Artcult avait vu juste l'an dernier en prédisant une baisse de 10% des ventes aux enchères en France pour 2012 puisque le produit de celles-ci a recule de près de 11% selon les résultats publiés le 26 décembre 2012.
Christie's a conforté sa place de leader avec un produit total de 193,5 millions d'euros (frais inclus) avec cependant une baisse de 2,8 % par rapport à 2011 après avoir totalisé 26 millions d'euros pour ses ventes d'art asiatique dont 18,44 millions rien que pour celle du 19 décembre alors que Sotheby's a cumulé 182 millions d'euros en enregistrant pour sa part une baisse de 4,2 % pour sauver son année grâce à ses ventes d'art impressionniste et moderne et d'art contemporain qui ont totalisé respectivement 45 millions et 41 millions d'euros.
A la lumière de ces résultats, on s'est rendu compte que le marché tenait encore le coup surtout par l'intermédiaire des acheteurs asiatiques qui se sont montrés toujours aussi disposés à faire exploser les estimations dans les ventes pour s'octroyer globalement près de 13% de parts de celui-ci. Il n'en reste pas moins que les oeuvres exceptionnelles proposées dans les vacations sont devenues plus rares et que les acheteurs ont fait preuve d'une prudence accrue dans un contexte économique difficile.
Artcurial a été une des rares maisons à progresser en enregistrant une progression de 13,5% pour consolider sa troisième place avec un produit total de 144,3 millions d'euros bien que ses ventes d'art contemporain aient chuté de près de 39% sur une année pour n'atteindre que 20 millions d'euros, un score décevant dû à un manque d'oeuvres importantes dans ses vacations.
Regroupant 74 maisons de ventes aux enchères, l'Hôtel Drouot a connu de son côté une année compliquée en enregistrant une baisse de 10,8 % du produit de ses ventes en 2012 pour ne cumuler que 430 millions d'euros par rapport aux 482 millions d'euros totalisés en 2011.
Drouot n'aura ainsi eu que la maigre satisfaction d'enregistrer la deuxième meilleure enchère de l'année en France avec les 7,8 millions d euros obtenus pour un album impérial de la dynastie Qing grâce encore à l'appétit encore vorace des acheteurs chinois.
Le recul de 2012 s'explique d'une part du fait de la crise économique qui affecte l'Europe et les Etats-Unis et d'autre part d'un tassement du nombre des pièces exceptionnelles proposées dans les ventes, les seules qui soient susceptibles de soutenir l'activité du marché alors que les oeuvres de moyenne qualité sont de plus en plus boudées. A cela, il convient d'ajouter le changement radical des goûts de la génération des 30-40 ans plus portée vers le Design que vers l'art alors que la population des collectionneurs n'a pas cessé de se réduite. Autre constat: près de 70% des acheteurs sont des étrangers, ce qui démontre que les Français ont énormément perdu de leur pouvoir d'achat.
Confrontée à la crise économique, l'année 2013 s'annonce compliquée pour le marché qui risquera d'enregistrer un nouveau recul de 10% pour la simple raison que les choses ne seront pas susceptibles de bouger dans le bon sens. A titre indicatif, les ventes de décembre 2012 n'ont guère été soutenues, ce qui a semblé signifier que le premier trimestre sera plutôt morose alors que les maisons de vente devront plus que jamais chercher les moyens de dénicher d'importantes collections à vendre. Autant dire que la tâche qui les attend sera des plus rudes.
Adrian Darmon