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UNE DETENTION CRUELLE ET ABOMINABLE POUR UN ENFANT
01 Mai 2004



Cet article se compose de 4 pages.
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La mélancolie gagnait l'enfant jour après jour et celui-ci passait parfois de longues minutes à avoir le regard fixé sur un mur ou dans le lointain lorsqu'il se trouvait devant la fenêtre de sa chambre. Simon haussait alors les épaules et soupirait en se disant que le mieux était de laisser rêver le petit Capet. Il ne se rendait pas compte que l'enfant était en train de se renfermer sur lui-même et de se forger intérieurement un monde bien à lui où il se murait dans des souvenirs nimbés d'un bonheur indéfinissable.

Le dauphin semblait de plus en plus bizarre et absent au fil des journées mais le pire arriva cependant lorsque la femme Simon causa une peur terrible à l'enfant en l'accusant de se masturber dans son lit. Elle hurla sur lui et sa colère fit pleurer l'enfant. Puis, elle poussa des jurons et injuria cette « dépravée » de Marie-Antoinette tout en secouant brutalement l'enfant.

« C'est ta putain de mère qui t'as appris ça, hein ? Alors, dis-le, dis-le mon pauvre petit ! », avait tonné la femme Simon et l'enfant, secoué comme un prunier, lui avoua entre deux sanglots que sa mère et aussi sa tante, comme cette furie de Madame Simon lui demandait de le dire, lui avaient appris à pratiquer l'onanisme. Un tel aveu fut immédiatement porté à la connaissance de la commission venue enquêter au Temple pendant le procès de Marie-Antoinette qui se défendit avec acharnement contre cette terrible accusation portée contre elle alors que son fils, probablement écoeuré par l'ignoble interrogatoire qu'on lui avait subir, se mura dès lors dans un mutisme complet.

Le cordonnier Simon joua certes un rôle ambigu durant le temps où il fut chargé de s'occuper de l'enfant mais on peut imaginer qu'il chercha avant tout à préserver ses intérêts en obéissant aux ordres de la Commune. Obligé de choisir entre sa fonction et son mandat, il dut d'ailleurs démissionner et quitta le Temple le 19 janvier 1794, ce qui ne lui porta pas bonheur puisque, en retournant siéger à la Commune il joua une mauvaise carte en soutenant Robespierre, ce qui le conduisit à l'échafaud six mois plus tard. Dès lors, Louis, qui avait put parfois jouer aux quilles dans le jardin de la prison et au billard dans une salle de jeu sous la surveillance de Simon, fut enfermé dans l'ancienne chambre de son père et livré à la plus complète des solitudes dans une pénombre effrayante, sa nourriture lui étant livrée par une fente munie de barreaux.

Ce changement de régime eut un effet catastrophique sur l'état de santé, physique et mental, du dauphin devenu quasiment muet, qui restait souvent assis sur une chaise, le corps penché en avant, des heures durant en train de battre un jeu de cartes tout en se grattant les plaies purulentes qui s'étaient formées sur un genou, un poignet et un coude.

Il ne disait rien, pas même quand quelque rat aux yeux brillants s'approchait de lui pour grignoter le contenu de l'assiette que les gardes venaient de glisser dans cette chambre lugubre et se contenter de balayer faiblement l'air de la main lorsque l'animal osait crânement monter sur sa jambe pour lécher et mordiller sa plaie purulente.

Le corps rongé de vermine et dévoré par les puces et les punaises, l'enfant n'avait pas eu la force ni l'envie de se plaindre lorsque les gardes chargés de le surveiller l'abreuvaient de quolibets et d'insultes à travers un soupirail donnant sur sa chambre. Pas un seul d'entre eux ne se soucia de l'état inquiétant et lamentable dans lequel se trouvait le dauphin qui, vu son âge, ne méritait pas d'être traité comme le pire des criminels.

Au bout de plusieurs mois, une odeur insoutenable s'échappait de la chambre dans laquelle il était confiné. Un cuisinier du nom de Gagnié parvint un jour à se faire ouvrir la porte et, effaré, le vit accroupi l'air absent, les bas retroussés, une tumeur au genou et au bras, dans l'impossibilité de se redresser et ayant le cou rongé par la gale. Le cuisinier eut la chair de poule et faillit avoir la nausée en voyant cet enfant qui ressemblait à un mort-vivant et dont l'aspect fantomatique avait de quoi glacer le sang.

Cette détention insoutenable fut une tache indélébile pour les révolutionnaires qui utilisèrent là un procédé de torture inqualifiable vis à vis d'un enfant, fut-il le symbole de ce qu'ils haïssaient le plus. Il fallut attendre la chute de Robespierre le 9 thermidor et la visite de Barras le lendemain au Temple pour se rendre compte de la condition effrayante dans laquelle se trouvait le dauphin.

On envoya également le député Harmand le 13 février 1795 au Temple pour voir si l'état du petit roi s'améliorait. Ce dernier entra dans l'antichambre où se trouvait le poêle servant à chauffer la chambre voisine où se trouvait Louis XVII puis il se fit ouvrir la-dite chambre où il le vit, assis, le regard fixe devant une petite table en train de faire un château de cartes.

Le petit roi ne prêta pas attention au député et autres commissaires qui l'accompagnaient et continua à assembler ses cartes. Harmand essaya de lui parler mais il resta obstinément muet. Harmand le supplia de répondre mais il persista à l'ignorer. Cela faisait tellement de temps qu'il était resté à croupir seul dans cette chambre qu'il semblait se moquer éperdument de ce qui pouvait lui arriver. Harmand se senti envahir de honte et sembla désemparé. Il parvint à lui prendre la main et en prolongeant son mouvement constata la présence d'une tumeur au poignet et d'une autre au coude. Il lui demanda de lui toucher les jambes et l'enfant se leva sans mot dire. Hermand vit que l'enfant avait des grosseurs aux deux genoux et aussi qu'il était affreusement maigre. Sa tête était cependant belle quoique son visage fut très pâle.

Harmand lui demanda de marcher mais au bout de quelques pas, Louis XVII revint s'asseoir. Le député exigea poliment qu'il se remit debout mais, les coudes appuyés sur la table, l'enfant regarda fixement le plafond sans rien dire. Harmand et ses collègues se regardèrent en faisant la grimace en se rendant compte que l'enfant était un état déplorable.

On apporta alors son dîner, une écuelle de terre rouge contenant un potage noir avec dedans quelques lentilles et une assiette avec un petit morceau de bouilli noir, une autre remplie de lentilles et une troisième avec six châtaignes plutôt brûlées que rôties.

Harmand s'indigna en voyant la nourriture infâme qu'on servait à l'enfant et alla protester auprès des responsables de la tour tout en exigeant d'améliorer d'emblée son ordinaire. Il demanda de lui apporter du raisin que l'enfant mangea sans rien dire.

En partant, Harmand apprit que le petit roi était devenu volontairement muet depuis le jour où on lui avait fait signer l'odieuse déposition contre sa mère. Cela faisait donc 16 mois qu'il ne disait plus rien en ayant pris la résolution de ne plus entrer en contact avec des hommes qu'ils considérait tous comme les bourreaux de sa famille.

Le trouble gagna enfin les commissaires dont certains comprirent tardivement jusqu'où les avait menés la politique de terreur imposée par Robespierre. On avait déjà nettoyé la chambre, débarrassé l'enfant de ses vêtements souillés et empreints d'une odeur pestilentielle et on avait remplacé les gardiens par des personnes plus aptes à être des gardes-malade, notamment un dénommé Laurent, un « créole de la Martinique », mais Louis, trop faible, vivait déjà au seuil de la mort, brisé par tant d'épreuves épouvantables et dévoré par la tuberculose qui achevait de faire son œuvre.

Après la visite du député Harmand, il avait été décidé de remplacer le gardien Laurent par le dénommé Lasne, fils d'un ancien adjudant au Régiment de la Marche, qui avait lui-même eu dix années de service militaire avant la Révolution. Ce dernier fit tout son possible pour adoucir la détention de Louis XVII à partir du 31 mars 1795.

Il était cependant trop tard car en dépit des demandes réitérées de Lasne, les comités ne consentirent à envoyer un médecin voir l'enfant qu'au mois de mai suivant. Le docteur Dessault comprit d'emblée qu'il était trop tard pour sauver Louis XVII. L'enfant, sujet à des accès de fièvre, ne lui facilita pas les choses en refusant les potions qu'il lui prescrivait et que Lasne se résolut à prendre lui-même pour lui montrer qu'il se s'agissait pas de poison.

Le deuxième jour, Louis XVII daigna sortir de son si long silence et accepta de prendre sa potion et se laissa frictionner ses tumeurs avec de l'alcali. A la fin du mois du mai, ce fut Dessault qui tomba bizarrement malade et mourut brutalement le 1er juin au lendemain d'un dîner organisé par la Convention. Il fut remplacé par le docteur Pelletan, celui-là même qui devait emporter le cœur de l'enfant après son autopsie. Pelletan n'eut le temps de voir le petit prisonnier qu'à deux ou trois reprises en compagnie du docteur Dumangin et tous deux constatèrent avec effroi qu'il n'y avait plus rien à faire pour le soigner.

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