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Claude Gellée était toujours du matin... (AD)
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Le journal d'un fou d'art
Les fous d'art, ivres de savoir et de découvertes, riches ou moins nantis et sans cesse à l'affût des nouvelles relatives au marché de l'art, forment une belle légion à travers le monde. Sans eux, ce marché n'aurait donc sûrement rien de légendaire. Depuis plus d'une quinzaine d'années, Adrian Darmon a donc rassemblé à travers plus de 2200 pages de multiples anecdotes souvent croustillantes sur les chineurs, amateurs et autres acteurs de cet univers plutôt incroyable et parfois impitoyable.
Ier Chapitre
COUP DE TABAC A BERLIN
01 Mai 2000 |
Cet article se compose de 2 pages.
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Ce vendredi à Berlin, le chancelier Gerhard Schröder a eu l'idée incongrue d'offrir une boîte de cigares cubains au président Bill Clinton lequel a modérément apprécié ce cadeau après tous les tourments subis avec l'affaire Monica Lewinsky, l'effrontée stagiaire de la Maison Blanche dont il avait fait de son vagin un humidificateur à cigares au cours d'un bref et torride intermède dans un couloir de la Maison Blanche. "Bague" à part, ce cadeau a dû à le faire fumer de rage. Voilà une célébrité à rayer au plus vite de la liste des grands amateurs de cigares tels Winston Churchill ou Fidel Castro alors que l'horrible Adolf Hitler se révéla plutôt friand de «Sig Heil» nasillards accompagnés de macabres volutes de fumée qui lui faisaient si Dachau au coeur... Il faudrait vouer aux gémonies les marchands d'art qui refusèrent les aquarelles de cet artiste raté durant les années 1910 car ils auraient évité au monde bien des désastres alors que l'abominable Adolf se serait contenté de ne massacrer que de la toile ou du papier. Certains fous d'art ont raffolé du cigare comme Guy Loudmer, commissaire-priseur ébloui par les dizaines de millions récoltés par le biais de la vente de la collection Bourdon et qu'il dilapida en partie. Ce maestro du marteau, aujourd'hui déchu, avait amassé de son côté une belle collection de tableaux modernes tout en menant grand train. Un personnage truculent, imbu de lui-même et un tantinet arrogant qui voulait transformer sa barque en grande nef de conquérant mais qui a fini par couler, entraînant ses ambitions par le fond tandis que son fils Philippe, devenu étrangement son clone exagéré au fil des ans, a fui la justice pour se réfugier à l'étranger. Samedi 3 juin, nouvelle promenade dans Paul Bert où je croise un marchand qui se passionne depuis un an pour les bronzes de la Renaissance et du XVIIe siècle après avoir fait une adresse qui lui a rapporté gros. Il est persuadé que c'est dans ce domaine qu'on peut faire les plus belles découvertes et ce n'est pas moi qui vais le démentir à ce sujet. Il en vient à parler de cette chasse constante aux bonnes adresses qui est la nourriture principale des meilleurs antiquaires et me dit qu'il a bien envie d'écrire un livre - tiens, tiens...- avec l'aide d'un écrivain cependant- tellement il a d'histoires à raconter. Affaire à suivre... Nombreux sont les brocs qui ont fait fortune en faisant des adresses, tel son voisin de stand, propriétaire d'une boutique dans le 16e Arrondissement et qui, il y a vingt ans, réalisa un coup faramineux à l'angle de la rue de la Pompe et de la rue de La Tour. Sa mise d'un million de francs pour une succession lui rapporta dix fois plus...
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Ce vendredi à Berlin, le chancelier Gerhard Schröder a eu l'idée incongrue d'offrir une boîte de cigares cubains au président Bill Clinton lequel a modérément apprécié ce cadeau après tous les tourments subis avec l'affaire Monica Lewinsky, l'effrontée stagiaire de la Maison Blanche dont il avait fait de son vagin un humidificateur à cigares au cours d'un bref et torride intermède dans un couloir de la Maison Blanche. "Bague" à part, ce cadeau a dû à le faire fumer de rage. Voilà une célébrité à rayer au plus vite de la liste des grands amateurs de cigares tels Winston Churchill ou Fidel Castro alors que l'horrible Adolf Hitler se révéla plutôt friand de «Sig Heil» nasillards accompagnés de macabres volutes de fumée qui lui faisaient si Dachau au coeur... Il faudrait vouer aux gémonies les marchands d'art qui refusèrent les aquarelles de cet artiste raté durant les années 1910 car ils auraient évité au monde bien des désastres alors que l'abominable Adolf se serait contenté de ne massacrer que de la toile ou du papier. Certains fous d'art ont raffolé du cigare comme Guy Loudmer, commissaire-priseur ébloui par les dizaines de millions récoltés par le biais de la vente de la collection Bourdon et qu'il dilapida en partie. Ce maestro du marteau, aujourd'hui déchu, avait amassé de son côté une belle collection de tableaux modernes tout en menant grand train. Un personnage truculent, imbu de lui-même et un tantinet arrogant qui voulait transformer sa barque en grande nef de conquérant mais qui a fini par couler, entraînant ses ambitions par le fond tandis que son fils Philippe, devenu étrangement son clone exagéré au fil des ans, a fui la justice pour se réfugier à l'étranger. Samedi 3 juin, nouvelle promenade dans Paul Bert où je croise un marchand qui se passionne depuis un an pour les bronzes de la Renaissance et du XVIIe siècle après avoir fait une adresse qui lui a rapporté gros. Il est persuadé que c'est dans ce domaine qu'on peut faire les plus belles découvertes et ce n'est pas moi qui vais le démentir à ce sujet. Il en vient à parler de cette chasse constante aux bonnes adresses qui est la nourriture principale des meilleurs antiquaires et me dit qu'il a bien envie d'écrire un livre - tiens, tiens...- avec l'aide d'un écrivain cependant- tellement il a d'histoires à raconter. Affaire à suivre... Nombreux sont les brocs qui ont fait fortune en faisant des adresses, tel son voisin de stand, propriétaire d'une boutique dans le 16e Arrondissement et qui, il y a vingt ans, réalisa un coup faramineux à l'angle de la rue de la Pompe et de la rue de La Tour. Sa mise d'un million de francs pour une succession lui rapporta dix fois plus...
Pour les particuliers, ouvrir leur porte à un brocanteur, c'est souvent laisser entrer un loup dans la bergerie car une fois dans la place, celui-ci va se démener comme un beau diable pour rafler des pièces importantes à des prix ridicules. En général, les gens ne connaissent pas la valeur de ce qu'ils possèdent ou pire, ceux-ci croient souvent que le buffet Louis XV hérité de la grand-mère vaut une fortune sans se douter que c'est la pendule qui est posée dessus qui atteindra en fait un gros prix dans une vente. La technique du brocanteur consiste à amadouer le propriétaire des lieux, à accepter même de payer le prix fort pour une paire de fauteuils de style afin d'arracher d'autres meubles, objets ou tableaux nettement plus intéressants à bas prix. Rares sont les fois où il tombe sur plus fort que lui, c'est à dire sur quelque vieux grigou qui attire un professionnel dans son antre pour lui montrer quelques «nanars» tout en n'oubliant pas de sortir d'un tiroir des clichés d'objets splendides pour lui faire miroiter une belle affaire, à condition de le débarrasser d'abord des vieilleries qui encombrent son appartement. Appâté, le brocanteur va donc payer le lot sans discuter sans se douter qu'il attendra la semaine des quatre jeudis pour mettre la main sur ce qu'il n'a vu qu'en photo. Dernièrement, un antiquaire s'est fait avoir de la sorte par un vieil homme d'affaires à la retraite qui lui a collé un miroir à plus de 20 000 FF après lui avoir promis de lui présenter en priorité les objets de la succession de sa défunte épouse à l'occasion de sa prochaine visite. Le vieux l'a tellement bien embobiné qu'il a de plus réussi à lui vendre le fauteuil roulant de la chère disparue, ce dont il n'a eu que faire. Quant à la fameuse succession, elle était bien entendu imaginaire. Ce genre d'histoire est cependant peu fréquente puisque d'habitude, le dindon de la farce est le particulier qui se trouve face à un de ces rusés brocanteurs spécialistes du porte à porte. Aujourd'hui, les particuliers préfèrent de plus en plus s'en remettre au verdict des enchères, généralement plus favorable, quoique la garantie de succès d'une vente dépend avant tout de l'étude de commissaire-priseur à laquelle ils s'adressent. Ils ont ainsi intérêt à ne pas oublier de fixer des prix de réserve pour éviter de mauvaises surprises. A midi, un Africain propose à un marchand un «superbe» masque Punu, une rareté selon ses dire. Mon oeil ! Plutôt une belle banane, un gadget pour touriste attardé, un vulgaire bout de bois vieilli et trafiqué avec art par de malins copistes. Il y a de quoi chanter "on trafique en Afrique". Plutôt «Punouille», ce masque laisse finalement le marchand de marbre et l'Africain défrisé...
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