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A Drouot, on peut parfois se prendre un coup de marteau sur la tête en oubliant d'être raisonnable
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Le journal d'un fou d'art
Chapitre :
27 titres
XXIXème Chapitre
LES BROCS FINISSENT EN CARAFE
25 Septembre 2008 |
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Jeudi 25 septembre 2008, ruée des chineurs à la foire à la brocante et au jambon de Chatou où ceux-ci ont eu au moins la consolation de prendre de copieux petits-déjeuners après avoir usé leurs semelles à tourner en rond dans l'espoir de dénicher quelque chose de valable.
A deux pas de la célèbre maison Fournaise, cette foire a eu plutôt de quoi refroidir les ardeurs des chineurs repartis les mains vides pour la plupart. Pourtant, il devait y avoir une poignée de bonnes pièces à découvrir comme ce pied de lampe en bronze d'Alberto Giacometti, acheté pour 3000 euros par deux jeunes marchands lors de la précédente édition en mars 2008 et revendu par ceux-ci pour 750 000 euros trois mois plus tard chez Christie's. Il fallait donc se retrouver au bon moment et au bon endroit pour avoir la chance de tomber sur un trésor.
Le bon moment est plutôt une affaire de destin et non un événement qu'on peut programmer à souhait afin qu'il survienne. C'est ce qu'a appris à ses dépens un amateur d'art en pensant que le moment était enfin propice afin de parvenir à obtenir un certificat d'authenticité pour un tableau du début du siècle qu'un expert lui avait refusé sept ans auparavant en invoquant un prétexte qui paraissait pour le moins embêtant.
Notre homme avait confié ce tableau à un courtier lequel avait sollicité un commissaire-priseur pour le soumettre à cet expert qui d'emblée bombarda ce dernier de questions pour savoir d'où il provenait avant de lâcher qu'il entendait le saisir parce qu'il avait été volé plus de 60 ans auparavant en ajoutant un brin rageur qu'il ne délivrerait pas de certificat d'authenticité pour celui-ci tant qu'il serait vivant.
Ebranlé par une telle révélation, le commissaire-priseur avait tenu à avoir une explication avec cet amateur d'art qui, une fois remis du choc subi, avait rétorqué qu'il y avait selon lui prescription en matière de vol, ce tableau ayant été dérobé des années avant même sa naissance, et que l'expert n'avait pas autorité pour le réclamer sauf s'il s'agissait d'une oeuvre dérobée dans un musée ou spoliée par les nazis durant la Seconde Guerre Mondiale.
Pour s'assurer qu'il y avait bien prescription et faire valoir enfin son bon droit, cet amateur d'art n'avait s'était alors résolu à effectuer de multiples recherches pour déterminer si ce tableau était resté fiché comme volé.
L'expert étant décédé trois ans plus tard, il lui avait aussi fallu se faire une idée de l'envergure de son successeur et savoir à qui il aurait affaire pour défendre sa position le jour où il le rencontrerait. A la fin du mois de mai 2008, il décida de confier le dossier à un courtier pour procéder à une enquête complémentaire qui aboutit enfin à l'obtention d'un document officiel indiquant que le tableau ne faisait l'objet d'aucune recherche.
Le courtier mandaté par l'amateur d'art alla donc contacter le successeur de l'expert lequel lui répondit qu'il n'avait qu'à soumettre le tableau au comité nouvellement créé pour l'authentification des oeuvres de l'artiste censé en être l'auteur. Finalement, en septembre 2008 les six membres du comité ont examiné ce tableau qu'un galeriste connu de l'avenue Matignon avait un jour fait des pieds et des mains pour l'acquérir sans certificat, en offrant bien entendu le 20e de sa valeur s'il avait été authentifié, et ont décrété au bout de cinq petites minutes qu'il n'était en rien de la main du maître concerné, à croire que personne n'ait daigné consulter les archives de l'expert qui voulait à tout prix le saisir pour cause de vol.
Bref, pour le comité en question, ce tableau n'est pas authentique . Mais si tel était le cas, l'expert à qui il avait été montré en 2001 n'aurait eu strictement aucune raison d'inventer cette histoire de vol et encore moins d'indiquer au commissaire-priseur qu'il figurait dans ses archives pour appuyer ses dires. Il reste désormais à savoir si ce comité, qu'on pourrait qualifier de ringards, a vraiment examiné ce tableau avec tout le sérieux voulu et d'espérer aussi que sa décision n'a pas été prise au vu d'une instruction de ne jamais authentifier ce tableau que l'expert aurait laissée avant de disparaître, ce qui à cet égard serait fort embarrassant. Affaire à suivre donc puisque l'amateur d'art déçu s'est attelé à réunir des preuves contredisant l'avis de ce comité ...
En attendant, depuis que je me suis investi dans le domaine de l'art, je n'ai toujours pas bien compris de quelle manière certains comités d'expertise étaient formés alors que le fait d'avoir écrit et rédigé plus de neuf mille biographies d'artistes et procédé à des analyses de dizaines d'oeuvres pour le compte de marchands ou de collectionneurs durant ces vingt dernières années aurait pu naturellement m'offrir la possibilité de faire partie de certains panels de spécialistes. Autant dire que le dédain apparent dont j'ai fait l'objet m'a laissé plus d'une fois dubitatif.
Vendredi 26 septembre 2008, la concurrence d'un déballage spécial au marché de Vanves a pesé sur l'activité matinale du marché aux Puces de Saint-Ouen, celui-ci ayant attiré beaucoup moins de chineurs que d'habitude.
Rencontré au détour d'une allée du marché Paul-Bert, le galeriste Charles Bailly n'a pas manqué lui aussi d'évoquer la crise financière aux Etats-Unis qui par ricochet a fini par affecter le marché de l'art, ce qui l'a amené à dire que les lots qu'il avait mis en vente à New York avaient été ravalés et que les vacations parisiennes marquaient dorénavant le pas, ce qui ne l'a toutefois pas empêché de batailler ferme pour une petite huile sur cuivre du peintre italien Bernardo Strozzi, qui a refait surface à Drouot après avoir été considéré comme perdue, laquelle a atteint 64 000 euros sur une mise à prix de mille.
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Jeudi 25 septembre 2008, ruée des chineurs à la foire à la brocante et au jambon de Chatou où ceux-ci ont eu au moins la consolation de prendre de copieux petits-déjeuners après avoir usé leurs semelles à tourner en rond dans l'espoir de dénicher quelque chose de valable.
A deux pas de la célèbre maison Fournaise, cette foire a eu plutôt de quoi refroidir les ardeurs des chineurs repartis les mains vides pour la plupart. Pourtant, il devait y avoir une poignée de bonnes pièces à découvrir comme ce pied de lampe en bronze d'Alberto Giacometti, acheté pour 3000 euros par deux jeunes marchands lors de la précédente édition en mars 2008 et revendu par ceux-ci pour 750 000 euros trois mois plus tard chez Christie's. Il fallait donc se retrouver au bon moment et au bon endroit pour avoir la chance de tomber sur un trésor.
Le bon moment est plutôt une affaire de destin et non un événement qu'on peut programmer à souhait afin qu'il survienne. C'est ce qu'a appris à ses dépens un amateur d'art en pensant que le moment était enfin propice afin de parvenir à obtenir un certificat d'authenticité pour un tableau du début du siècle qu'un expert lui avait refusé sept ans auparavant en invoquant un prétexte qui paraissait pour le moins embêtant.
Notre homme avait confié ce tableau à un courtier lequel avait sollicité un commissaire-priseur pour le soumettre à cet expert qui d'emblée bombarda ce dernier de questions pour savoir d'où il provenait avant de lâcher qu'il entendait le saisir parce qu'il avait été volé plus de 60 ans auparavant en ajoutant un brin rageur qu'il ne délivrerait pas de certificat d'authenticité pour celui-ci tant qu'il serait vivant.
Ebranlé par une telle révélation, le commissaire-priseur avait tenu à avoir une explication avec cet amateur d'art qui, une fois remis du choc subi, avait rétorqué qu'il y avait selon lui prescription en matière de vol, ce tableau ayant été dérobé des années avant même sa naissance, et que l'expert n'avait pas autorité pour le réclamer sauf s'il s'agissait d'une oeuvre dérobée dans un musée ou spoliée par les nazis durant la Seconde Guerre Mondiale.
Pour s'assurer qu'il y avait bien prescription et faire valoir enfin son bon droit, cet amateur d'art n'avait s'était alors résolu à effectuer de multiples recherches pour déterminer si ce tableau était resté fiché comme volé.
L'expert étant décédé trois ans plus tard, il lui avait aussi fallu se faire une idée de l'envergure de son successeur et savoir à qui il aurait affaire pour défendre sa position le jour où il le rencontrerait. A la fin du mois de mai 2008, il décida de confier le dossier à un courtier pour procéder à une enquête complémentaire qui aboutit enfin à l'obtention d'un document officiel indiquant que le tableau ne faisait l'objet d'aucune recherche.
Le courtier mandaté par l'amateur d'art alla donc contacter le successeur de l'expert lequel lui répondit qu'il n'avait qu'à soumettre le tableau au comité nouvellement créé pour l'authentification des oeuvres de l'artiste censé en être l'auteur. Finalement, en septembre 2008 les six membres du comité ont examiné ce tableau qu'un galeriste connu de l'avenue Matignon avait un jour fait des pieds et des mains pour l'acquérir sans certificat, en offrant bien entendu le 20e de sa valeur s'il avait été authentifié, et ont décrété au bout de cinq petites minutes qu'il n'était en rien de la main du maître concerné, à croire que personne n'ait daigné consulter les archives de l'expert qui voulait à tout prix le saisir pour cause de vol.
Bref, pour le comité en question, ce tableau n'est pas authentique . Mais si tel était le cas, l'expert à qui il avait été montré en 2001 n'aurait eu strictement aucune raison d'inventer cette histoire de vol et encore moins d'indiquer au commissaire-priseur qu'il figurait dans ses archives pour appuyer ses dires. Il reste désormais à savoir si ce comité, qu'on pourrait qualifier de ringards, a vraiment examiné ce tableau avec tout le sérieux voulu et d'espérer aussi que sa décision n'a pas été prise au vu d'une instruction de ne jamais authentifier ce tableau que l'expert aurait laissée avant de disparaître, ce qui à cet égard serait fort embarrassant. Affaire à suivre donc puisque l'amateur d'art déçu s'est attelé à réunir des preuves contredisant l'avis de ce comité ...
En attendant, depuis que je me suis investi dans le domaine de l'art, je n'ai toujours pas bien compris de quelle manière certains comités d'expertise étaient formés alors que le fait d'avoir écrit et rédigé plus de neuf mille biographies d'artistes et procédé à des analyses de dizaines d'oeuvres pour le compte de marchands ou de collectionneurs durant ces vingt dernières années aurait pu naturellement m'offrir la possibilité de faire partie de certains panels de spécialistes. Autant dire que le dédain apparent dont j'ai fait l'objet m'a laissé plus d'une fois dubitatif.
Vendredi 26 septembre 2008, la concurrence d'un déballage spécial au marché de Vanves a pesé sur l'activité matinale du marché aux Puces de Saint-Ouen, celui-ci ayant attiré beaucoup moins de chineurs que d'habitude.
Rencontré au détour d'une allée du marché Paul-Bert, le galeriste Charles Bailly n'a pas manqué lui aussi d'évoquer la crise financière aux Etats-Unis qui par ricochet a fini par affecter le marché de l'art, ce qui l'a amené à dire que les lots qu'il avait mis en vente à New York avaient été ravalés et que les vacations parisiennes marquaient dorénavant le pas, ce qui ne l'a toutefois pas empêché de batailler ferme pour une petite huile sur cuivre du peintre italien Bernardo Strozzi, qui a refait surface à Drouot après avoir été considéré comme perdue, laquelle a atteint 64 000 euros sur une mise à prix de mille.
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