L'ouverture du pavillon des Sessions au Musée du Louvre, aurait brutalement fait monter les prix des pièces d'art primitif. Ces objets sont en fait de plus en plus rares, ce qui fait que les prix sont constamment à la hausse. Il est évident que l'ouverture prochaine du Musée des Arts Premiers quai Branly à Paris va faire gonfler le cercle des collectionneurs.
Par ailleurs, les conservateurs du Musée de l'Homme s'inquiètent à l'idée que certaines pièces détenues par cette institution qui va être probablement démembrée en partie au profit du futur musée du quai Branly. Leurs partisans organiseront d'ailleurs un rassemblement à la salle de la Mutualité pour évoquer l'avenir de leur musée ainsi que d'autres questions se rapportant à d'autres musées et institutions dont le patrimoine risque d'être à leurs yeux dilapidé.
Ils craignent que l'ouverture du pavillon des Sessions, au Louvre, où figurent déjà soixante-dix pièces provenant des collections du Musée de l'Homme au Trocadéro, vont leur donner une valeur marchande, surtout que depuis quelques mois les prix de ces objets sur le marché n'ont pas cessé de grimper, ce dont profitent des marchands et des collectionneurs.
Encore une fois, la pénurie de pièces extraordinaires est responsable de cet état de fait et il ne faudrait pas chercher dans l'ouverture du pavillon des Sessions au Louvre la raison de cette brutale augmentation de prix. L'art tribal attire de nombreux collectionneurs, surtout anglo-saxons, plus informés que les Français sur ce domaine alors que la mode de l'art africain a fait une percée au sein des ménages attirés par son côté exotique. Le nombre des marchands d'art africain n'a lui pas augmenté de manière significative alors que l'art africain commence à susciter un intérêt certain.
On peut ainsi acquérir entre 3000 et 10 000 des pièces valables et de nombreux acheteurs âgés entre 30 et 40 ans ont commencé à essaimer. Dès lors, il est normal de constater une hausse des prix du fait que les pièces valables ne courent pas les rues. Il suffit par ailleurs de se faire une idée de la popularité de l'art africain en allant au marché aux Puces de Saint-Ouen où les stands offrant des copies modernes se sont multipliés en l'espace d'une dizaine d'années. Mais en général, si les prix montent, ceux-ci sont loin de connaître la hausse enregistrée sur l'art contemporain. Par ailleurs, l'art africain se marie bien avec celui-ci et tout compte fait, on revient aujourd'hui à une mode qui fit fureur durant les années 1930 lorsqu'on associait les arts primitifs avec l'Art Déco. A ce sujet, il suffit de visiter le musée de la Porte Dorée pour se faire une idée de cette mode à laquelle de nombreux créateurs s'attachèrent.
Il est patent que la grande qualité se paye toujours plus cher. Ce qui pouvait valoir 150 000 FF il y a trente ans se vend maintenant à des altitudes qui paraissent incroyables mais souvent, la rareté joue un rôle primordial et on ne peut de ce fait se limiter à des généralités puisque certaines pièces peuvent être vendues à 100 fois leur prix d'alors alors que d'autres n'enregistreront que des prix multipliés par dix ou vingt.
Pour conclure, au delà de la barre d'un million de FF on peut acquérir une superbe Å“uvre d'art primitif alors qu'à ce prix, on ne ramasserait pas grand chose pour une pièce d'art contemporain. Il est vrai que le futur marché du quai Branly a entamé une politique d'achats depuis trois ans, ce qui naturellement fait monter les prix pour des pièces prestigieuses puisque la concurrence pour ceux-ci devient plus vive bien qu'il soit important de souligner que les plus grosses ventes se font à New-York, bastion des arts premiers.
Le musée du quai Branly a à sa disposition jusqu'en 2004 une enveloppe de 150 millions de francs pour enrichir ses collections et a, dit dépensé déjà plus de 65 millions FF. En ce qui concerne le pavillon des Sessions du Louvre, 17 pièces exceptionnelles ont déjà été achetée à hauteur de 28 millions de francs.
La pièce la plus chère est une statue uli de Mélanésie qui a été achetée pour 18 millions FF auprès d'un marchand-collectionneur qui aurait offert une statue nias des Philippines. Un masque "Teotihuacan" provenant de l'ancienne collection d' André Breton a été de son côté achetée pour 4 millions FF et un fétiche téké de l'ancienne collection Lehuard a été acquise pour 2,8 millions FF.
ARTS PRIMITIFS(résultats des ventes)