Le Centre Pompidou de Metz présente jusqu'au 24 septembre 2012 une exposition consacrée à l'art de 1917 à travers six cents oeuvres pour souligner à quel point cette année là fut marquée par des bouleversements, tant politiques qu'artistiques tandis que l'Europe était à feu et à sang.
Ainsi, quoiqu'on pense, la guerre a eu une influence considérable sur la création artistique née de l'interrogation de nombreux peintres vis-à-vis de ce conflit meurtrie,r les uns forçant le trait dans le domaine de l'expressionnisme, les autres épurant les formes au niveau du Cubisme alors que le dadaïsme et le surréalisme venaient d'émerger.
Tandis que les tranchées furent le théâtre d'affreuses boucheries et que les Américains entrèrent à leur tour en guerre, Duchamp exposa à New York son fameux urinoir inversé, les Dadaïstes contestèrent l'art officiel via leurs manifestations à Zurich et à l'aube de la révolution russe, Malévitch peignit son Carré blanc sur fond blanc pour revoir à sa manière les fondements de l'art.
A tout juste 200 kilomètres du front, Paris entama sa période des années folles comme pour faire un pied de nez à la guerre et Montparnasse devint le centre de création d'un art décomplexé alors que des milliers de soldats s'étripaient sur la Somme ou à Verdun. Certains artistes ignorèrent la guerre comme Foujita ou Modigliani qui s'évertua à peindre des nus avec insouciance, ou encore de Chirico ou les Cubistes, l'un se concentrant sur des paysages architecturaux dominés par une atmosphère métaphysique et les autres s'évertuant à décliner des formes transformées sur la toile, à croire que le conflit les dépassait.
Il y eut néanmoins des artistes qui n'ignorèrent pas la réalité de la guerre mais hormis celles d'Otto Dix et de Ernst Ludwig Kircher leurs oeuvres ont été loin de la traduire pour être malheureusement mièvres. De leur côté, les Dadaïstes se servirent du prétexte de l'énormité du conflit et de ses destructions pour dénoncer l'art en cherchant à le faire renaître de ses cendres par la dérision.
Il y eut une sorte de fatalisme chez les soldats confrontés sans cesse à la mort en partant à l'assaut sous la mitraille pour gagner quelques mètres pour ensuite se terrer dans un trou avant de repartir au combat quelques heures après. De son côté, Duchamp avait fatalement compris que l'art était appelé à changer radicalement sous l'effet de la révolution industrielle engendrée par la guerre et qu'un urinoir pouvait supplanter une oeuvre d'art telle qu'elle pouvait être conçue avant 1914 sans compter que les Cubistes, les Expressionnistes et Les Futuristes venaient déjà de semer les germes d'une révolution artistique qui ne demandait qu'à éclore.
La destructuration de la figure humaine avait pris forme dès 1907 pour prendre le pas sur l'Impressionnisme et l'art classique considérés comme menant à une impasse pour nombre d'artistes désireux d'explorer d'autres voies artistiques mais il y eut néanmoins des visionnaires comme Ludwig Meidner pour prédire avec une rare acuité l'apocalypse qui allait survenir. Souvent absente de leurs préoccupations, mais profondément présente dans leur subconscient, la guerre les conduisit à chercher radicalement de nouvelles formulations, telles que le Surréalisme et l'Abstraction qui bouleversèrent brutalement les fondements de l'art.
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