forme de contrats d'assurance-vie, une somme plutôt colossale en matière de don, ce qui a motivé sa fille à déposer une plainte pour "abus de faiblesse" auprès du parquet de Nanterre.
Aux policiers venus l'interroger dans son hôtel particulier de Neuilly bourré d'objets d'art et de tableaux de maîtres, la milliardaire âgée de 86 ans a déclaré qu'elle utilisait sa fortune à sa guise et qu'elle sponsorisait qui elle voulait.François-Marie Banier, considéré comme un fils par Liliane Bettencourt, et son avocat ont quant à eux refusé de faire une quelconque déclaration au sujet du contentieux entre la milliardaire et sa fille.
En attendant, un simple particulier comme Banier, si bien en cours auprès de Mme Bettencourt, pourrait bien rendre jaloux le Musée du Louvre qui de son côté récoltera aussi un milliard d'euros suite à l'utilisation de son label par des pays étrangers. Signataire de ce contrat d'une durée de trente ans, l'Emirat d'Abu Dhabi, a déjà versé un premier acompte de 175 millions d'euros, une somme qui, avant celles à venir, sera placée sur un fonds financier dont seuls les revenus seront utilisés pour réaliser divers projets muséaux.Ayant mis un pied dans le monde de la finance, l'institution va ainsi révolutionner son fonctionnement pour pouvoir s'enrichir et agrandir ses collections en attendant peut-être un don mirifque de la part de Mme Bettencourt. Who knows?
A suivre
Lundi 8 décembre 2008, les remous causés par la récente interpellation à Bordeaux d'un ébéniste ukrainien fort talentueux installé en France et de cinq autres individus suspectés d'avoir contrefait et écoulé du mobilier de créateurs célèbres du XXe siècle comme Charlotte Perriand, Jean Prouvé, Alexandre Noll et Pierre Chareau a eu de quoi mettre en émoi plusieurs galeristes et des responsables de groupes de vente spécialisés dans le mobilier Art Déco.
Lors de sa garde à vue, l'artisan ukrainien a admis avoir fabriqué des "faux" à la demande d'un "peintre parisien", mort en 2006, lequel était surtout connu pour ses copies de grands maîtres. Des membres de la famille de ce dernier auraient ensuite écoulé de nombreux faux : la femme du peintre, sa fille, avocate au Barreau de Bordeaux, son fils et la compagne de celui-ci. Tous les quatre ont été mis en examen et placés sous contrôle judiciaire pour association de malfaiteurs, contrefaçon, recel de contrefaçon en bande organisée et escroquerie.
Considéré comme le deus ex machina du groupe, le fils du peintre a été écroué. Un sixième individu qui écoulait la marchandise contrefaite n'a pas été mis en examen pour des raisons de santé. Ayant apparemment agi par naïveté, l'ébéniste ukrainien a été de son côté laissé en liberté.
Alors qu'il était sans papiers, celui-ci aurait été recruté en 2001 par le peintre qui lui avait demandé d'abord de réparer un meuble puis, constatant son incroyable talent, l'artiste lui avait proposé de copier des meubles de grands créateurs.
Le génial ukrainien n'en a pourtant fini avec les interrogatoires de la police car une série de tables attribuées à Jean Prouvé ont été saisies à la fin du mois de novembre alors qu'elles étaient en train de faire l'objet d'une expertise en vue d'une vente aux enchères.
Une bonne soixantaine de "faux" auraient été découverts aux domiciles des six suspects : une vingtaine de sculptures Noll, une quinzaine de tables signées Perriand, quelques exemplaires de la lampe dite "Religieuse" de Chareau, et des tables de Prouvé. L'enquête avait démarré en juillet, à la suite d'une dénonciation émanant d'un "proche" de la famille du peintre.
Plusieurs meubles auraient ainsi été vendus par des galeristes connus en France et aux Etats-Unis ou proposés dans des ventes aux enchères en province, à l'Hôtel Drouot ou par le groupe Tajan. Selon les enquêteurs, les faux écoulés auraient rapporté 1 125 000 euros de bénéficesentre 2005 et 2008.
L'affaire ayant été tout juste dévoilée, la police s'est désormais mise en quête d'identifier les marchands qui auraient vendu des meubles contrefaits, ce qui n'a pas manqué de causer une certaine agitation parmi les spécialistes de l'Art Déco, les uns se creusant la tête pour savoir s'ils n'ont pas été bernés, les autres se montrant ennuyés des retombées d'un tel scandale alors que ceux qui ont vendu des meubles contrefaits se sont mis à trembler à l'idée de devoir expliquer leur rôle devant le juge d'instruction chargé de cette affaire.
Selon le journal « Le Monde », seule Sylvie Teitgen,la commissaire-priseur de Nancy spécialisée dans les créations de Prouvé, a reconnu pour l'instant avoir été en rapport en toute bonne foiavec le peintre parisien et son fils pour qui elle avait organisé deux ou trois ventes en 2004 et 2005
" Les fabrications étaient belles mais, rapidement, je me suis méfiée car les mobiliers de Perriand et Noll semblaient arriver en trop grande quantité. Par contre, je n'ai jamais eu de doute sur les oeuvres de Prouvé. Je tomberais donc des nues si l'on me disait que ce sont des faux », a-t-elle dit au journal avant d'ajouter que si tel était le cas, cet ébéniste ukrainien devait être considéré comme un génie. L'ennui cependant a été qu'il n'a probablement pas été le seul à fabriquer des faux depuis ces vingt dernières années.
En attendant, les experts et spécialistes de l'Art Déco ont eu du souci à se faire concernant leur infaillibilité au niveau des expertises vu le nombre conséquent de fausses créations écoulées par les petits malins opérant à partir de Bordeaux.
Vendredi 12 décembre 2008, atmosphère de désolation au marché aux Puces de Saint-Ouen où comme les semaines précédentes il n'y avait rien de fabuleux à glaner sous une température glaciale qui a refroidi les ardeurs d'un petit nombre de chineurs et gelé les espoirs des marchands venus déballer leur camelote. Ce climat malsain a contrasté avec l'activité de l'Hôtel Drouot où les acheteurs n'ont pas vraiment faibli pour enchérir sur des pièces proposées entre 15000 et 40 000 euros, à croire que la crise financière et boursière qui a affolé la planète n'a eu que des répercussions limitées sur le marché de l'art.
Samedi 13 décembre 2008, révélation d'un différend de taille entre Liliane Bettencourt, la femme la plus riche de France, et sa fille, Françoise Bettencourt Meyers, qui a déposé plainte à son encontre pour avoir fait des dons jugés exagérés au photographe, peintre et écrivain François-Marie Banier.
Fille unique d'Eugène Schueller, le fondateur de l'Oréal, et détentrice d'une fortune évaluée à 17 milliards d'euros, Liliane Bettencourt aurait sur plusieurs années gratifié le photographe de près d'un milliard d'euros sous la forme de contrats d'assurance-vie, une somme plutôt colossale en matière de don, ce qui a motivé sa fille à déposer une plainte pour "abus de faiblesse" auprès du parquet de Nanterre.
Aux policiers venus l'interroger dans son hôtel particulier de Neuilly bourré d'objets d'art et de tableaux de maîtres, la milliardaire âgée de 86 ans a déclaré qu'elle utilisait sa fortune à sa guise et qu'elle sponsorisait qui elle voulait.François-Marie Banier, considéré comme un fils par Liliane Bettencourt, et son avocat ont quant à eux refusé de faire une quelconque déclaration au sujet du contentieux entre la milliardaire et sa fille.
En attendant, un simple particulier comme Banier, si bien en cours auprès de Mme Bettencourt, pourrait bien rendre jaloux le Musée du Louvre qui de son côté récoltera aussi un milliard d'euros suite à l'utilisation de son label par des pays étrangers. Signataire de ce contrat d'une durée de trente ans, l'Emirat d'Abu Dhabi, a déjà versé un premier acompte de 175 millions d'euros, une somme qui, avant celles à venir, sera placée sur un fonds financier dont seuls les revenus seront utilisés pour réaliser divers projets muséaux.Ayant mis un pied dans le monde de la finance, l'institution va ainsi révolutionner son fonctionnement pour pouvoir s'enrichir et agrandir ses collections en attendant peut-être un don mirifque de la part de Mme Bettencourt. Who knows?