Vendredi 12 novembre 2004, ambiance mortelle aux puces de Saint-Ouen où les chineurs n'ont rien trouvé d'excitant. Le dollar a baissé, les affaires aussi d'autant plus que l'Hôtel Drouot n'a été ouvert que durant trois jours sans rien offrir d'excitant. Dans une allée du marché Paul Bert, un marchand m'a raconté qu'il venait de faire une adresse dans les Yvelines chez un couple qui avait décidé de vider sa maison pour aller vivre chichement dans une bicoque sur les bords du Gange.
« Ces gens là en ont eu assez de vivre comme des bourgeois. Et dire qu'ils ont chez eux de magnifiques tableaux de Delvaux qui leur permettraient de mener une existence confortable», a indiqué le marchand qui s'est subitement rappelé qu'un des tableaux représentant des membres de leur famille avait été précédemment en possession d'un collectionneur belge.
"Reçu un jour chez ce collectionneur, le couple admira ses toiles de Delvaux et la femme tomba en arrêt devant ce tableau avant de lui révéler que les personnes représentées par le peintre étaient sa mère et ses deux sœurs. Le lendemain, le collectionneur alla voir le couple et leur offrit ce tableau en déclarant à la femme qu'il semblait juste qu'il lui revienne. Un Delvaux en cadeau, c'est plutôt dingue, non ?", s'est-il exclamé.
Rumeurs, tu meurs. Certains chineurs dont j'ai narré les exploits ou les déveines durant ces quatre dernières années n'ont pas vraiment apprécié d'être mis sur le devant de la scène dans ce journal. Il est de fait que la plupart d'entre eux ont cherché à chasser les trésors en restant le plus possible discrets mais ils ont toutefois souvent cédé à l'envie de se gausser de leurs exploits devant des amis qui n'ont pas su tenir leur langue.
Le monde de la chine est si petit que tout ou presque se sait, ce qui m'a ainsi permis de rapporter des anecdotes intéressantes ou amusantes et si certains de ses acteurs désignés par des pseudos se sont offusqués de mes écrits concernant leurs découvertes, ils n'auront qu'à s'en prendre à eux-mêmes pour avoir été trop bavards.