Francis Warin, légataire d'Alphonse Kann dont la collection fut volée par les nazis et leurs affidés,a annoncé le 30 novembre 1998 le dépôt d'une plainte contre X pour recel avec constitution de partie civile concernant le «Joueurde Guitare» de Georges Braque actuellement exposé au musée national d'art moderne Georges Pompidou.Le musée s'est refusé à restituer le tableau qui avait pourtant été volé parles nazis en 1940.
Au final, ce tableau cubiste n'avait pas intéressé les nazis qui avaient classé l'art moderne et contemporain dans la catégorie de «l'art dégénéré»et qui l'avaient donc donné en 1942 au marchand Gustav Rochlitz en échange d'une Nativité hollandaise destinée à Goering. Le tableau passa ensuite de main en main pour finir par être vendu 9 millions de FF par le marchand Hans Berggruen au Musée Pompidou en 1981.
Le musée s'est considèré comme le légitime propriétaire de la toile de Braque peinte en 1914 au motif qu'il l'avait acquis de bonne foi, la loi stipulant que le propriétaire d'une œuvre provenant d'un vol est protégé trois ans après ce délit à partir du moment où il peut prouver sa bonne foi concernant son achat.
Pour Francis Warin, le musée s'est comporté en fait comme un receleur et n'a pu ainsi bénéficier d'aucune immunité car les archives officielles, et une note de Rose Valland, directrice des musées nationaux durant les années1940, retraçaient depuis 50 ans le sort de cette œuvre.
Donc, le musée n'aurait pu ignorer l'origine du Braque si ses responsables avaient consulté ces archives, a affirmé Francis Warin.
La position du gouvernement, à l'heure où s'est ouverte à Washington une conférence sur les biens juifs volés durant la guerre, a paru à tout le moins opaque puisque le ministère de la Culture s'est retranché derrière les dispositions du Code civil en matière de recel, ce qui équivalu à conforter la bonne foi du musée Georges Pompidou.
Une autre affaire s'est profilée à l'horizon: celle d'un tableau de Claude Monet, «Nymphéas»,volé au marchand Paul Rosenberg durant la guerre, et actuellement en possession du musée de Caen.
Les héritiers du marchand seraient d'ailleurs en passe de faire une demande de restitution pour ce tableau resté bizarrement en déshérence alors que là encore, les responsables des musées de France auraient pu enquêter sur son origine, sachant au départ qu'il figurait parmi les œuvres récupérées auprès des Allemands après la guerre.