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Lettre d'information
Le journal d'un fou d'art
Chapitre : 27 titres
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XXIXème Chapitre
2009, UN PETIT MILLESIME POUR LA BIENNALE DES ANTIQUAIRES
12 Septembre 2008
Mercredi 10 septembre 2008, ouverture de la Biennale des Antiquaires avec 17 exposants de moins que l'édition précédente et un recul de l'art ancien face à l'art moderne. Pour faire face à la concurrence de la foire annuelle de Maastricht, on aurait espéré mieux mais Paris est resté à la traîne, la faute à un élitisme devenu paralysant à la longue.
Le dîner de gala organisé la veille a réuni de nombreuses célébrités et moult collectionneurs pour cette rentrée plutôt morose, la Biennale étant censée réveiller un marché devenu apathique depuis la mi-juillet.
Les 95 exposants triés sur le volet ont dû se mettre en quatre pour trouver des pièces exceptionnelles à exposer mais au final, le millésime a été plutôt moyen avec une impression de déjà vu pour les visiteurs qui auront remarqué que l'art ancien, défendu par un petit carré de marchands fidèles à ce qui a été la marque de fabrique de la Biennale, a eu du mal à résister à l'entrée en force des arts premiers, de l'Art déco et même des livres avec l'entrée du libraire Jean-Claude Vrain, nouveau pape de ce domaine qui il y a 25 ans traînait ses guêtres au marché aux Puces de Saint-Ouen en apprenant son métier sur le tas.
Il y a une décennie encore, on s'extasiait sur le décor du stand de Steinitz, toujours présent à l'image de la coupole de verre du Grand Palais alors que la famille Kraemer a enfin daigné faire sa première apparition à la Biennale en présentant de beaux meubles du XVIIIe siècle sous deux énormes cubes de verre faisant fâcheusement penser à des aquariums alors que Cheska Vallois, la reine de l'Art déco, s'est amusée à créer un mini-musée en présentant des pièces qui n'étaient pas à vendre.
Les visiteurs ont eu de quoi saliver avec des oeuvres majeures de Picasso, Balthus ou Rothko à peine achetables avec le gain du gros lot d'Euromillions, donc réservées à des amateurs pleins aux as, et se repaître de pièces de grande qualités présentées dans des écrins propres à leur donner encore plus de valeur mais le vieil élitisme qui fait de la Biennale un club très fermé a fini par peser sur cet événement qui a forcément besoin de sang neuf pour devoir aller de l'avant.
Jeudi 11 septembre 2008, quatre individus ont tenté de défoncer avec leur véhicule la devanture du bureau de change de la rue des Rosiers au marché aux Puces de Saint-Ouen. Leur coup ayant foiré, on peut dire qu'il n'ont rien gagné au change sinon de s'enfuir avant l'arrivée de la police.
Vendredi 12 septembre 2008, le marché aux Puces de Saint-Ouen a continué à faire pâle figure en n'offrant rien de très valable aux chineurs en quête de rêve. De quoi désespérer quant à espérer une reprise qu'on ne trouvera que dans les chaussettes de ceux qui se sont échinés à marcher dans ce qui est devenu un désert des antiquités. Et pourtant, le rêve est resté très présent, notamment dans l'esprit de quelques fidèles comme "Michael le Puits de Sciences" qui a déniché une étrange sculpture en lames de fer soudées datée de 1937 laquelle lui donnera cependant du fil à retordre pour identifier son auteur. L'espoir fait vivre...
Samedi 13 septembre 2008, Anthony Eugene Notarstefano, un Américain de 44 ans qui avait purgé 12 mois de prison pour le vol de deux violons commis en 2006 à Los Angeles, s'est évadé de l'hôpital psychiatrique Paul-Guiraud de Villejuif où il était hospitalisé dans l'attente de son extradition vers les Etats-Unis..
Notarstefano avait été arrêté en mars 2007 à Paris alors qu'il tentait de négocier la vente d'un violon de Jean-Baptiste Vuillaume de 1855 et d'un autre de l'illustre luthier italien du XVIIIe siècle Carlo Tononi volés en fait quelques mois plus tôt à un violoniste de l'orchestre philharmonique de Los Angeles. Déjà condamné pour escroquerie et cambriolage par la justice américaine, il a préféré prendre la poudre d'escampette sachant que son extradition aux Etats-Unis lui vaudrait la prison à perpétuité pour cause de récidive. Transféré à l'hôpital de Villejuif après avoir tenté de se suicider à la prison de Fresnes, il avait déclaré qu'il préférait mourir plutôt que d'être renvoyé dans son pays. Devenu un fugitif, il aura bien du mal à échapper au violon….
Lundi 15 et mardi 16 septembre 2008, organisée par Sotheby's à Londres, la vente d'oeuvres de l'artiste britannique contemporain Damien Hirst a rapporté quelque 140 millions d'euros, un sacré pactole au vu de la crise financière majeure qui a secoué les Etats-Unis, l'Europe, la Russie et l'Asie. L'art de Hirst via la création d'animaux empaillés hybrides ou de toiles avec des papillons ou des cadavres de mouches a rapporté gros en ces temps difficiles, à croire que le monde s'est mis à marcher sur la tête.
En récoltant plus de 112 millions d'euros net en seulement deux soirées, Hirst a ainsi fait aussi bien que l'Irlandaise qui a empoché le plus gros lot de l'histoire d'Euromillions, de quoi rendre jaloux les professionnels de l'art qui ont vu avec anxiété les cours boursiers dévisser dramatiquement à la suite de la faillite de Lehman Brothers, la 4e banque de Wall Street et de la déconfiture de AIG, la première compagnie d'assurances de la planète, sauvée in-extremis par le gouvernement américain. Résultat: un vent de panique a soufflé sur toutes les places financières pour finalement dégonfler les portefeuilles de nombreux riches.
Il va sans dire que le marché de l'art s'est subitement retrouvé dans l'oeil du cyclone malgré le succès spectaculaire de la vente des oeuvres de Damien Hirst, le manque de liquidités s'étant déjà fait sentir à bien des niveaux à cause de cette incroyable crise financière qui a flanqué la frousse à pas mal d'investisseurs. A cet égard, de nombreux marchands sont restés dans l'attente du règlement de grosses pièces achetées au début de l'été alors que les remous constatés sur les places boursières ont incité les amateurs d'art à faire preuve d'attentisme.
En dépit des avis nuancés des économistes de la planète, la crise a bien pris l'allure d'un krach d'autant plus que plusieurs banques d'affaires, dont Morgan Stanley, ont pris la vague de la faillite de Lehman Brothers en pleine poire. L'onde de choc a fini d'ailleurs par atteindre Moscou, où la bourse a chuté de 18% , Hong Kong ou Tokyo et rien ne dit qu'elle ne créera pas un autre tsunami dans les semaines à venir.
Bref, les antiquaires et les galeristes, pour ne pas parler aussi des brocanteurs, ont du mouron à se faire avant la fin de l'année car l'angoisse régnant sur les places financières ne se dissipera pas du jour au lendemain. Certes, les grands professionnels pourront tabler sur des achats spéculatifs ou de précaution concernant des pièces exceptionnelles mais en cas d'aggravation de la situation économique, il y aura de moins en moins d'acteurs capables d'animer le marché de l'art. Les plus optimistes oseront croire que l'effet de la vente consacrée à Damien Hirst sera susceptible de l'épargner mais les pessimistes rétorqueront que celle-ci n'aura été qu'une exception avant une débâcle comparable à celle du début des années 1930 lorsque l'art ne valait plus grand chose suite au choc de la crise de 1929.
Mercredi 10 septembre 2008, ouverture de la Biennale des Antiquaires avec 17 exposants de moins que l'édition précédente et un recul de l'art ancien face à l'art moderne. Pour faire face à la concurrence de la foire annuelle de Maastricht, on aurait espéré mieux mais Paris est resté à la traîne, la faute à un élitisme devenu paralysant à la longue.
Le dîner de gala organisé la veille a réuni de nombreuses célébrités et moult collectionneurs pour cette rentrée plutôt morose, la Biennale étant censée réveiller un marché devenu apathique depuis la mi-juillet.
Les 95 exposants triés sur le volet ont dû se mettre en quatre pour trouver des pièces exceptionnelles à exposer mais au final, le millésime a été plutôt moyen avec une impression de déjà vu pour les visiteurs qui auront remarqué que l'art ancien, défendu par un petit carré de marchands fidèles à ce qui a été la marque de fabrique de la Biennale, a eu du mal à résister à l'entrée en force des arts premiers, de l'Art déco et même des livres avec l'entrée du libraire Jean-Claude Vrain, nouveau pape de ce domaine qui il y a 25 ans traînait ses guêtres au marché aux Puces de Saint-Ouen en apprenant son métier sur le tas.
Il y a une décennie encore, on s'extasiait sur le décor du stand de Steinitz, toujours présent à l'image de la coupole de verre du Grand Palais alors que la famille Kraemer a enfin daigné faire sa première apparition à la Biennale en présentant de beaux meubles du XVIIIe siècle sous deux énormes cubes de verre faisant fâcheusement penser à des aquariums alors que Cheska Vallois, la reine de l'Art déco, s'est amusée à créer un mini-musée en présentant des pièces qui n'étaient pas à vendre.
Les visiteurs ont eu de quoi saliver avec des oeuvres majeures de Picasso, Balthus ou Rothko à peine achetables avec le gain du gros lot d'Euromillions, donc réservées à des amateurs pleins aux as, et se repaître de pièces de grande qualités présentées dans des écrins propres à leur donner encore plus de valeur mais le vieil élitisme qui fait de la Biennale un club très fermé a fini par peser sur cet événement qui a forcément besoin de sang neuf pour devoir aller de l'avant.
Jeudi 11 septembre 2008, quatre individus ont tenté de défoncer avec leur véhicule la devanture du bureau de change de la rue des Rosiers au marché aux Puces de Saint-Ouen. Leur coup ayant foiré, on peut dire qu'il n'ont rien gagné au change sinon de s'enfuir avant l'arrivée de la police.
Vendredi 12 septembre 2008, le marché aux Puces de Saint-Ouen a continué à faire pâle figure en n'offrant rien de très valable aux chineurs en quête de rêve. De quoi désespérer quant à espérer une reprise qu'on ne trouvera que dans les chaussettes de ceux qui se sont échinés à marcher dans ce qui est devenu un désert des antiquités. Et pourtant, le rêve est resté très présent, notamment dans l'esprit de quelques fidèles comme "Michael le Puits de Sciences" qui a déniché une étrange sculpture en lames de fer soudées datée de 1937 laquelle lui donnera cependant du fil à retordre pour identifier son auteur. L'espoir fait vivre...
Samedi 13 septembre 2008, Anthony Eugene Notarstefano, un Américain de 44 ans qui avait purgé 12 mois de prison pour le vol de deux violons commis en 2006 à Los Angeles, s'est évadé de l'hôpital psychiatrique Paul-Guiraud de Villejuif où il était hospitalisé dans l'attente de son extradition vers les Etats-Unis..
Notarstefano avait été arrêté en mars 2007 à Paris alors qu'il tentait de négocier la vente d'un violon de Jean-Baptiste Vuillaume de 1855 et d'un autre de l'illustre luthier italien du XVIIIe siècle Carlo Tononi volés en fait quelques mois plus tôt à un violoniste de l'orchestre philharmonique de Los Angeles. Déjà condamné pour escroquerie et cambriolage par la justice américaine, il a préféré prendre la poudre d'escampette sachant que son extradition aux Etats-Unis lui vaudrait la prison à perpétuité pour cause de récidive. Transféré à l'hôpital de Villejuif après avoir tenté de se suicider à la prison de Fresnes, il avait déclaré qu'il préférait mourir plutôt que d'être renvoyé dans son pays. Devenu un fugitif, il aura bien du mal à échapper au violon….
Lundi 15 et mardi 16 septembre 2008, organisée par Sotheby's à Londres, la vente d'oeuvres de l'artiste britannique contemporain Damien Hirst a rapporté quelque 140 millions d'euros, un sacré pactole au vu de la crise financière majeure qui a secoué les Etats-Unis, l'Europe, la Russie et l'Asie. L'art de Hirst via la création d'animaux empaillés hybrides ou de toiles avec des papillons ou des cadavres de mouches a rapporté gros en ces temps difficiles, à croire que le monde s'est mis à marcher sur la tête.
En récoltant plus de 112 millions d'euros net en seulement deux soirées, Hirst a ainsi fait aussi bien que l'Irlandaise qui a empoché le plus gros lot de l'histoire d'Euromillions, de quoi rendre jaloux les professionnels de l'art qui ont vu avec anxiété les cours boursiers dévisser dramatiquement à la suite de la faillite de Lehman Brothers, la 4e banque de Wall Street et de la déconfiture de AIG, la première compagnie d'assurances de la planète, sauvée in-extremis par le gouvernement américain. Résultat: un vent de panique a soufflé sur toutes les places financières pour finalement dégonfler les portefeuilles de nombreux riches.
Il va sans dire que le marché de l'art s'est subitement retrouvé dans l'oeil du cyclone malgré le succès spectaculaire de la vente des oeuvres de Damien Hirst, le manque de liquidités s'étant déjà fait sentir à bien des niveaux à cause de cette incroyable crise financière qui a flanqué la frousse à pas mal d'investisseurs. A cet égard, de nombreux marchands sont restés dans l'attente du règlement de grosses pièces achetées au début de l'été alors que les remous constatés sur les places boursières ont incité les amateurs d'art à faire preuve d'attentisme.
En dépit des avis nuancés des économistes de la planète, la crise a bien pris l'allure d'un krach d'autant plus que plusieurs banques d'affaires, dont Morgan Stanley, ont pris la vague de la faillite de Lehman Brothers en pleine poire. L'onde de choc a fini d'ailleurs par atteindre Moscou, où la bourse a chuté de 18% , Hong Kong ou Tokyo et rien ne dit qu'elle ne créera pas un autre tsunami dans les semaines à venir.
Bref, les antiquaires et les galeristes, pour ne pas parler aussi des brocanteurs, ont du mouron à se faire avant la fin de l'année car l'angoisse régnant sur les places financières ne se dissipera pas du jour au lendemain. Certes, les grands professionnels pourront tabler sur des achats spéculatifs ou de précaution concernant des pièces exceptionnelles mais en cas d'aggravation de la situation économique, il y aura de moins en moins d'acteurs capables d'animer le marché de l'art. Les plus optimistes oseront croire que l'effet de la vente consacrée à Damien Hirst sera susceptible de l'épargner mais les pessimistes rétorqueront que celle-ci n'aura été qu'une exception avant une débâcle comparable à celle du début des années 1930 lorsque l'art ne valait plus grand chose suite au choc de la crise de 1929.