Une version du célèbre « Cri » du peintre
expressionniste norvégien Edvard Much a été
adjugée le 2 mai 2012 à New York pour 119,92 millions de dollars (91 millions
d'euros) pour devenir ainsi l'œuvre d'art la plus chère jamais vendue aux
enchères.
Organisée par Sotheby's dans une salle comble, la vente de ce pastel
réalisé en 1895 n'a duré à peine un quart d'heure en démarrant à 40 millions de
dollars avec des enchères grimpant parfois de plus de 10 millions de dollars à
la minute, lesquelles ont mis aux prises sept acheteurs qui ont fait fi de son
estimation haute de 80 millions de dollars.
L'œuvre représentant un homme criant, les mains sur les oreilles, sur
fond de ciel ensanglanté à Oslo était la seule des quatre versions du "Cri" encore en
mains privées. Alors qu'aucun détail n'a été donné sur son mystérieux acheteur,
le vendeur, l'homme d'affaires norvégien Petter Olsen, s'est
dit ravi
d'être devenu l'homme d'un tel
record.
Entre 1893 et 1910, Munch (1863-1944) avait réalisé quatre versions de ce
tableau devenu au fil des décennies le paradigme de l'angoisse universelle. Ce
pastel appartenait depuis soixante-dix ans à la famille Olsen, Petter Olsen
l'ayant hérité de son père Thomas, voisin, ami puis protecteur de Munch. Elle
avait la particularité de contenir, inscrit en lettres rouges sur son cadre de
bois clair, le poème ayant inspiré cette œuvre phare. Les trois autres versions
du tableau appartiennent au Musée Munch d'Oslo, qui en possède deux, et à la
Galerie nationale d'Oslo.
Jusqu'à cette vente new-yorkaise de tableaux impressionnistes et
modernes, huit œuvres avaient seulement dépassé la barre des 80 millions de
dollars aux enchères mais aucune n'avait atteint le seuil des 100 millions. Le
record mondial était jusqu'à présent détenu par un Picasso, "Nu au plateau de sculpteur", vendu pour 106,5 millions de dollars (avec
les frais) (81 millions d'euros) en mai 2010 chez Christie's à New York.
Sotheby's
a indiqué que cette version pastel du "Cri" était la plus colorée et
la plus vibrante des quatre, et la seule dont le cadre a été peint par
l'artiste pour incorporer son poème, expliquant l'inspiration de l'oeuvre.
Dans ce
poème, Munch a déclaré "frissonnant l'anxiété" et expliqué avoir
ressenti "le grand cri de la nature".