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Le journal d'un fou d'art
Chapitre : 27 titres
17/27
XXIXème Chapitre
LE MARCHE AUX PUCES DE SAINT-OUEN DEMANGE JUSQU'A L'OS PAR LA CRISE
17 Novembre 2008
Dimanche 16 novembre 2008, le journal « Le Parisien » a signalé que la crise avait porté un coup fatal au marché aux Puces de Saint-Ouen en poussant de nombreux marchands à cesser leur activité après avoir déjà souffert d'une baisse sensible d'acheteurs depuis les attentats du 11 septembre 2001 à New York.
L'intervention des troupes américaines en mars 2003 en Irak avait amplifié le phénomène tout comme la baisse du dollar et un changement d'attitude de la part de la nouvelle génération, les jeunes amateurs se montrant beaucoup moins intéressés par les antiquités que leurs aînés et plus portés vers l'art contemporain, peu présent aux Puces où nombre de marchands ont changé de fusil d'épaule en délaissant l'ancien pour les domaines de la décoration et de la copie.
Les quelque 1500 marchands de Saint-Ouen ont ainsi passé sept années à lutter pour leur survie tout en subissant la concurrence sauvage des sites de vente sur Internet jusqu'à l'éclatement de la crise financière qui a sonné le glas des illusions pour la plupart d'entre eux. Qui dit crise, dit repli sur soi et désir obligé d'aller à l'essentiel. Or, les antiquités, associées déjà au passé, donc à des périodes révolues, font partie du bout de chaîne du superflu et pour beaucoup, elles ne sont plus bonnes qu'à meubler ou décorer des musées et non des habitations modernes où règne la mode des meubles fonctionnels et d'un design abordable adapté aux goûts de gens nourris par la culture du high-tech. Depuis moins d'une décennie, l'écran plat fait aussi office de tableau dont l'image a pour avantage de bouger et de pouvoir être zappée à sa convenance si on s'en lasse alors qu'une bonne partie du budget des ménages est consacré aux loisirs, à l'achat d'un ordinateur, d'un téléphone mobile dernier cri, d'un GPS pour la voiture et de consoles de jeu pour les enfants.
La clientèle est devenue restreinte avec la disparition d'une génération de gens qui avaient hérité des goûts de leurs parents dont le seul luxe avait longtemps été de vivre avec une TSF avant l'apparition de la télévision et des millions de gadgets qui ont ensuite envahi la planète. Le progrès foudroyant des nouvelles technologies a ainsi condamné les brocanteurs à mourir à petit feu alors que les grands antiquaires ont pu compter un temps sur un contingent d'acheteurs riches portés sur les pièces exceptionnelles. Or, le marché aux Puces n'a jamais été du niveau des galeries de la Rive Droite ou de la Rive Gauche de la capitale en demeurant un endroit folklorique offrant de la marchandise de second ordre et rarement des trésors.
En attendant, des dizaines de stands ont été fermés dans les marchés Paul-Bert et Serpette alors que plus de vingt locataires de stands du marché Biron ont été avertis de la résiliation de leur bail après être restés des mois sans payer leurs loyers.
« Il y aura des morts et seuls ceux qui sauront s'adapter résisteront », a déclaré un marchand au journal lequel a oublié de signaler qu'un moribond a peu d'espoir de ressusciter d'autant plus que depuis des années, le marché aux Puces a pris l'apparence d'un cimetière où les survivants ont fini lugubrement par adopter la devise « circulez, il n'y a plus rien à acheter » …
En soirée, rencontre avec Chester Fielx, le roi des chineurs qui a bien failli perdre son sceptre en vendant à des amis des gravures sur bois de l'artiste expressionniste allemand Karl Schmidt-Rottluff pour des clopinettes. Comme quoi, même les rois en viennent à faire des bourdes.
Mercredi 19 novembre 2008, visite au Musée du Louvre pour redécouvrir les sculptures françaises de la fin du XVIe au début du XVIIIe siècle. Du bon avec les oeuvres de Bathélémy Prieur et d'autres sculpteurs inspirés par les maîtres italiens et du moins bon avec des sculptures académiques et répétitives au niveau des thèmes à partir de la fin du XVIIe siècle.
Un peu plus tard, rencontre fortuite dans l'autobus avec Emmanuel Bréon, fraîchement nommé conservateur du Musée de l'Orangerie, ce qui l'a changé du goût citron qui a chatouillé ses papilles durant plus de deux décennies au Musée des Années 1930 de Boulogne, bien plus difficile à mettre en valeur du fait de rivalités au sein de la municipalité.
Vendredi 21 novembre 2008, rien de nouveau au marché aux Puces de Saint-Ouen, plus que jamais plombé par la crise et où le galeriste Charles Bailly a erré parmi les quelques rares stands ouverts à la recherche d'une rare pièce improbable à trouver, ce qui l'a amené à dire qu'il cesserait d'y aller en chasse à partir de janvier 2009 tout en ajoutant que la seule chose de bonne à faire dorénavant était de se consacrer à la marche. Il y a cependant fort à parier qu'il oubliera vite cette résolution vu que chiner a été chez lui un besoin constant.
Un peu plus tard dans la matinée, rencontre avec un marchand habituellement bien informé qui a révélé que le Syndicat National des Antiquaires avait changé de Président, Christian Deydier ayant laissé la place au grand antiquaire Hervé Aaron qui sera donc son nouveau grand prêtre assisté du noble Chevallier lequel, on osera le croire ,ne fera pas que tapisserie au sein du bureau exécutif.
En dehors de la crise, préoccupante pour nombre de marchands, des rumeurs insistantes ont circulé au sujet d'un antiquaire spécialisé dans la Haute Epoque qui aurait acquis des pièces aux provenances douteuses, ce qui lui aurait valu d'être étroitement surveillé par la police. Vraies ou fausses, ces rumeurs auront eu de quoi agacer le Syndicat des antiquaires pour qui la probité de ses membres est un ciment essentiel de la profession.
Cri d'alarme de Bruno Racine, le Président de la BNF, dans "Le Figaro" qui a souligné que la vétusté de nombreuses pièces du grand bâtiment de la rue de Richelieu risquait de donner lieu à une catastrophe de grande ampleur et qu'il était donc urgent de trouver des crédits, jusque là insuffisants, pour procéder à des travaux de rénovation.
De nombreux rares manuscrits, des milliers de livres et d'affiches pourraient ainsi être à tout moment la proie d'un incendie menaçant d'être provoqué par la défectuosité des installations électriques dont certaines, datant des années 1920, fonctionnent encore sur du 110 volts. Et " Le Figaro" de citer au passage quelques exemples funestes, comme les incendies survenus au Parlement de Rennes, à l'Hôtel Matignon même ou encore dans l'Est de la France lesquels ont fait partir en fumée nombre de trésors. Le bâtiment de la rue de Richelieu pourrait donc être le théâtre d'un affreux sinistre si le gouvernement ne met pas rapidement la main à la poche mais en raison de la crise à laquelle le pays est confronté, on ne voit pas comment les choses pourraient avancer dans le bon sens, à moins de faire comme les Anglais qui à travers les jeux de hasard ont trouvé de quoi financer leur Culture.
Dimanche 16 novembre 2008, le journal « Le Parisien » a signalé que la crise avait porté un coup fatal au marché aux Puces de Saint-Ouen en poussant de nombreux marchands à cesser leur activité après avoir déjà souffert d'une baisse sensible d'acheteurs depuis les attentats du 11 septembre 2001 à New York.
L'intervention des troupes américaines en mars 2003 en Irak avait amplifié le phénomène tout comme la baisse du dollar et un changement d'attitude de la part de la nouvelle génération, les jeunes amateurs se montrant beaucoup moins intéressés par les antiquités que leurs aînés et plus portés vers l'art contemporain, peu présent aux Puces où nombre de marchands ont changé de fusil d'épaule en délaissant l'ancien pour les domaines de la décoration et de la copie.
Les quelque 1500 marchands de Saint-Ouen ont ainsi passé sept années à lutter pour leur survie tout en subissant la concurrence sauvage des sites de vente sur Internet jusqu'à l'éclatement de la crise financière qui a sonné le glas des illusions pour la plupart d'entre eux. Qui dit crise, dit repli sur soi et désir obligé d'aller à l'essentiel. Or, les antiquités, associées déjà au passé, donc à des périodes révolues, font partie du bout de chaîne du superflu et pour beaucoup, elles ne sont plus bonnes qu'à meubler ou décorer des musées et non des habitations modernes où règne la mode des meubles fonctionnels et d'un design abordable adapté aux goûts de gens nourris par la culture du high-tech. Depuis moins d'une décennie, l'écran plat fait aussi office de tableau dont l'image a pour avantage de bouger et de pouvoir être zappée à sa convenance si on s'en lasse alors qu'une bonne partie du budget des ménages est consacré aux loisirs, à l'achat d'un ordinateur, d'un téléphone mobile dernier cri, d'un GPS pour la voiture et de consoles de jeu pour les enfants.
La clientèle est devenue restreinte avec la disparition d'une génération de gens qui avaient hérité des goûts de leurs parents dont le seul luxe avait longtemps été de vivre avec une TSF avant l'apparition de la télévision et des millions de gadgets qui ont ensuite envahi la planète. Le progrès foudroyant des nouvelles technologies a ainsi condamné les brocanteurs à mourir à petit feu alors que les grands antiquaires ont pu compter un temps sur un contingent d'acheteurs riches portés sur les pièces exceptionnelles. Or, le marché aux Puces n'a jamais été du niveau des galeries de la Rive Droite ou de la Rive Gauche de la capitale en demeurant un endroit folklorique offrant de la marchandise de second ordre et rarement des trésors.
En attendant, des dizaines de stands ont été fermés dans les marchés Paul-Bert et Serpette alors que plus de vingt locataires de stands du marché Biron ont été avertis de la résiliation de leur bail après être restés des mois sans payer leurs loyers.
« Il y aura des morts et seuls ceux qui sauront s'adapter résisteront », a déclaré un marchand au journal lequel a oublié de signaler qu'un moribond a peu d'espoir de ressusciter d'autant plus que depuis des années, le marché aux Puces a pris l'apparence d'un cimetière où les survivants ont fini lugubrement par adopter la devise « circulez, il n'y a plus rien à acheter » …
En soirée, rencontre avec Chester Fielx, le roi des chineurs qui a bien failli perdre son sceptre en vendant à des amis des gravures sur bois de l'artiste expressionniste allemand Karl Schmidt-Rottluff pour des clopinettes. Comme quoi, même les rois en viennent à faire des bourdes.
Mercredi 19 novembre 2008, visite au Musée du Louvre pour redécouvrir les sculptures françaises de la fin du XVIe au début du XVIIIe siècle. Du bon avec les oeuvres de Bathélémy Prieur et d'autres sculpteurs inspirés par les maîtres italiens et du moins bon avec des sculptures académiques et répétitives au niveau des thèmes à partir de la fin du XVIIe siècle.
Un peu plus tard, rencontre fortuite dans l'autobus avec Emmanuel Bréon, fraîchement nommé conservateur du Musée de l'Orangerie, ce qui l'a changé du goût citron qui a chatouillé ses papilles durant plus de deux décennies au Musée des Années 1930 de Boulogne, bien plus difficile à mettre en valeur du fait de rivalités au sein de la municipalité.
Vendredi 21 novembre 2008, rien de nouveau au marché aux Puces de Saint-Ouen, plus que jamais plombé par la crise et où le galeriste Charles Bailly a erré parmi les quelques rares stands ouverts à la recherche d'une rare pièce improbable à trouver, ce qui l'a amené à dire qu'il cesserait d'y aller en chasse à partir de janvier 2009 tout en ajoutant que la seule chose de bonne à faire dorénavant était de se consacrer à la marche. Il y a cependant fort à parier qu'il oubliera vite cette résolution vu que chiner a été chez lui un besoin constant.
Un peu plus tard dans la matinée, rencontre avec un marchand habituellement bien informé qui a révélé que le Syndicat National des Antiquaires avait changé de Président, Christian Deydier ayant laissé la place au grand antiquaire Hervé Aaron qui sera donc son nouveau grand prêtre assisté du noble Chevallier lequel, on osera le croire ,ne fera pas que tapisserie au sein du bureau exécutif.
En dehors de la crise, préoccupante pour nombre de marchands, des rumeurs insistantes ont circulé au sujet d'un antiquaire spécialisé dans la Haute Epoque qui aurait acquis des pièces aux provenances douteuses, ce qui lui aurait valu d'être étroitement surveillé par la police. Vraies ou fausses, ces rumeurs auront eu de quoi agacer le Syndicat des antiquaires pour qui la probité de ses membres est un ciment essentiel de la profession.
Cri d'alarme de Bruno Racine, le Président de la BNF, dans "Le Figaro" qui a souligné que la vétusté de nombreuses pièces du grand bâtiment de la rue de Richelieu risquait de donner lieu à une catastrophe de grande ampleur et qu'il était donc urgent de trouver des crédits, jusque là insuffisants, pour procéder à des travaux de rénovation.
De nombreux rares manuscrits, des milliers de livres et d'affiches pourraient ainsi être à tout moment la proie d'un incendie menaçant d'être provoqué par la défectuosité des installations électriques dont certaines, datant des années 1920, fonctionnent encore sur du 110 volts. Et " Le Figaro" de citer au passage quelques exemples funestes, comme les incendies survenus au Parlement de Rennes, à l'Hôtel Matignon même ou encore dans l'Est de la France lesquels ont fait partir en fumée nombre de trésors. Le bâtiment de la rue de Richelieu pourrait donc être le théâtre d'un affreux sinistre si le gouvernement ne met pas rapidement la main à la poche mais en raison de la crise à laquelle le pays est confronté, on ne voit pas comment les choses pourraient avancer dans le bon sens, à moins de faire comme les Anglais qui à travers les jeux de hasard ont trouvé de quoi financer leur Culture.