Le journal d'un fou d'art

Ainsi, ces petits malins ont pu relever les pseudos des avant-derniers enchérisseurs en leur envoyant un formulaire E-Bay parfaitement imité pour les informer que la dernière enchère portée sur un lot avait été annulée après que l'acheteur se soit désisté en ne pouvant pas le payer. En suivant les instructions figurant sur le formulaire en question, plus d'un avant-dernier enchérisseur a été piégé en étant ainsi avisé que le lot lui revenait au prix qu'il avait désiré mettre et que pour effectuer le paiement requis, il lui suffisait de contacter le vendeur qui bizarrement avait changé d'e-mail. Ce détail pourrait alerter des internautes méfiants mais dans bien des cas, ces derniers ne l'ont pas saisi et ont envoyé par le biais de Western Union les sommes réclamées à des pseudos vendeurs établis à l'étranger.

La dernière escroquerie en date a concerné un tableau du peintre croate Bukovac sur lequel un internaute avait placé une enchère de 980 euros à la fin du mois d'octobre 2004. A la dernière minute, il était encore en tête des enchérisseurs mais durant les dernières secondes précédant la clôture des enchères, le prix final avait bondi inexplicablement à 7 550 euros.

Quatre jours plus tard, cet acheteur déçu a reçu un e-mail censé provenir de E-Bay avec son logo, son adresse et ses recommandations habituelles l'avisant que le tableau lui revenait, le dernier enchérisseur n'ayant pas honoré son engagement de payer. Se souvenant que l'enchère finale avait été multipliée par plus de 7 en quelques secondes, l'infortuné gogo s'est donc dit qu'il y avait eu maldonne après tout car les enchères sur E-Bay n'avaient pas pour habitude de bondir aussi brutalement trente secondes avant de se terminer.

Ayant en outre reçu un message d'E-Bay confirmant son achat tout en indiquant que celui-ci était sécurisé avec moult explications à l'appui, le gogo a pris contact avec le pseudo vendeur qui lui a répondu être à Londres pour affaires et qu'il attendait son paiement avant de lui envoyer le tableau. Le gogo s'est donc exécuté – au propre comme au figuré- en envoyant l'argent à un certain Peter Mattew demeurant 13 Cloister Road à Londres avant de recevoir un e-mail lui informant qu'il recevrait le lendemain les renseignements relatifs à l'envoi du tableau.

48 heures plus tard, inquiet de ne plus avoir de nouvelles du supposé Peter Mattew, l'internaute a effectué des recherches sur E-Bay en utilisant le numéro d'identification du tableau afin de retrouver le vendeur. Contacté, ce dernier lui a confirmé que la toile de Bukovac avait bien été vendue à 7 550 euros tout en lui signalant qu'il venait d'être victime d'une escroquerie.

Le vendeur s'est d'ailleurs offusqué de l'attitude d'E-Bay qui n'a jamais cru bon de répondre à ses nombreux messages informant le site de vente qu'il était souvent sollicités par des avant-derniers enchérisseurs ayant reçu des avis selon lesquels certains de ses lots leur revenaient suite aux désistements de leurs acheteurs.

« Le problème est qu'à partir du moment où une vente est terminée, la page d'E-Bay relative à celle-ci demeure en ligne avec la liste de tous les enchérisseurs ayant participé à celle-ci. Les escrocs n'ont qu'à relever le pseudo de l'avant-dernier enchérisseur pour lui envoyer un message via E-Bay et tenter ainsi de le piéger », a dit le véritable vendeur du tableau de Bukovac.

Ayant adressé une réclamation au service des fraudes d'E-Bay, l'internaute grugé a simplement reçu une réponse automatique l'avisant de faire attention dans le suivi de ses transactions. N'empêche, rien n'a été plus facile pour nombre d'escrocs que de fabriquer des pages E-Bay et de se servir de sa messagerie pour tromper certains des membres inscrits sur ce site dont la responsabilité pourrait être engagée devant un tribunal pour le manque de protection de ses pages et surtout si un juge décidait que son statut ne serait pas différent de celui d'un groupe de ventes volontaires classiques tenu de par la loi à assurer le bon fonctionnement d'une vacation.

Proie facile des escrocs, E-Bay aura à trouver d'urgence des parades efficaces contre ces malfaisants afin de préserver sa réputation et le bon fonctionnement de ses ventes. Ce site, qui a généré 530 millions de dollars de profits, en a eu les moyens mais n'a rien fait de tangible pour être pleinement sécurisé.

Samedi 13 novembre 2004, promenade matinale à Vanves où « Gargamelle le cuisinier » s'est plaint d'avoir eu à supporter des frais de ventes record de la part d'une maison de vente parisienne. Il a néanmoins oublié de préciser que le tableau dont il parlait avait été mis en vente par ses soins et qu'il avait poussé les enchères pour finir par être le dernier enchérisseur, ce qui n'était pas très malin. De sorte, il s'est retrouvé à payer les commissions de vente et d'achat…

Un peu plus tard, « L'Escargot des Batignolles » a trouvé une céramique de Georges Jouve pour presque rien, ce qui lui a permis de renouer avec la chance après avoir déniché pour une dizaine d'euros une huile impressionniste d'Auguste Herbin deux mois auparavant à la foire de Lille, une trouvaille qui a été dûment authentifiée et qui lui rapportera entre 5 000 et 10 000 euros une fois revendue.

A New York, le prix du billet d'entrée du Museum of Modern Art (MoMa) a été augmenté de 67% pour passer de 12 à 20 dollars. Explication : le musée a subi une rénovation durant 29 mois, suite à quoi il est devenu le plus cher des Etats-Unis.

La presse a vivement critiqué cette augmentation, jugée décourageante et anti-démocratique alors que le maire Michael Bloomberg s'est contenté d'expliquer que le MoMa était une institution privée, donc libre d'appliquer ses tarifs, tout en conseillant à ceux qui ne pouvaient pas payer d'aller voir autre chose. Quant aux responsables du musée, ceux-ci ont rétorqué que les charges explosaient alors qu'ils ne recevaient aucune subvention publique. Pour sa part, le Metropolitan Museum, dont le prix d'entrée est resté à 12 dollars, a pu être géré grâce à une donation de 1,8 milliard de dollars censée couvrir onze années de fonctionnement.